Voici un nouveau texte de Joe Bageant. Il faut que les choses soient claires, Joe Bageant est un « radical » étasunien, il parle du fond de l'Amérique profonde et nous fait entendre autre chose que les folies de Sarah Palin ou le politiquement correct de l'Obamia qui est en baisse aux Etats-Unis mais continue à être au zénith dans nos médias. Il parle d'un monde de prolos qui sont eu jusqu'au trognon et qui continuent à se faire avoir, il dénonce Wall Street, la Guerre en Afghanistan et ailleurs, le soutien à Israël et la grande peur du socialisme. Quand je lis ce qu'il dit de l'alternance républicain-démocrate, je pense à DSK et je me demande si « la marge de primo-votants, de désenchantés et d'indécis renvoyée d'un bord à l'autre devenue le tout des élections américaines » pardon françaises vont faire la fortune de ce type là en croyant réellement qu'il y aura un changement. Je soupçonne même certaines vertueuses indignation morales, quelques directions syndicales également de tout mener pour nous faire gober ce changement là... Après un tour de piste de quelques outsiders au premier tour dont l'unique fonction est de nuire à ce qui est son camp ou au contraire à l'aider à ratisser large... Donc l'Amérique que décrit Joe Bageant ressemble à la France même si continuons à croire à notre « particularisme » et il est bon de mesurer vers quoi on va si nous n'y sommes pas déjà... Mais je ne partage pas à 100% en particulier sa vision de la Chine et même ses certitudes sur la Corée du Nord, dont j'ignore tout... et d'autres boutades du même tonneau...mais cela est vrai y compris sur les articles théoriques avec lesquels pourtant ce blog ouvre le dialogue... L'essentiel est de provoquer les interrogations sur ce qui nous paraît « évident » ou « normal », je suis d'une moralité douteuse, je doute de la morale au nom de laquelle on m'invite à reproduire ce qui est admis dans ce système totalement immoral. note de Danielle Bleitrach
Hé, regardez ça ! Une invitation de mes camarades rosbifs à récapituler la première année de mandat de Barack Obama1. Et bien camarades, je peux le faire de deux façons. Je peux simplement déclarer que le grand espoir café-au-lait s'est avéré être un cheval de Troie pour Wall Street et le Pentagone. Ou je peux faire provision pour la nuit d'un stock de tequila, de citrons verts et de joints, et gerber toute la misérable histoire comme un vers solitaire congolais de quelques cinq mille mots, purgé à la tequila. C'est ce que j'ai choisi de faire.
Comme vous le savez peut-être, la côte de popularité d'Obama est en train de se casser la gueule. Des millions d'ex-membres de son culte se sont réveillés avec une gueule de bois carabinée pour trouver leurs poches retournées et des avis d'expulsion à la porte de leur baisodrome en carton de quatre cent mètres carrés à crédit hypothécaire. Nombre de ceux qui ont voté pour Obama par dégoût du régime Bush écoutent maintenant à nouveau les républicains sur leur autoradio tandis qu'ils roulent à la recherche d'un endroit adéquat pour cacher leur véhicule à l'huissier. Ne prenez pas cela pour un soutien au GOP (2). C'est juste le ping-pong standard de la déception et du dégoût qui vient après que la lune de miel est finie avec n'importe quel gouvernement. La plupart des affiliations partisanes des Américains sont les mêmes que lorsque Bush a été élu. Après tout, Obama n'a pas été élu sur une victoire le moins du monde écrasante ; il a obtenu cinquante et un pour cent des votes.
En ce moment sa côte de popularité est dans les quarante pour cent et se dirigerait vers le bas du classement sans l'effet résiduel du festival d'amour au Kool-Aid (3), il y a un an. Cependant, des millions de libéraux(4) américains demeurent fidèles, et croient qu'Obama va se relever d'entre les morts dans la troisième année et s'élever vers la gloire. Vous les trouverez au Huffington Post(5).
Ce jeu de ping-pong frustrant dans lequel la marge de primo-votants, de désenchantés et d'indécis est renvoyée d'un bord à l'autre est devenue le tout des élections américaines. Cela rend les partis républicain et démocrate tous deux très heureux, puisque cela réduit le jeu à la lutte contre l'ennemi qu'ils connaissent, l'autre, au lieu d'être forcés de faire face aux vraies questions, ou pire encore, à un candidat indépendant ou un troisième parti qui pourraient avoir une solution ou deux.
Par conséquent, le jeu est limité à deux joueurs entre deux partis affairistes. L'un est le Parti républicain, qui croit que nous devrions remettre nos vies et nos ressources directement à la chambre de commerce locale, afin que la chambre puisse les livrer aux grandes sociétés. L'autre, le Parti démocrate, croit que nous devrions remettre nos vies et nos ressources à une administration démocrate - afin qu'elle puisse livrer seule notre cul aux gros chiens. Dans les grandes lignes, c'est toujours à qui livrera l'argent à la meute de hyènes de Wall Street.
Les Américains commencent peut-être à saisir les grandes lignes de la politique, de l'argent et du pouvoir affairiste. Mais j'en doute. Étant donné que la plupart croient encore que la guerre contre le terrorisme est réelle, et que les terroristes se trouvent toujours par hasard près des réserves de gaz et de pétrole, il reste plein de possibilités de leur souffler de la fumée dans le cul. Particulièrement en considérant comme nous sommes conditionnés à partir dans des accès de patriotisme à la vue du drapeau, d'un aigle, ou à la mention de nos héros, même si les héros se trouvent en train de tuer et de mutiler des bébés musulmans en ce moment. Le patriotisme est une cataracte qui nous rend tous aveugles à nos contradictions nationales.
Une grande partie du reste du monde semble atteinte par une cataracte similaire qui l'empêche de remarquer le gouffre de contradiction entre les dires d'Obama et ce qu'il fait réellement. Le comité Nobel a remis le prix Nobel de la paix à la personne même qui a jeté le plus de bombes et tué le plus de pauvres gens sur la planète durant cette année (6). Le même type qui a entamé une nouvelle guerre au Pakistan, renforcé la guerre en cours en Afghanistan, et continue de menacer d'attaquer l'Iran à moins que l'Iran n'admette les accusations israëlo-américaines bidons d'avoir des installations secrètes d'armement nucléaire. C'est reparti pour les armes de destruction massive(7). Quelque part dans tout ce fracas on a oublié que l'Iran réclame une zone dénucléarisée dans le Moyen-Orient depuis 1974. L'Iran a aussi été fidèle à sa position que le pétrole est un matériaux noble, bien trop précieux pour le brûler en électricité, et que l'énergie nucléaire a bien plus de sens, étant donné que notre approvisionnement alimentaire est, que cela nous plaise ou non, fondamentalement dépendant de la pétrochimie et demeurera ainsi jusqu'à ce que la population de la Terre soit réduite à au moins la moitié de ce qu'elle est maintenant. L'attitude iranienne est d'utiliser les réserves de pétrole en train de s'amenuiser aussi judicieusement que possible.
