Ce petit texte est d'abord une réponse à un commentaire reçu sur mon dernier message. Toutefois, comme la réponse est générale et touche un problème de fond, j'ai décidé d'en faire un billet (Annie, j'espère que tu me pardonneras !).
On parle en effet beaucoup des OGM, et ceux-ci font effectivement peur, comme c'est le cas la plupart du temps devant les choses nouvelles. Pourtant, dans ce cas, je pense que les craintes sont justifiées, car il ne s'agit pas seulement d'une innovation technologique, mais d'une modification profonde de nos modes de vie et de consommation, et surtout d'une tentative de marchandisation du vivant.
Il ne s'agit pas seulement de l'agriculture bio. On peut très bien ne pas manger bio sans souhaiter avoir d'OGM dans son assiette. L'agriculture biologique est d'abord une agriculture qui vit en symbiose avec la nature et utilise donc au minimum les pesticides. Avec les OGM, nous entrons dans une autre dimension, puisqu'il s'agit de modifier directement les plantes. A titre d'exemple, nous sommes aujourd'hui capable de produire des plantes qui produisent elles-mêmes leurs propres pesticides, que nous ingérons directement ensuite, évidemment, avec toutes les conséquences sanitaires que cela peut avoir. Certes, il est vrai qu'à l'heure actuelle la dangerosité des produits OGM n'est pas démontrée, mais le contraire non plus. Comment imaginer alors dans une société où on se méfie de tout, où la sécurité est dans toutes les têtes, où l'on fait des lois pour se protéger de tout, qu'on ne ferait pas marcher le sacro-saint principe de précaution pour quelque chose qui nous concerne tous, notre alimentation ?
Une autre idée reçue est que les OGM sont un bon moyen pour produire plus et faire face à la faim dans le monde. L'idée est attirante et plausible, mais elle est fausse. Tout d'abord parce qu'à l'échelle de la planète nous produisons déjà suffisamment
pour nourrir tout le monde, le problème étant la question de la répartition de cette production. Ensuite, les expériences de productions OGM dans certains pays d'Afrique, au lieu de contribuer à l'autonomie alimentaire de ces pays, renforcent leur dépendance, parce que des firmes multinationales en profitent pour contrôler la souveraineté alimentaire des états, et ensuite parce que les plantes OGM produisent des dégâts considérables sur les éco-systèmes que nous ne sommes pas encore capable de mesurer. (Quelques exemples : rue89, les mots ont un sens, horizons-et-debats).
Quand je parle de dépendance pour les pays pauvres, il faut savoir que dans la plupart des cas, les semences proviennent d'une partie de la production de l'année précédente. Autrement dit elles ne coûtent rien. Or, les semences OGM, sont toutes produites dans les pays occidentaux, et si elles permettent un meilleur rendement, on ne peut pas les sélectionner, et il faut obligatoirement l'année suivante, racheter de nouvelles semences. Autrement dit, les multinationales de l'agro-alimentaire sont en train d'organiser la mise sous tutelle alimentaire de toute l'Afrique et de tous les pays pauvres.
Car enfin, et il faut bien dire qu'il est là le vrai problème : la mainmise de grandes firmes sur tout ce qui concerne le vivant. Aujourd'hui, chaque plante découverte ou modifiée fait l'objet d'un brevet, ce qui veut dire que toute personne qui voudra ensuite utiliser la plante en question sera redevable envers la firme. Allons-nous laisser notre alimentation aux mains de quelques groupes, qui sous prétexte d'aider les pays pauvres et de nourrir la planète, jouent aux apprentis sorciers et s'en mettent plein les poches ? Il suffit de voir les conséquences des pesticides produits par ces mêmes firmes sur les abeilles pour comprendre que le bonheur de l'humanité n'est pas leur but.
sur le sujet :
le site combat-monsanto, comme son nom l'indique, combat la célèbre firme américaine.
sur le web :
pensee libre relaie l'appel pour la manifestation du 4 septembre contre la politique sécuritaire du gouvernement, le tout précédé d'un beau texte. jef lui aussi relaie l'appel.
mon mulhouse ne lâche toujours rien, et c'est tant mieux !
du bleu dans mes nuages/ a croisé des gens heureux, ce qui nous donne de belles photos.
Et encore et toujours, la revue de web de bloguer ou ne pas bloguer