A propos de Le bruit des glaçons de Bertrand Blier 3 out of 5 stars
En Province, un type en costume gris et cravate rouge (Albert Dupontel) débarque chez un écrivain (Jean Dujardin) en pleine crise existentielle, en se présentant comme son propre cancer. Abasourdi, l’écrivain rejette d’abord violemment son cancer (en réalité une tumeur au cerveau) puis commence à comprendre que sa fin est aussi proche qu’inéluctable…
Le bruit des glaçons est un film au scénario aussi absurde que rocambolesque, qui oscille entre cynisme et farce grotesque, humour grinçant et gravité. A contre emploi, Jean Dujardin s’en tire plutôt pas mal dans le rôle d’un ancien prix Goncourt narcissique, écrivain « bobo » brisé par sa rupture avec sa femme et qui du coup s’adonne aux plaisirs du vin et de la chair avec une jeune Russe. Sans se soucier d’écrire surtout.
En double diabolique de l’écrivain et bouffon habitué des gesticulations, Dupontel est bon, qui forme avec Dujardin un duo qui s’entend à merveille. Les dialogues sont bien ciselés, l’humour cynique fait mouche… Mais où Blier nous mène-t-il ?
Le bruit des glaçons fait froidement le constat qu’entre la vie et la mort, le passage est éclair et la frontière étroite. Bientôt le cancer (Myriam Boyer) de la vieille gouvernante amoureuse de l’écrivain va s’inviter à la table. C’est le portrait d’un écrivain lucide, arrivé au seuil de la vie mais qui « ne regrette rien ». Un alcoolique cynique et « égoïste », seul et désabusé qui dit « s’en foutre de lutter » pour vivre mais qui, un peu comme Boris Vian, ne voudrait pas crever non plus. Malgré une bonne idée de départ et une première demi-heure en fanfare où nos deux compères s’en donnent à cœur joie, le film tourne un peu en rond. Derrière les remarques amères de l’écrivain déchu, on sent la plume acerbe mais un brin « réac » de Blier, qui a aussi écrit le scénario.
Dommage que la farce n’aille pas plus loin dans le délire et l’excentricité. Ce sont les péripéties qui manquent, les rebondissements et les noeuds dans le scénario. Le film est un peu répétitif. Le passage où le fils de l’écrivain, âgé de 16 ans, couche avec la vieille gouvernante dont est aussi tombé amoureux son père, verse par exemple dans une provocation un peu inutile et déplacée. Déception qu’accentue une chute, comment dire ?… bateau.
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