À quoi le pétrolier George Bush a répondu qu'il y aurait des conséquences pour l'attitude de l'Iran. Obama a renforcé le sentiment de Bush, en déclarant que non seulement il y aura des conséquences, mais qu'une frappe militaire sur l'Iran n'est pas hors de question. Bien que les armes nucléaires soient en opposition directe avec la foi musulmane, soixante et onze millions d'Iraniens ont dû frissonner et se dire : Peut-être qu'une bombe iranienne n'est pas une si mauvaise idée après tout.
Sous couvert d'être le premier président noir, Obama s'apprête à améliorer l'un des records de l'administration Bush. Il s'agit de causer un enfer dépoitraillé à quiconque est deux tons plus foncé qu'un sac en papier, particulièrement s'il porte des sandales (Obama lui-même n'étant qu'un ton plus foncé que le sac et porté sur les Cole Haan(8) pointure quarante-quatre). Jusqu'ici, deux millions de Pakistanais ont été, selon le jargon du département d'État américain, déplacés par les bombardements et les tirs soutenus par les États-Unis - qui font sûrement se déplacer un gars si quelque chose le peut. Une portion significative d'entre eux vit dans des familles d'accueil. Traduction : entassés dans des maisons bondées à dix par pièce, anéantissant les réserves de nourriture et d'eau, fracassant une infrastructure sanitaire déjà fragile, et servant de boîte de Petri géante pour les maladies intestinales et respiratoires. Bien plus vivent encore dans la zone de conflit. Ça sonne comme vivre à la porte à côté d'une querelle domestique du voisinage, n'est-ce pas ? Dieu seul sait combien de gens innocents seront encore tués dans la zone de conflit de la guerre de nécessité d'Obama. Vous savez, la bonne guerre. La guerre qui est censée contrebalancer la mauvaise et interminable en Irak, où nous continuons l'occupation et la construction de davantage de bases.
Afghanistan : prends l'opium et tire-toi
Et puis il y a les nobles efforts d'Obama pour combattre le terrorisme en renforçant le déploiement des troupes en Afghanistan. Le déploiement peut être interprété comme signifiant un gang bang (9) armé de style américain, dans lequel tout le monde se jette de toutes ses forces sur quelques hameaux misérables bouffés par les puces, avec des pauses périodiques pour la pizza et les jeux vidéos.
Maintenant, si vous regardez le déploiement des forces américaines en Afghanistan, comparé aux forces des pays de l'OTAN là-bas, vous les trouverez sur une jolie ligne droite le long de ce qu'on pourrait aisément prendre pour une route de pipeline pétrolier. Un pipeline qui s'alimente aux réserves de gaz naturel en Ouzbékistan et au Turkménistan et, par la plus pure coïncidence, se trouve juste contourner la Russie et l'Iran voisins. Mais nous savons tous qu'il s'agit de combattre le terrorisme là-bas, pour que nous n'ayons pas à le combattre ici ! Ça joue toujours à Peoria (10), alors on s'en tient à ça.
En ce moment, le coût direct des guerres américaines en Irak et en Afghanistan est de neuf cent milliards de dollars. L'intérêt résultant sur la dette, plus le gaspillage de ressources productives dans la guerre, portent le coût à trois mille milliards de dollars (d'après le Nobel d'économie Joseph Stiglitz). En comparaison, la totalité du budget gouvernemental pour l'éducation primaire et secondaire en 2009 est légèrement au dessus de huit cent milliards de dollars. Ou, pour voir cela autrement, à quel point trois mille milliards de dollars nous rapprocheraient de l'indépendance énergétique ? Comme le souligne Linda Bilmes, expert monétaire à Harvard, il n'y a aucun bénéfice quel qu'il soit pour n'importe quel Américain dont le revenu ne provient pas du complexe militaro-sécuritaire. J'ai envoyé un courriel à Obama soulignant cela, en suggérant qu'on se retire d'Afghanistan, qu'on prenne l'opium et qu'on se tire. J'ai reçu une gentille réponse disant que mon président est reconnaissant de ma contribution. Et voilà.
Dernièrement il y a eu un esclandre à propos de notre petite boite à gifle dans la baie de Guantanamo, à Cuba. Malgré les promesses d'Obama de la fermer, Cigarland est toujours ouverte pour affaires. La rumeur dit que Cigarland pourrait être déménagée dans une prison de sécurité maximum sous-utilisée (on pourrait penser que la rareté des criminels dans une prison de sécurité maximum est une bonne nouvelle, mais qu'est-ce que j'en sais ?) dans la commune désespérément fauchée de Thompson, dans l'Illinois. Les locaux, là-bas, disent à la presse nationale : Bien sûr, mettez-les dans notre arrière-cour. Pas de problème. Ou : Cette ville est dans l'industrie carcérale. Les prisons, c'est nous. Ou plus brutalement : On sait comment s'y prendre avec ces cafards, et on a besoin des emplois.
C'est le genre de création d'emploi que Staline aurait compris.
Le bonheur est une tente chaude
Mais au moins la récession est finie. Cela d'après l'éclaireur monétaire d'Obama, Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale. Pour les lecteurs britanniques pas familiers avec le système américain, la Réserve fédérale n'est pas une agence gouvernementale, malgré son nom. La Fed est un cartel bancaire délocalisé qui décide seulement quelle quantité de monnaie factice peut être imprimée et mise en circulation avec profit pour les banquiers sans ruiner leurs chaînes de Ponzi(11). Et le président de cet auguste organisme a annoncé que la récession est finie. Et bien alléluia ! Nous pouvons cesser de rouler nos propres tiges et en acheter des toutes faites, et courir avec insouciance à travers le Magasin Dollar en raflant des conserves cabossées et des chaussettes tubes chinoises à pas cher.
