L'actuel débat sur la politique sécuritaire intervient dans un contexte surprenant car il laisse à l'écart l'examen même de la technique de gouvernement systématisée depuis 2007 et la place nouvelle accordée aux sondages.
C'est probablement la première fois que les sondages occupent une place aussi importante dans la vie politique Française.
Ils ont pris trois fonctions nouvelles :
- outils de décisions par une systématisation des pré-tests,
- outils de connaissance de l'opinion dans la phase post-décision,
- outils de structuration de l'opinion par une mise en scène qui favorise la grégarisation de l'opinion.
C'est ce dernier volet qui mérite une attention privilégiée.
La grégarisation de l'opinion, c'est la collectivisation du commentaire. La connaissance de l'opinion des autres entraîne un mécanisme de conformité, voire même d'uniformisation de certains groupes sociaux.
C'est ce phénomène qui a conduit initialement à l'interdiction de la publication des sondages dans la dernière ligne droite de certaines élections dont la présidentielle.
Le sondage pèse sur l'opinion parce qu'à la différence du débat politique qui repose sur le principe même de la contradiction, le sondage est paré de l'objectivité scientifique.
Il bénéficie donc d'un effet de fascination et d'entraînement.
L'UMP a construit en quelques semaines un débat politique entièrement renouvelé qui annonce une logique à terme de campagne sur la division entre la France d'en bas et la France d'en haut. Mais le pouvoir s'autoproclame le porte parole de la France ... d'en bas.
Une pseudo-science tantôt épargne la réflexion individuelle tantôt la "libère" et crée un climat entièrement nouveau.
La pré-présidentielle est bien engagée sur des bases nouvelles puisqu'une formation politique se positionne en porte parole de l'opinion contre les autres forces d'alternance vidant de ce fait toute place au débat contradictoire classique.