Ils s’en vont, tu les aimais.
Debout dans l’embrasure
d’une nuit sans voix,
désirant, tu cherches souffle.Tu es au bord d’une immense
absence, là où se dissipent
toute chose et toute fable,
où le temps n’est plus le temps,Ni poussière ni fantôme
ni même image, mais une pause
infinie, résolutionDe l’infime, rien qu’une pluie
de mains impalpables qui ne saisissent
rien ni personne.
Lionel Ray, Syllabes de sable, 1996, Gallimard, p. 58
•
Tu traces des chemins :
le monde est devant toi,
c’est l’aubeTu cherches la transparence :
ta voix est un matin de pluie ?Dans le froid
l’oiseau irradie,
une voix dans ta voix
chante face à la nuit
Lionel Ray, Comme un château défait, suivi de Syllabes de sable, préface d’Olivier Barbarant, Poésie/Gallimard n° 398, 2004; P. 85.
•
le pont
Il y a une heure où tout se fait abîme. Une
Heure seule entre sommeil et insomnie entreBruit et silence entre gémir et crier, une
Où le temps brûle au ralenti au fond des larmesEt qui se perd comme l'eau des orages ou ces bribes
D'étoffe aux buissons çà et là, une heure seuleEntre les doigts désespérés de l'âge, entre un
Soleil de soie et les prés profonds de juillet,Une heure entre brume et fatigue, entre la chair
Affamée et l'innocente aventure d'être.Une heure où l'on se regarde au reflet du Temps
Disparu comme au geste d'effacer au coinDes yeux les rides, une heure comme un lieu d'ombre
Entre les mots et la mémoire : je passe je demeure.
Lionel Ray, in Alain Bosquet, Anthologie de la poésie française contemporaine, Le Cherche-Midi Éditeur, 1994, p. 229.
fiche bio-bibliographique de Lionel Ray
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