Cela nous rend plus chanceux que les trois millions et demi d'Américains, dont la plupart menaient une vie normale il y a quelques années, qui sont à présent sans domicile. Cela inclut un million d'écoliers dormant dans des tentes, des abris et autres rafistolages, et essayant d'avoir l'air présentable chaque matin dans des établissements qui n'ont même pas la compassion de les laisser utiliser les douches de l'école. Selon les propres calculs de l'administration, le nombre de sans-domicile et de gens sans travail va continuer de grimper au moins jusqu'à l'année prochaine. Les saisies de logement, et par conséquent les pertes de domicile, ne sont pas encore au plus haut a dit Obama.
Mais Bernanke a annoncé que la récession est finie. Et voilà. Une nation reconnaissante pousse un soupir de soulagement. Et par ailleurs, il a raison de dire que c'est fini. La récession est finie pour les membres les plus importants d'une société capitaliste, les oligarques et les banqsters (12), qui ont tiré des fortunes de cette récession, grâce à notre système économique unique, et peuvent retourner à leur usure de la variété commune.
Les systèmes économiques sont seulement des systèmes de croyance. Ce n'est pas moi qui le dit. C'est Keynes(13). Par exemple, si les anciens Assyriens croyaient qu'un shekel valait une jarre de blé, alors il valait une jarre de blé. Le capitalisme dans le style américain a fini par étendre la croyance jusqu'au limites absolues de la fantaisie, jusqu'au point de rupture, en ce qui concerne la crédulité générale. Personne à l'étranger ne croit encore que le dollar vaut d'être plié et collé dans un porte-monnaie, et certainement pas d'être échangé pour un bon vieux shekel. Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse de shekels, de dollars ou d'euros, il n'y a pas de système économique du tout s'il n'y a pas de production. Et il n'y a pas de production s'il n'y a pas de boulot. D'où l'obsession des taux de chômage.
Le Ministère de la vérité(14) américain a annoncé que notre taux de chômage est de dix pour cent. Je n'ai pas encore rencontré un Américain qui ne sache que le taux de chômage officiel est une complète fiction. La moitié des chômeurs - la moitié qui est resté inemployée pendant plus d'un an - est simplement effacée du décompte officiel. Pouf ! Le taux réel est quelque part autour de vingt pour cent. Mais si nous reconnaissions cela, nous devrions admettre que nous sommes à égalité avec le taux de chômage européen. Et sacré bon Dieu, nous ne pourrons jamais l'admettre. Chaque Américain comprend pleinement que le but de la vie est de s'accrocher à un boulot insignifiant ou un autre, deux si possible. Et d'après les chiffres officiels de l'État, davantage d'Américains s'agrippent à s'en blanchir les jointures au but de la vie que toutes ces mauviettes de nations européennes socialistes avec leurs soins médicaux gratuits, leurs taux de mortalité infantile bas et leurs vacances ridiculement longues.
Mais la mauvaise nouvelle, que l'administration Obama reconnaît ouvertement, est celle-ci : le chômage va en toute vraisemblance augmenter. Et personne au monde ne sait comment le réduire (bien que personne au gouvernement ne soit près de reconnaitre cela). Les usines sont presque toutes parties et elles ne reviendront pas. À moins que les travailleurs américains veuillent travailler treize heures par jour pour deux yuan chinois de l'heure, ce qui fait environ trente-et-un cents. Ce qui reste d'usines américaines est en train de virer les ouvriers en raison des taux d'intérêt élevés, et attend une politique de taux d'intérêt plus bas avant de décider s'il est faisable de rappeler des ouvriers à la production.
Durant leur attente ils pourront voir l'enfer geler. Les banques reconnaissent un plus gros porc quand elles le voient. Et ce porc est le secteur des crédits à la consommation (personne n'a encore réalisé que les consommateurs ont besoin d'une paye avant de pouvoir consommer quoi que ce soit, à crédit ou autrement). À cette fin la Réserve fédérale a logiquement choisi une politique de taux d'intérêt bas. Et en plein accord avec la logique bancaire, les banques ont pris l'argent de la Fed, puis ont augmenté le taux annuel sur les achats par carte de crédit, les avances en espèces et sur les comptes qui ont des pénalités en raison des paiements en retard. Ensuite ils ont augmenté les pénalités. Qu'est ce que ça peut faire ? Si les Américains sont sur la corde raide, se débattant pour effectuer leurs paiements à temps, alors la chose logique à faire est de leur en coller. Saignez-les autant que faire se peut. C'est une tradition du marche libre américain. Nous, le peuple (15), nous ne nous plaignons pas. Nous ne nous attendons à aucune compassion. L'Amérique est un commerce et la conception américaine du commerce est la pure cruauté.
Un analyste de la Deutsche Bank me dit que le pire à court terme n'est pas encore venu. Les faillites de banque et les saisies de logement n'ont pas atteint leur pic. Un effondrement de l'immobilier commercial approche à grande vitesse. Il dit que, bien qu'il va y avoir des sursauts périodiques mineurs, la valeur frauduleuse du dollar est maintenant évidente tandis qu'il chute face à toutes les autres monnaies, même le rouble russe (de treize pour cent), sauf celles qui ont le malheur d'être accrochées au dollar américain. Comme le dit l'ancien sous-secrétaire au Trésor Paul Craig Roberts : Quelle sorte de reprise est-ce quand l'investissement le plus sûr qu'un Américain puisse faire est de parier contre le dollar ? Mon ami de la Deutsch Bank, qui est plus jeune et doit penser à sa famille, a pris les mesures qu'il considère comme les plus appropriées. Il achète de l'or et déménage vers un pays sous-développé d'Amérique centrale.
Mais Monsieur Bernanke nous assure que le pire est effectivement passé. Malgré les sérieux doutes du monde extérieur, l'annonce de Bernanke pourrait bien circuler aux États-Unis. Nous croyons ce que nous dit notre Ministère de la vérité. Nous avons cru que la dette était de la richesse, n'est-ce pas ? Et nous avons cru aux armes de destruction massive, et nous en sommes venu à croire que la guerre est un préalable à la paix.
La chose la plus triste est que les Américains sont cultivés comme des champignons de la naissance à la mort, maintenus dans l'obscurité et nourris de crottin. En conséquence, ils n'ont pas la moindre idée qu'il y a une alternative au système dans lequel ils oeuvrent selon le bon plaisir des élites affairistes et financières qui possèdent à la fois leur gouvernement et chacune de leurs heures éveillées. Cette alternative est le socialisme démocratique. L'auto-gouvernance pour le bien commun le plus large. Ce que le Ministère de la vérité a défini pour eux comme du fascisme.
