Clôture de l’Université d’été 2010

Publié le 31 août 2010 par Letombe

Je ne résiste pas au plaisir de publier le discours d'Olivier Falorni lors de la séance de clôture de l'Université d'été de La Rochelle. Et merci à Leslie de me l'avoir transmis...
Mes chers camarades, mes chers amis,

En ouvrant cette séance de clôture de notre Université d'été, je veux avant toute chose vous dire, au nom de tous les militants de la Charente-Maritime, combien nous avons été heureux et fiers de vous accueillir toujours aussi nombreux dans notre belle ville de La Rochelle.
Cette Université d'été a été, je le crois, une belle Université d'été, une Université d'été majeure et pas seulement parce qu'elle fêtait cette année ses 18 printemps. [...]
Cet été fut un été en pente raide, un été particulièrement rude pour les valeurs qui fondent notre République.
Un Premier Ministre, que plus personne ne regrette d'ailleurs, disait en son temps que " la pente était raide mais que la route était droite ".
Et bien aujourd'hui, pour Sarkozy, la route est sans doute droite, la ligne est même droite extrême pour ne pas dire extrême droite.
Et sur la pente raide qu'il a choisi d'emprunter, sur cette pente glissante de la démagogie, du populisme et de la xénophobie, on s'en prend aux Roms, aux gens du voyage, aux réfugiés de la misère et de la guerre, aux orphelins d'un toit ou d'une nation, aux Français jugés un peu louches car ils ne sont pas de souche.
Sans oublier ceux bien sûr que notre Ministre de l'Intérieur, tout de même condamné pour injures raciales, appellent si affectueusement les Auvergnats et qui, dans un amalgame odieux digne du pire des café du commerce, sont assimilés à des polygames effrénés ou à des exciseurs fanatiques.
Tout ceci est assez indigne et Sarkozy se comporte en fait comme un dealer de peur, un dealer de violence et je vous le dis, mes camarades, la gauche doit lutter avec force contre tout phénomène d'accoutumance à cet empoisonnement méthodique de notre humanisme républicain.

Mais que l'on ne s'y trompe pas : ces coups de menton autoritaires ne sont que l'ultime avatar de la stratégie du coup d'éclat permanent qui vise à faire oublier l'essentiel.
Ils résonnent d'abord et surtout comme un terrible flagrant déni d'échec en matière de sécurité.
La sécurité est un droit essentiel en République mais dans la société violente de M. Sarkozy, on préfère stigmatiser, humilier, expulser, enfermer plutôt que d'affronter les vrais problèmes.
Contrairement au credo affiché, il ne s'agit pas d'être efficace, mais de frapper fort devant les médias et d'impressionner l'opinion publique.

Il s'agit aussi de faire oublier la réalité économique et sociale de ce pays dans lequel ce sont l'emploi et le pouvoir d'achat qui se délitent pendant que se dilatent les déficits publics.
Il s'agit aussi de faire oublier cette sinistre réforme des retraites, cette réforme à la Bismarck en quelque sorte.
" A quel âge faut-il fixer le départ à la retraite pour ne pas avoir à la payer ? " avait à l'époque demandé le vieux chancelier prussien.
" A 65 ans ", lui avaient répondu ses ministres, " car ils seront tous morts ".

Alors oui, bien évidemment, le temps a passé depuis le XIX ème siècle, les conditions de travail se sont heureusement améliorées et l'espérance de vie a sensiblement augmenté mais il n'empêche que la pénibilité du travail reste une question essentielle.
Car il faut se souvenir que dans la France de 2010, oui de 2010, plus d'un quart des ouvriers de ce pays ne vivra pas plus de 65 ans et qu'un ouvrier a deux fois plus de risques de mourir avant cet âge.
Alors non, ce n'est pas de cette société de l'inégalité que nous voulons, ce n'est pas de cette société du travail à vie, c'est-à-dire jusqu'à la mort, pour les salariés les plus modestes, les moins payés et les plus fatigués que nous voulons, non ce n'est pas de cette société là que nous voulons, nous les socialistes.
Pour Sarkozy, il s'agit enfin de faire oublier les turpitudes de Monsieur Woerth et de l'UMP, tant d'affaires politico- financières qu'on n'arrive plus à les compter, mais qui montrent toutes que pour le Président de la République, il y a en fait deux catégories de Français.

Pour lui, il y a d'abord les Français premium et puis après, il y a les Français à la gomme.

Il y a les Français premium, cette petite caste de milliardaires, habituée aux réceptions du Fouquet's et qui paie son écot à tous les micro et macro partis qui fleurissent à droite. "
Tout cela pour avoir la fameuse carte " Premium premier cercle de l'UMP ", carte qui semble être devenue, dans ce système des copains et des coquins, la carte gold de l'impunité.
Parce qu'ils le valent bien ", dirait-on chez les amis de l'Oréal. Et puis pour Sarkozy, il y a ensuite les Français à la gomme, ces citoyens de seconde zone, ces Français à l'essai , ceux qui ne sont pas du premier cercle, mais qui sont plutôt de ceux qu'on encercle, qu'on oppresse et qu'on pourchasse.

Mais cette politique hideuse est en train de subir et c'est rassurant, ce que l'on appelle l'effet boomerang.

De l'ONU jusqu'au Vatican, en passant par toute la presse internationale, du Pape Benoit 16 au Cardinal André Vingt-trois, qui ne passent effectivement pas pour de dangereux anarcho-syndicalistes, de Benoit 16 à André Vingt-trois donc, ils se sont mis en nombre pour condamner cette descente aux Enfers de l'honneur national.
Car je vous le dis, et ceci sans l'accent auvergnat, avec Sarkozy c'est la France qui déchoit dans le monde entier.
Et je ne résiste pas pour terminer à vous lire ces quelques lignes de ce portrait aussi cruel que brillant :

" Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.
Que peut-il ? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien.
Il a pris la France et n'en sait rien faire. Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets.
Ne pouvant créer, il décrète.
Il cherche à donner le change sur sa nullité, c'est le mouvement perpétuel mais, hélas, cette roue tourne à vide.
On y ajoutera le cynisme car la France il la foule aux pieds, il lui rit au nez, il la brave, il la nie, il l'insulte et il la bafoue ! "

S'il s'agit en fait du portrait de Napoléon III, dit Napoléon Le Petit, brossé par le talent de Victor Hugo, franchement toute ressemblance avec un chef d'Etat actuel bien connu n'est absolument pas fortuite.
Car oui, mes amis, après presque 5 ans au Ministère de l'intérieur et bientôt un quinquennat à l'Elysée, il est temps, il est grand temps de tourner la page de cette décennie Sarkozy qui restera dans l'histoire comme une triste page du récit national.

" C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source " nous disait Jaurès.

Et bien mes chers camarades, en cette belle matinée de dimanche, j'espère vraiment que vous pourrez dire dans quelque temps que c'est en allant vers la mer, que c'est en allant à La Rochelle que nous avons commencé à faire grossir ce grand fleuve, ce long fleuve tranquille de l'espérance qui nous mènera jusqu'à la victoire en 2012.

Olivier Falorni,
Premier secrétaire fédéral de Charente Maritime