Inviter le sculpteur chinois Wang Keping au Musée Zadkine (jusqu’au 12 septembre) est une excellente idée, car la parenté entre ces deux artistes, ou en tout cas entre les oeuvres les plus brutes, les plus proches de la nature de Zadkine, et les sculptures de Wang Keping est rendue évidente par cette exposition. Les pièces de Wang Keping semblent n’être que des souches ou des troncs d’arbre, trouvés par hasard au fil de ses promenades en forêt, d’où la nature aurait fait émerger ici un torse, là une bouche, et ailleurs deux amants enlacés ou une maternité, et cela comme par miracle, formes préexistantes que l’artiste n’aurait fait que découvrir.
Bien évidemment, ce sont des sculptures travaillées, façonnées, puis soigneusement craquelées, poncées, cirées, patinées, où chaque essence se distingue par une couleur, une luminosité légèrement différentes : peuplier, paulownia, platane, févier, érable, séquoia, frêne, saule, hêtre ou if . Dans ce charmant petit musée s’élève ainsi une forêt charnelle et charnue, sensuelle et tactile jusque dans ses
craquelures, ses lignes, ses noeuds, ses excroissances, entre primitivisme un peu sorcier et esthétique raffinée.Photos 1 et 3 de l’auteur.