La santé et l'environnement ? Ha-ha-ha-ha-ha-ha-ha-ha-ha-ha-ha-ha !
Je devine que vous avez entendu parler du débat sur la réforme du système de santé en Amérique. Il n'y a vraiment pas eu beaucoup de débat, juste beaucoup de comportements de voyous et de folles histoires de commissions gériatriques de la mort à droite, et une capitulation rampante à gauche. La réforme s'est avérée un cadeau annuel de soixante-dix milliards de dollars aux compagnies d'assurance, en forçant ces quarante-cinq millions de personnes qui ne peuvent payer l'assurance à en prendre une quand même. Les dollars du contribuable compenseront la différence entre ce qui peut être essoré des travailleurs pauvres et ce que les compagnies d'assurance peuvent demander, et obtiennent parce qu'elles ont une prise d'étranglement sur les deux autres partis impliqués - les médecins et les patients. Quant aux médecins, ils l'ont joué fine(16) et ont réussi à éviter la question de savoir si leurs revenus d'un quart de millions de dollars et plus pourraient bien contribuer au coût exorbitant des soins médicaux. Même avec la majorité au Congrès, le mieux qu'Obama et les chiens-chiens affairistes du Parti démocrate ont pu trouver a été de céder entièrement à l'industrie de l'assurance. Si cela dégage une odeur suspecte, c'est la sueur de la peur froide que vous sentez. Les compagnies d'assurance ont toujours fait savoir clairement qu'elles ont des milliards à dépenser pour faire battre et détruire n'importe quel élu qui ne serait pas de leur côté.
Quant à la législation environnementale, sous l'administration Obama l'écologie est pratiquement réduite à l'échange de quotas de pollution. Dans l'esprit le plus authentique du capitalisme, les sociétés vont pouvoir vendre leur pollution pour du profit, au lieu d'y mettre fin. Et même cette législation est passée tout juste à la Chambre des représentants(17). De plus, la législation environnementale a morflé à cause du crash économique, et les sondages d'opinion montrent à présent que le public américain trouve le prix trop cher. Il serait intéressant de savoir quel prix leurs enfants seront prêt à payer pour l'oxygène et l'eau.
Goldstone qui ?
Juste quand on pense que son pays a atteint les limites de la honte brute et les rives périphériques de l'internationalisme voyou occupées par le coréen Kim Jong-il(18)et le soudanais Omar el-Bechir(19), il vous surprend par un nouvel et pire outrage. Le dernier en date de l'Amérique est carrément à la hauteur de la négation de l'holocauste, du pur culot immodéré et abrasif - jeter le voile sur le rapport Goldstone des Nations Unies. Le rapport documente les crimes de guerre israéliens dans le ghetto de Gaza, où un million et demi de Palestiniens sont retenus misérablement en otage par Israël. Certes, les dirigeants à Gaza comme en Israël ne sont rien de moins qu'une bande de criminels. Mais l'attaque israélienne des civils et des infrastructures civiles telles que les hôpitaux et les écoles, utilisant des munitions illégales comme le phosphore blanc qui fait fondre la peau, était un crime de guerre selon toutes les définitions. Les Nations Unies et le monde conviennent qu'elle atteint et dépasse le critère de Nuremberg que les Américains ont établi pour exécuter les nazis. Mais, comme n'importe quel Américain vous le dira, les États-Unis ne se sont jamais considérés comme une partie du reste du monde ni en aucune manière obligés de s'y joindre. Alors le reste du monde n'a pas été surpris quand la Chambre des représentants américaine a voté à trois-cent quarante-quatre contre trente-six pour condamner le rapport Goldstone. L'administration Obama a promis aux groupes sionistes qu'elle ne laisserait jamais le rapport arriver dans une cour de justice. Les criminels sont en sécurité. Les sionistes ont partout jeté leur chapeau en l'air et acclamé. Les gars de l'AIPAC (20) au fond de la salle ont opiné du chef : Maintenant dit nous, député, qui est ton mec ?
Je pourrais ajouter, à ce point, que je ne fais pas partie de ces adeptes des conspirations qui voient des complots sionistes partout. Les sionistes ne sont que l'un de ces opérateurs en coulisse qui ont une emprise fatale sur un certain aspect de la politique américaine. Franchement, parmi tous les arsouilles et les crapules qui asservissent la politique américaine intérieure et internationale, je crains Wall Street et les banquiers bien plus que n'importe quel sioniste (sauf peut-être cet effrayant enfoiré polymorphe, Rahm Emmanuel21 ; brrrr !).
En tout cas, la plupart des Américains n'ont jamais entendu parler de l'attaque de Gaza ou du rapport Goldstone. Ils ont été empêchés d'entendre les informations du monde extérieur sur ce macabre spectre long de deux semaines. Résidant dans un pays libre d'Amérique centrale à ce moment, j'ai eu la chance (ou la malchance) d'entendre les dépêches quotidiennes venues de Gaza, malgré les efforts israéliens pour les étouffer. Le seul endroit quasiment où la machinerie de désinformation sioniste a vraiment fonctionné était les États-Unis, où elle a réussi a réprimer la couverture médiatique des atrocités et du génocide israélien. Non que cela ait demandé un grand effort. Les politiciens américains et les médias ont appris depuis longtemps, en temps qu'État client de Sion, à regarder ailleurs. Ou, si ce n'est pas possible, à soutenir l'un des mensonges préemballés commodément fournis aux médias américains par l'appareil de gestion médiatique du Likoud(22). Et par ailleurs, les Palestiniens ne sont-ils pas les enculés qui dansaient dans les rues après le 11 septembre ? Qu'ils aillent se faire foutre ! Retournons maintenant au reportage du câble sur les gagnants de l'émission L'Amérique a du talent d'hier soir, les ZOOperstars.
