Magazine Moyen Orient
Il était une fois un petit quartier, baptisé du nom de "Mamilla".
Situé à l'extérieur de la vieille ville de Jérusalem, à deux pas de la porte de Jaffa, il avait accueilli, à la fin du 19ème siècle, les commerçants qui n'avaient pu trouver boutique dans les murs de la vieille ville et qui s'étaient ainsi installés dans ce quartier le faisant prospérer et devenir un des quartier d'affaires les plus importants de Jérusalem.
(La Mamilla - 1920)
La guerre de 1948 ne va pas épargner ce bel endroit qui deviendra un quartier fantôme vidé de ses habitants. La guerre des 6 jours ne fera qu'accentuer le déclin de ce quartier déjà malmené et abimé. Les maisons laissées à l'abandon vont considérablement se détériorer, voire tomber en ruines et seront investies par de nouveaux immigrants kurdes qui se serviront de ce lieu pour s'y abriter et y vivront dans des conditions d'insalubrité extrêmes.
Le projet de rénovation de ce quartier commence dans les années 1970. Le Maire de Jérusalem fait appel à Moshé Safdie, architecte de renom. Celui ci présente des plans jugés très intéressants mais trop "avant gardistes" pour une ville comme Jérusalem. Safdi revoit donc sa copie et propose une nouvelle mouture plus simple et plus appropriée à l'endroit. Ce projet recevra l'agrément du conseil municipal et notamment de David Kroyanker chargé de l'urbanisme à la Mairie et se base sur un axe qui relie la vieille ville aux nouveaux quartiers (partie occidentale de Jérusalem).
La réhabilitation du quartier s'avère difficile. Il faut détruire pour reconstruire. Beaucoup de familles juives sépharades sont expulsées et relogées ailleurs. Le programme de réhabilitation avance doucement et la première partie du quartier mettra 16 ans pour voir le jour. Mais d'autres problèmes surgissent, les religieux sont opposés à tout ce qui est détente et divertissement si près de la vieille ville.
Malgré tous les obstacles, Mamilla est réhabilitée, Mamilla se reconstruit, le but étant de conserver les sites historiques existants. Les pierres d'anciens bâtiments sont récupérées, numérotées et conservées afin d'être replacées dans le nouveau complexe. Ainsi, la maison Stern au n° 18 de la rue Mamilla qui a été occupée par Théodore Herzl lors d'un voyage à Jérusalem, se retrouve entièrement réhabilitée et retrouve son emplacement originel.
Mamilla renaît de ses cendres et retrouve sa vocation première, être un quartier commerçant et prospère, comme à ses débuts. Le mariage de "l'ancien" et du "nouveau" donne un ensemble architectural très réussi et on peut vraiment affirmer, sans se tromper, que l'endroit est magnifique.
En mai 2007, la première partie du centre commercial est ouverte. Le centre Alrov accueille toutes les grandes enseignes, boutiques de luxe, marques étrangères, chaînes Israéliennes etc.....
Mais Mamilla ne se contente pas seulement de boutiques, ce quartier abrite aussi des expositions d'artistes et des animations culturelles, sans oublier les cafés et restaurants qui accueillent le touriste harassé. Qu'il est bon alors de se désaltérer sur une des terrasses et de contempler au loin le quartier du Montéfiore avec son moulin qui déploie ses ailes vers le ciel.
Pari réussi. Mamilla fait partie aujourd'hui des incontournables de Jérusalem. Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur l'histoire et la réhabilitation de ce quartier, David Kroyanker qui était alors chargé de l'architecture et de l'urbanisme à la mairie de Jérusalem a édité un ouvrage qui retrace les années de la Mamilla, de sa gloire à sa déchéance jusqu'à sa renaissance. (Mamilla: Prosperity, Decay and Renewal - the Alrov Mamilla Quarter, by David Kroyanker, Keter pub. 2009)