Submarino

Publié le 01 septembre 2010 par Mg

De la part de Thomas Vinterberg, petit génie du cinéma, on s’attend à tout. Le jeune artiste fougueux, lanceur de mode (le dogme, c’est lui, avec d’autres), s’est évidemment mué en une quinzaine d’années en cinéaste affirmé. Et confirmeras que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures recettes : revenu depuis deux films dans son Danemark natal, le voilà sortant un film sombre mais lumineux, chaotique mais maîtrisé, triste mais plein d’espoirs.

Submarino, on l’apprend dans la documentation, c’est une technique de torture consistant à noyer la victime pour mieux la faire avouer. Vinterberg utilise ce mot comme une métaphore des banlieues modernes, plongées dans les méandres d’une sombre réalité économique où chacun tente de se débattre pour mieux exister, avant de fatalement se noyer dans la grande masse des désespérés.

A Copenhague, on fait la connaissance de deux frères que la vie a éloigné. L’un est un ex-taulard, alcoolique par désespoir mais pas vraiment malade, plutôt amoureux transi d’une jeune femme qui a refait sa vie. L’autre est un père modèle et aimant, drogué notoire, la piqure dans un bras, la revente de l’autre, qui se débat dans la réalité d’une éducation à faire, dans le souvenir d’une mère disparue. Vinterberg calque les deux histoires dans un parallèle cinglant de beauté, d’un blanc pur pour une histoire sombre. Lumineux et sobre, le film contraste avec la réalité amère et hostile de la ville. Les personnages, balancés dans une existence où ils n’arrivent pas à exprimer leurs sentiments, sont contraints de s’enfoncer pour mieux retrouver la lumière.

Submarino est sans concession. Adapté du roman homonyme, le film suit les deux frères sur les quelques années suivants le décès d’une mère alcoolique et absente. Rattrapés dès leur plus jeune âge par un triste constat d’impuissance (la mort du troisième frère), la vie ne leur fera aucun cadeau, comme si le destin n’avait pas voulu leur bonheur. Mais dans une communion tardive, chaque élément va se mettre en place pour ouvrir dans cette chute sans fin une dernière image pleine de positivisme et d’espoir. Dans ce grand environnement froid (dans les décors comme pour l’image), Vinterberg signe là une bande impeccable où la résonance des sentiments dans ce grand cadre clair prend toute sa puissance. Voilà donc une magnifique histoire de famille, d’êtres humains et d’espoirs.