L'homme au plan
Le jour même ou commençait l'assaut sur Gaza, le 4 janvier 2009, le président élu Obama annonçait qu'il créerait ou sauverait trois ou quatre millions d'emplois durant ses deux premières années de mandat. Quatre-vingt-dix pour cent d'entre eux devaient être dans le secteur privé, dont environ quatre cent mille dans la construction de routes, de ponts, d'écoles et de réseaux à haut-débit. Quatre cent mille autres étaient prévus dans les panneaux solaires, les éoliennes, les automobiles à basse consommation ; et un million dans la santé et l'éducation. Le terme clef ici était emplois sauvés. N'importe quel emploi pas perdu va apparemment dans la colonne des emplois créés. Je suis plutôt nul en maths, mais il me semble qu'avec un chômage réel à environ vingt pour cent et en augmentation, et des pertes d'emploi dont l'administration prévoit qu'elles continuent pendant au moins une autre année, il est difficile de voir comment une telle promesse peut être réalisée. Je suppose qu'aussi longtemps qu'il restera trois millions d'emplois dans l'économie américaine, Obama pourra prétendre les avoir sauvés. Je serai le premier à admettre que cela me passe au dessus de la tête, et que c'est un sacré bon exemple de pourquoi je ne suis pas fait pour un mandat public. Et puis aussi, je n'ai jamais compris le surplus (23) de Bill Clinton non plus. Les mathématiques politiques sont faites dans une sorte d'anti-espace à quatre dimensions où les règles terrestres ne s'appliquent pas.
Une chose que je sais est que pour chaque dollar qu'un travailleur gagnera dans le plan d'Obama, l'entreprise capitaliste employant le travailleur gagnera presque deux dollars. Ce type mexicain qui roule de la pelouse le long du terre-plein central de l'autoroute pour le soumissionnaire fait peut-être huit dollars de l'heure qu'il n'aurait pas gagné autrement. Mais il rapporte à son employeur environ quinze dollars cinquante dans la même heure. Quand j'étais plus jeune dans le Colorado j'ai roulé de la pelouse, embauché les Mexicains et distribué les payes, alors je le sais. La première règle des maths capitalistes est : c'est le propriétaire capitaliste qui fait les maths.
Alors le plan d'Obama remplit davantage les poches affairistes que celles du travailleur. Comme c'est l'Amérique cependant, Obama a été accusé par les conservateurs d'avoir un programme socialiste, anti-capitaliste. Ces hommes d'affaire conservateurs sont plus qu'heureux de prendre l'argent. Mais la règle de base en Amérique est : Ne montrez aucune gratitude ! Mordez à mort n'importe quelle main qui vous nourrit, au cas où elle en donne plus. Peut-être même qu'elle laissera tomber tout ce qu'elle tient, afin que vous puissiez le ramasser et courir tandis qu'une foule se rassemblera pour lapider le prétendu socialiste.
Mais la vérité est que les emplois d'Obama n'auraient rien fait pour aider la relance de l'économie de toute façon. Il n'y a plus d'économie à relancer. Elle a déménagé en Chine et en Inde. Des choses comme des projets routiers ne génèrent pas de capital. Dans le capitalisme les routes sont sans valeur si elles ne font pas d'argent, et elles ne peuvent pas faire de bien économiquement s'il n'y a rien en cours de fabrication à transporter dessus.
De même l'éducation qui ne contribue pas au produit national brut (aussi connu comme les intérêts affairistes) en produisant des salaires supérieurs pour pomper exponentiellement le fétichisme américain de la consommation est considérée comme sans valeur. Et regardons les choses en face, l'éducation supérieure est devenue, pour la plus grande part, une autre extorsion. L'étudiant est accablé par une dette d'emprunt massive (à nouveau, il y a l'odeur de la trace du banquier-hyène dans l'air) avec la promesse d'un salaire finalement plus élevé. Ou au moins que le diplômé travaillera dans un joli magasin de vidéo chaud et sec et qu'il n'aura jamais à rouler de la pelouse. Malheureusement, le nombre d'emplois qui nécessitent des américains avec une éducation universitaire(24) - tout à fait un oxymore, étant donné le calibre des université américaines ces temps-ci - est en train de rétrécir en même temps que l'empire. Tous ces boulots d'encadrement intermédiaire de la république, tels que nous aider à tricher sur nos taxes, laver le cerveau des écoliers, et concevoir des stratégies de vente pour la bière, deviennent plus rares de jour en jour. Même l'édition de livres et la lecture des scanners médicaux sont délocalisées en Asie. Il y a une méchante rumeur selon laquelle les scanners médicaux américains seraient lus en Inde par des singes de temples bouddhistes entrainés, pour économiser quelques roupies. L'industrie médicale américaine est restée muette sur le sujet.
Le plan de relance d'Obama compte que nous nous endettions plus profondément envers les Chinois. Pour l'amour du Christ, n'y a-t-il aucun dollar de nos contributions qui repose ailleurs que dans les coffres de Wall Street ? Apparemment pas. Alors le Département du trésor continue de mouliner davantage de monnaie de singe pour effectuer des paiements sur le reçu du préteur de l'empire. Un peu comme ces vieux Anglais gâteux que l'on rencontre dans les propriétés rurales du Kent, arborant les cravate militaires du régiment de la Reine, nous préférons encore nous voir comme un empire.
Mais les chinois ont l'air méfiant, se demandant s'il est sage de verser davantage d'argent dans un trou à rat, en se basant sur l'affirmation du Trésor américain que l'autre bout du trou à rat sort quelque part en Chine et non à Wall Street. Les émissions de débat chinoises s'interrogent publiquement sur les emprunts américains, alors que les prochaines locomotives telles que le Brésil sont tellement mûres pour l'investissement. Vous pouvez parier que si c'est à la télévision en Chine, c'est que le public est en train de recevoir une opinion officiellement approuvée par l'État qu'ils peuvent se sentir libre de soutenir comme la leur.
Le grand casse
Finalement la campagne médiatique caquète et cancane(25) sur ce que le plan de relance d'Obama s'est avéré sans intérêt de toute façon. Wall Street est intervenu et a pesé sur tout le bon Dieu de pays, au cours de l'un des casses les plus culottés de l'histoire américaine. C'était un pur trait de génie en matière de vol. À la suite d'une rencontre des cinq familles, Citicorp, Bank of America, Morgan Chase, Wachovia, Taunus Corp, les cartels financiers ont dit : L'arnaque est là. Nous avons tout pris. Maintenant, si vous ne nous remettez pas toutes les économies et tous les actifs du peuple pour que nous puissions leur prêter à nouveau, toute la boule de merde en feu que vous appellez l'économie des services et de l'information va retomber sur le cul de tout le monde comme un météore géant. Alors vous pouvez charger trois mille milliards de dollars pour l'instant dans les voitures blindées alignées devant et personne ne sera blessé. Ou vous pouvez regarder l'économie nationale se ratatiner jusqu'à ce que les têtes de noeuds là-bas dans les culs-de-sac et les appartements en carton ne puissent même plus rassembler le montant de la course en taxi jusqu'à la maison des pauvres(26). C'est ta décision Barack.
