La tentation de Vichy n’est pas nouvelle pour le conseiller régional auvergnat qui avait déjà choisi la ville d’eau pour y organiser en novembre 2008 une Conférence sur l’intégration réunissant les 27 ministres de l’Intégration de l’UE.
Brice Hortefeux avait alors justifié son choix le 19 septembre 2008 (cf vidéo), à Vichy, en clôture du congrès des cadres de l’ANAEM , dénonçant “le crétinisme” de certaines associations qui voient là une provocation au passé. “Il faut arrêter avec ces bêtises, arrêter de faire payer à Vichy tous les péchés du monde” avait déclaré le ministre avant de conclure: “Je ne ferai pas de politiquement correct. Je revendique à mort le choix de Vichy“.
L’ambition aujourd’hui déclarée par Hortefeux pour la ville de Vichy (source La Montagne) fait suite à l’annonce par le maire actuel, Claude Malhuret, de ne pas briguer un nouveau mandat. Cette solution offrirait une confortable solution de repli pour le ministre originaire du Puy-de-Dôme qui, malgré son activisme au gouvernement et la présence de son mentor à l’Elysée, n’apparaît pas en capacité de s’emparer de la ville de Clermont-Ferrand aux mains des socialistes depuis la libération.
Sans tomber dans le piège de l’amalgame facile avec la capitale de la France de Pétain, la période retenue pour laisser filtrer l’information est volontairement provocatrice.
Le 15 juillet 1940, le régime de Vichy adoptait une loi relative à la procédure de déchéance de la qualité de Français. Une semaine plus tard, le 22, était promulguée une loi portant sur la révision des naturalisations. Dans la foulée, le 27 était créée une Commission chargée de réviser les naturalisations effectuées après le 10 août 1927. En septembre, une loi relative à la « situation des étrangers en surnombre dans l’économie française » était à son tour promulguée.
Brice Hortefeux aime jouer avec les mots et avec l’histoire. Son humour douteux sur les auvergnats a été sanctionné en juin 2010 par une condamnation e première instance à 750 euros d’amende et 2000 euros de dommages et intérêts pour injure à caractère raciale.
Concernant l’histoire, Brice Hortefeux ne paraît pas, par son ambiguïté permanente, le mieux placé pour mettre fin au poids de l’histoire qui pèse sur la ville de Vichy.
La volonté de glissement sémantique initiée par le député Gérard Charasse en 2003 à travers une proposition de loi visant à substituer à la désignation “régime de Vichy”, l’appellation “ dictature de Pétain” avait suscité une inquiétude légitime des historiens.
Elle semble aujourd’hui reprise à mots couverts par Brice Hortefeux, essentiellement pour des intérêts électoralistes. Pourtant, sous prétexte de soulager le malaise d’une ville, la substitution des termes permet de passer d’une responsabilité collective (reconnue par Jacques Chirac en 1995) à une simple responsabilité personnelle.