Décidément rien ne va plus pour la majorité. Été pourri et université du même acabit. Le navire UMP prend l’eau, l’équipage regimbe et les officiers se chamaillent. Le capitaine lui ne sort plus de sa cabine. Ce n’est pas encore le radeau de La Méduse mais ça en prend le chemin. Conscient de la situation le second François Fillon affiche sa fermeté : “Les petites phrases, les états d’âme, la majorité a le devoir de s’en dispenser“. Las, son autorité ne dépasse pas celle d’un enseignant face à une classe turbulente de banlieue.
Autant dire que ce n’était pas la folle ambiance pour le Conseil des ministres de rentrée. Proches de la sortie, une poignée de ministres se découvre des états d’âme quand les autres pensent assurer leur avenir par de la surenchère. Les coups de machette de Fadéla Amara, Hervé Morin et Bernard Kouchner dans la sacro-sainte règle selon laquelle un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne confirment le pourrissement de la situation.
La page Sarkozy est encore loin d’être tournée que lorgnant déjà sur sa succession Xavier Bertrand et Jean-François Copé s’affrontent ouvertement dans un ping pong de propos aigres-doux qui en dit long sur leurs sentiment respectifs. En 2009, lorsque Nicolas Sarkozy avait nommé Xavier Bertrand secrétaire général de l’UMP, Copé lui avait conseillé de «garder un double des clefs » de la maison UMP. La réplique est aussi un plat qui se mange froid, servie un an et demi plus tard par Dominique Paillé : «Si Copé prend le parti, il n’y aura pas besoin de lui demander le double des clefs. Il faudra changer la serrure.»
En termes à peine voilés le patron des députés UMP reproche à Xavier Bertrand ses rondeurs, son incapacité à «créer une dynamique», et plaide pour un parti «plus pugnace et plus déterminé». Dénonçant avec un malin plaisir le manque d’ambitions des universités d’été de l’UMP, Jean-François Copé promet à l’inverse de rattraper le coup par des journées parlementaires à Biarritz les 23 et 24 septembre qu’il annonce comme devant être un moment politiquement très fort.
Avec une très haute estime de sa personne dont il ne cherche pas à se défaire, le député-maire de Meaux dans un billard à plusieurs bandes, s’est même permis de faire la leçon au Premier ministre pour sa prise de distance très relative avec le chef de l’État sur la question sécuritaire.
«Personnellement, je pense que la lutte contre la délinquance est une priorité absolue. Ce qui s’était passé (dans le Cher) ces dernières semaines est extrêmement grave et commande une réaction forte, c’est ce qu’attendaient les Français» a déclaré Jean-François Copé sur Europe-1.
Le vrai duel serait celui-là : le choc Copé-Fillon. Deux personnalités aux antipodes qui partageraient l’ojectif 2017. C’est en tout cas que qu’affirme Le Monde, convaincu que Xavier Bertrand est hors-jeu.
Sans état d’âme Copé revendique son appartenance à la ligne dure de l’UMP, persuadé que c’est celle qui le mènera vers les plus hautes responsabilités.
Et le président ? S’interroge Le Figaro. la réponse est dans Le Monde qui rapporte les propos de Brice Hortefeux selon lesquels «Tout cela amuse beaucoup le président».
Amusé et droit dans ses bottes, Nicolas Sarkozy a réaffirmé mardi sa détermination à poursuivre dans les mesures sécuritaires et notamment les déchéances de nationalité. Le conseil des ministres de ce mercredi aura été l’occasion de recadrer les membres du gouvernement, le temps d’attendre ce remaniement trop tôt annoncé.
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