Il y a encore quelques âmes délirantes par là qui croient qu'Obama essaye de faire honnêtement de son mieux pour tenir ses promesses de campagne, mais qu'il ne peut simplement pas passer la meute des sociétés financières vampires et des lézards républicains à sang froid. Ce qui est vrai en un sens. Il ne peut pas passer la meute de Wall Street parce qu'il courre au milieu. La relation malfaisante d'Obama avec les puissants acteurs de Wall Street dure depuis des années. Ce n'est pas un accident si Wall Street a pu sélectionner les membres du cabinet financier du président. Mes amis mangeurs de moutons (27), c'est une triste et sordide histoire, que je n'ai ni la place ni l'estomac de raconter ici. Particulièrement depuis que de meilleurs journalistes tels que Matt Taibi(28) et d'autres l'ont écrite largement et en détail.
Aux dernières nouvelles, les banques n'ont jamais sorti le pognon. Elles ne l'ont jamais laissé circuler entre les mains du peuple où même à travers des prêts commerciaux. Au lieu de cela, elles ont déclaré un profit, l'ont partagé en primes, et se sont congratulées. En effet, c'est le genre de pur talent que nous en sommes venus à attendre de la foule des MBA (29) de Yale et Harvard. S'enrichir en se ruinant. Puis devenir encore plus riche en braquant le gouvernement et la totalité du public américain, et finalement le monde entier, en laissant un nuage de cent cinquante mille milliards de dollars de dérivés toxiques encercler le monde, pour qu'il aspire davantage d'argent pour eux avant d'exploser comme une étoile noire. Et en effet les dérivés sont même astronomiques de nature. Ils représentent cent-quatre-vingt mille dollars de dette pour chaque homme, femme et enfant sur terre (bien que je ne puisse comprendre pourquoi, si l'argent n'est pas réel, nous devrions considérer que la dette est réelle). Il est impossible de construire un échappatoire à cette calamité. Il n'y a même pas assez de ressources restantes sur terre pour soutenir ce niveau de production.
Pour le moment les crapules financières se sont retirées dans des villas toscanes pour savourer leur prise. Les pauvres têtes de noeuds là-bas dans l'Amérique profonde n'ont plus qu'à concevoir de nouvelles façons de cacher la bagnole familiale à l'huissier. Pas une fois, cependant, ne doutent-ils du capitalisme. Ils imaginent que ça n'est qu'un gros accident financier. Le destin. Et qu'ils vont, d'une façon ou d'une autre, trouver un moyen de s'en sortir, comme on l'a toujours fait. Ces choses-là arrivent dans une économie de marché libre et dynamique.
Une nouvelle mafia emménage
Pour remonter dans le temps, c'était quand l'odeur du pognon en train de s'envoler du public avait éveillé une nouvelle meute de hyènes - l'industrie de l'assurance. Les raquetteurs de l'assurance ont emménagé avec leurs propres muscles pour remplir le vide laissé par le gang de Wall Street. Le syndicat de l'assurance a expédié ses vainqueurs et ses soldats à travers les chambres du Congrès, et voilà30 ! Ils ont pu faire passer le chantage susmentionné à soixante-dix milliards de dollars par an comme une loi de réforme. Dites ce que vous voulez de mon pays, mais le pillage et l'extorsion n'ont jamais été si élégamment ritualisés, institutionnalisés et exécutés.
Les gens réalistes à gauche savaient depuis longtemps que le dernier acte du capitalisme brutal américain serait une redistribution massive de la richesse, à main armée, du public vers la classe possédante à travers le secteur financier privé - que la classe possédante se trouve posséder. Mais peu se seraient attendus à ce qu'elle soit exécutée sous une majorité démocrate à la fois à la Chambre et au Sénat. Ou sous une administration démocrate menée par le premier président noir. Un blogueur libéral s'est demandé tout haut : Imaginez ce que les républicains auraient fait si John McCain avait été élu ?
La même chose, frère, la même chose. Seulement avec un alibi différent. Les deux partis existent au bon plaisir des mêmes syndicats du crime.
Comment se joindre aux extorsions
Tel que je m'en souviens, c'est un diplomate mexicain qui m'a dit un jour que la magouille, le vol et la corruption sont socialisés dans son pays et dans d'autres pays latino-américains - démocratiquement répartis sur une grande partie de la société. Mais en Amérique, disait-il, cette sorte d'activité criminelle est législativement institutionnalisée. Seules les élites sont autorisées à pratiquer l'usure, le vol, le chantage de l'assurance et d'autres formes de pillage non-violent (le pillage violent étant réservé aux pays du Moyen-Orient renfermant du pétrole). Le premier pas pour échafauder l'une de ces extorsions est de devenir un groupe d'intérêt légalement reconnu, afin d'accéder aux acteurs parlementaires clefs que l'on souhaite corrompre ou contraindre à l'acquiescement ou à la complicité.
La mafia bancaire, la mafia de l'assurance, et d'autres gros bras législatifs criminellement organisés, cartels et syndicats des matières premières, sont tous officiellement reconnus comme des groupes d'interêt opérant parmi des centaines d'autres dans ce bordel près du fleuve Potomac(31).
Pour en énumérer quelques uns, il y a des groupes d'intérêt environnementaux tels que le Sierra Club(32), qui existent pour que leurs cadres puissent en tirer de gros salaires et rencontrer des vedettes de cinéma écologistes. Il y a un groupe d'intérêt pour l'éducation, qui existe pour assurer la médiocrité de nos écoles publiques. Les fabricants de munition sont un groupe d'intérêt. Les casinos et les fabricants de tabac sont des groupes d'intérêt. Il y a un groupe d'intérêt pour nous faire avaler de force du sucre de maïs, afin de soutenir les fermiers républicains du Midwest et d'assurer l'avenir des industries toujours croissantes de la perte de poids et du diabète. Il y a même des groupes de pression pour protéger les intérêts des syndicats d'autres pays, tels qu'Israël. Il y a un groupe d'intérêt pour tout sauf pour nous, les demeurés américains ordinaires. Les gens qui veulent seulement élever une famille en paix, et peut-être avoir une modeste sécurité financière à la vieillesse. Et il y a des milliers de groupes d'intérêt dont le but est de s'assurer que nous n'ayons jamais l'un ou l'autre.
Nous ne sommes pas méchants, juste économes
Hier je regardais un présentateur de CNN demander à deux experts : Intensifier la guerre en Afghanistan est-elle vraiment la meilleure façon d'utiliser l'argent de nos impôts ? Le meurtre, la mutilation et le déplacement de milliers de gens passés sous silence est discuté en terme d'une meilleure utilisation de capital. Une société capitaliste monétisée et déshumanisée voit tout en dollars et en cents, et en retour sur investissement. Même la mortalité infantile est évaluée de cette façon, bien qu'il soit rare que quelqu'un l'admette. Sauver un bébé du ghetto noir a une retour sur investissement faible, d'après certains analystes des services humains, en ce qui concerne leur contribution au produit national brut. J'ai réellement entendu un expert invité dans une émission de télévision dire cela.
Pourtant les Américains assis devant leurs postes de télévision ne trouve pas cela le moins du monde bizarre. Ou même mesquin, encore moins le signe d'une société cruelle. Aucun Américain ne se pense cruel, ou connecté en aucune façon avec la plus grande machine de meurtre humain et écologique au monde. Aucun Américain ne doute de son droit inaliénable de conduire en rond, ou de faire fonctionner l'air conditionné, ou de boire du vin de grappes cultivées au Chili, au prix d'une guerre nationale contre l'environnement et ces peuples du monde nés parmi les ressources d'énergie. S'il y a des choses telles que la cruauté et l'injustice, ce n'est pas nous, le peuple, qui les faisons. Nous, les électeurs et les contribuables, ne sommes pas la CIA kidnappant des gens vers l'Ouzbékistan et le Turkménistan pour y être violés avec des bouteilles cassées et bouillis vivants, pour extraire ces aveux de terroristes qui entretiennent la guerre contre la terreur. Nous finançons simplement de telles opérations.
Et la responsabilité ? Et bien, s'il y a une mince chance qu'un jour le monde demande des comptes à l'Amérique (ce qui n'arrivera jamais aussi longtemps que nous posséderons plus d'armement que le reste du monde réuni et que nous serons très clairement disposés à les utiliser à nos propres fins), nous, le peuple, nous pourrons exprimer notre consternation et notre dégoût en tant que citoyens. Nous, les braves gens, nous n'aurions jamais, jamais, jamais approuvé tous ces actes affreux. Et par ailleurs, il n'y a pas grand chose qu'une personne ordinaire puisse faire à ces choses là de toute façon. N'est-ce pas ?
La vengeance de George le ricanant
Nous n'avons pas beaucoup entendu parlé de George Bush depuis qu'il a remballé ses bandes-dessinées et déménagé pour Dallas. Mais sa politique reste comme des taches de pisse de chien pour empuantir la Maison Blanche d'Obama. La torture et les assassinats continuent, comme l'espionnage sans mandat des citoyens, ainsi que d'autres violations des libertés civiles au nom de la guerre contre la terreur.
Toutes ces choses sont épouvantables pour un président qui a fait campagne pour la réforme et le changement, et qui les continue. Mais ce sont les choses que Barack Obama et sont parti n'ont pas faites, les choses sur lesquelles ils n'ont pas insisté, qui auront le plus grand effet continuel sur ce pays. Obama et les démocrates ont refusé de poursuivre Bush et Cheney, assurant que :
1) Aucun chasseur de caille en Géorgie ne sera en sûreté aussi longtemps que le pacemaker de Cheney fonctionnera(33);
2) Les précédents établis par le gouvernement le plus criminel de l'histoire américaine resteront. Jusqu'à ce qu'on les ait affrontés et rectifiés, l'Amérique n'aura pas la possibilité de guérir et de s'en remettre. Honnêtement parlant, cependant, le patient est mort depuis que la fraude des élections de 2000 est passée incontestée.
Les élections étaient la seule chance qu'avait l'Amérique de pouvoir demander des comptes aux républicains de Bush pour leurs crimes. Maintenant elle est passée.
Pour commencer, les occasions d'exercer des principes moraux en tant que nation et peuple sont assez rares, et elles s'évanouissent rapidement. À un certain point elles seront anéanties par les exigences de la survie de l'espèce humaine. Il ne faut pas être prophète pour le savoir. Quiconque prête attention à la population planétaire, à l'épuisement des ressources et à l'effondrement écologique le comprend au niveau des tripes. La compétition mondiale croissante pour la survie humaine ne permettra pas une telle hauteur d'esprit. Alors nous devrions exercer les principes et l'administration de la justice tant que les principes et la justice sont encore possibles.
Des rationalisations sans fin sont proférées quant au pourquoi Obama n'est pas parvenu à une lieue d'accomplir les promesses et le potentiel de sa présidence, et le Parti démocrate en écrit davantage chaque jour. Les électeurs démocrates déçus s'en saisissent, et défendent chacune désespérément sur les forums de l'internet et dans des lettres à la presse. Mais nous devons utiliser nos propres capacités personnelles en tant qu'êtres humains rationnels et libres pour jauger Obama, et décider de pourquoi il est en train d'échouer. Ou de ne pas échouer. Au diable les explications officielles hautement élaborées des guerres de nécessité et les paiements d'un chantage de plusieurs milliers de milliards de dollars.
George Bush a quitté ses fonctions en arborant le même rictus avec lequel il était venu. Peut-être que c'est congénital. Mais si Bush ricanait lorsqu'il a quitté ses fonctions, il doit maintenant se convulsionner d'un rire démentiel et hystérique. Non seulement sa bande s'en ait sorti sans tache, mais Obama poursuit le sombre héritage Bush-Cheney. Et, presque comme s'il s'agissait de surmonter toute la noire escapade d'une cerise d'ironie, le président le plus inéloquent de l'histoire américaine est maintenant dans le circuit des conférences motivationnelles à deux cent mille dollars pièce. Que jamais on ne dise que le Diable ne veille pas sur les siens.
Les Américains se lèveront-ils un jour pour défendre leur propre bien-être commun à travers des choses telles que l'éducation, la santé et une société productive soucieuse de paix ? Nan. Parce qu'on a veillé à ce que le socialisme - l'administration de la nation seulement pour le bien commun et le bénéfice de tous sans préférence ni privilège - n'ait pas la moindre chance en Amérique. Depuis plus d'un siècle ceux qui ont tenté de faire avancer le socialisme ont été abattus, pendus, brûlés vifs dans leur lit la veille de Noël, emprisonnés, faussement accusés de crimes et faussement condamnés, et diabolisés par les élites capitalistes et l'État affairiste. La cause du socialisme a été effectivement éradiquée aux États-Unis. Peu d'Américains peuvent même définir le mot. La plupart pensent que c'est un système politique alors que c'est une philosophie sociale. Bon Dieu, la moitié des socialistes ces temps-ci pensent que c'est entièrement un système politique.
Mais même si les Américains comprenaient le socialisme, ils sont trop terrifiés pour admettre un jour ses vertus, encore moins soutenir la cause publiquement. Et sans participation publique libre et ouverte à une forme démocratique de socialisme, quelque soit le nom ou l'étiquette qu'on lui donne, il ne peut y avoir de reconnaissance de l'intérêt et du bien communs du peuple. Et ainsi meurt dans une nation la philosophie sociale la plus égalitaire jamais conçue, avec très peu de chances de renaître parce qu'un tel idéal, par sa définition, ne peut exister dans l'état d'esprit étroit des banquiers et des oligarques.
Bush ricane, Obama breakdance (34) dans et autour du champ de mines de ses fausses promesses, et les primes des PDG de Wall Street sont plus élevées que jamais.
Comme je l'ai dit, le Diable veille sur les siens •
Traduit et reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur. Les notes en marge sont du traducteur.
1. Ce texte a été écrit pour le mensuel britannique Socialist Review.8 décembre 2009 1 et traduit comme d'habitude par
www.orbite.info/.../joe_bageant/index.html -
2. Le Parti républicain est surnommé Grand Old Party, le Grand Vieux Parti.
3. Le Kool-Aid est une boisson synthétique (populairement utilisée comme teinture textile et capillaire). Dans les années 1960-70, l'expression drinking the Kool-Aid signifiait adopter les pratiques de consommation du LSD. Aujourd'hui, cette expression s'entend dans le sens d'embrasser aveuglément une cause.
4. Il est indispensable lorsqu'on lit des textes politiques américains de garder à l'esprit que le mot liberals y désigne, à l'inverse de l'usage français actuel, des gens de gauche. En revanche, les gens que nous appelons libéraux ou ultra-libéraux sont en Amérique des neo-conservatives (parfois abrégé en neo-cons). L'usage américain a été transposé ici car il rend une meilleure justice à l'étymologie. De plus, l'appellation neo-cons a aux oreilles françaises des résonances si flatteuses que nous pourrions bien finir par l'adopter.
5. Le Huffington Post est un journal démocrate en ligne.
6. Peut-on attendre autre chose d'un comité qui remit autrefois son prix de la paix à Henry Kissinger - qui doit en rire encore ?
7. L'existence d'un terrifiant arsenal secret était l'une des raisons données au public pour justifier la ré-invasion de l'Irak en 2003. À ce jour, les mystérieuses armes de destruction massive irakiennes n'ont toujours pas été découvertes.
8. Cole Haan est une marque de chaussures, d'accessoires de mode et de prêt-à-porter chic.
9. Un acte sexuel collectif centré sur un individu passif.
10. Peoria est une ville de l'Illinois dont les caractéristiques démographiques sont réputées conformes aux moyennes nationales. L'expression will it play in Peoria? (cela se jouera-t-il à Peoria ?) est une façon imagée de demander si un spectacle, un politicien ou un quelconque autre produit est susceptible d'attirer le plus large public.
11. La chaîne de Ponzi est une escroquerie consistant à attirer les fonds d'un nombre croissant de pigeons en versant des intérêts alléchants avec le capital des derniers couillonnés.
12. Dans le texte : bankster, un jeu de mot sur banker (banquier) et gangster.
13. John Maynard Keynes fut l'un des économistes les plus influents du XXe siècle, et un théoricien de l'intervention de l'État dans l'économie de marché.
14. Une appellation tirée du roman de George Orwell, 1984.
15. Dans le texte : We the people. Ce sont les premiers mots du préambule de la constitution américaine.
16. Dans le texte : they have played it so cool butter wouldn't melt in their mouths, littéralement ils l'ont joué si frais que le beurre ne leur aurait pas fondu dans la bouche.
17. L'équivalent de la Chambre des députés en France.
18. Kim Jong-il est le dirigeant bien-aimé de la très fermée, très militarisée et très misérable République populaire démocratique de Corée (du Nord), un poste hérité de son père Kim Il-sung et qu'il compte transmettre, démocratiquement, à l'un de ses fils.
19. Omar Hassan el-Bechir est le président en exercice de la République soudanaise (dont il a pris le contrôle par un coup d'état militaire). La Cour pénale internationale a émis deux mandat d'arrêt à son encontre, pour crime contre l'humanité, crime de guerre et génocide.
20. L'American Israel Public Affairs Committee est le principal groupe de pression sioniste aux États-Unis.
21. Rahm Emanuel est un politicien démocrate et l'actuel chef de cabinet de la Maison Blanche de Barack Obama. Il soutient la politique belliqueuse des États-Unis depuis la présidence de George Bush.
22. Le Likoud est le principal parti de la droite israélienne.
23. Sous la présidence de William Clinton, prédécesseur de George Bush et de Barack Obama, le gouvernement américain a officiellement dégagé un surplus budgétaire trois années de suite. Pourtant la dette américaine n'a jamais cessé d'augmenter.
24. Dans le texte : college educated. Le terme college peut désigner aux États-Unis à peu près n'importe quel établissement proposant des formations au delà du lycée et jusqu'au niveau licence (par opposition à university, lieu des études de haut niveau et de la recherche académique).
25. Dans le texte : rattle and prattle.
26. Les maisons des pauvres étaient des institutions de l'époque victorienne, dont l'action charitable mêlait punitions physiques et travail forcé. Ces établissements ont périclité dans les années 1930 avec la création de la sécurité sociale américaine (qui est principalement une retraite par répartition minimale).
27. Le texte a été écrit pour un lectorat britannique. Puisse sa traduction plaire aux autres amateurs de méchouis (dont je chouis).
28. Matthew Taibbi est un journaliste américain, auteur d'un article retentissant sur l'implication de la banque d'investissement Goldman Sachs dans les crises financières contemporaines.
29. Le Master of Business Administration est le plus prestigieux des diplômes d'école de commerce, en Europe tout autant qu'aux États-Unis.
30. En français dans le texte.
31. Le Congrès américain (à Washington, où passe le fleuve Potomac).
32. Le Sierra Club, fondé en 1892, est la plus grande association écologiste aux États-Unis.
33. Richard Bruce Cheney était le vice-président de George Bush. En février 2006 il a tiré accidentellement sur un camarade de chasse en visant une compagnie de cailles.
34. La breakdance est une danse de rue afro-américaine célèbre pour ses acrobaties au sol.
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