Après le ralentissement de l’été il est important de remettre en marche les cadres et les relais locaux des partis politiques. L’éternel combat idéologique est relancé pour le plus grand plaisir des journalistes.
A gauche les « universités d’été » ont levé partiellement les pudeurs légendaires des leaders sur le sujet de la sécurité urbaine.
Les écologistes ont ouvert le bal des faux culs. COHN BENDIT aurait invité son groupe à débattre sur le thème « et si le Ministre de l’Intérieur était un vert… ». Une manière de mettre une grande partie des cadres du mouvement devant des réalités jusqu’ici effleurées. La crédibilité du groupe passant nécessairement par une appréciation pragmatique d'un sujet délicat. Jean Vincent PLACE (un leader de l’ombre) a indiqué qu’il y avait au sein de ce parti « une commission Esperanto mais pas de commission Sécurité ». Dont acte.
Pour les socialistes il s’agissait de rappeler combien le PS est prêt à gouverner différemment (... et mieux CQFD) ; la justice ne peut qu’être sociale, la répression ne sera plus une fin en soi et le partage des richesses doit prioritairement favoriser le développement des êtres les plus fragiles…dans la sécurité du quotidien. Ségolène ROYAL incitant les cadres du PS à se ré-approprier le « thème de la sécurité qui n’est pas réservé à la droite » et à être force de proposition sur le sujet, afin de ne plus être taxé d’angélisme. Un retour à une campagne sans landemain.
La gauche est donc dans son ensemble, par nécessité, sortie de l’ombre ; la stratégie d’évitement est tombée à l’eau. J’ai failli m’étouffer en écoutant les propos de Martine AUBRY sur France Info ; en résumé des travaux du week-end elle cite les « avancées » des maires de gauche et notamment les résultats de « l’office de la tranquillité » mis en place à TOULOUSE. l’exemple est malheureusement mal choisi.
Le constat est sans appel ; il y a du travail pour sortir des clichés des mouvements politiques de gauche peu enclins à formuler des solutions concrètes concernant la montée de la violence. Hélas, les chiffres et les faits sont là ; les statistiques ne mentent pas. La décroissance des effectifs des corps intermédiaires voulue par l'UMP (enseignement, police et justice de proximité) complété des réformes des fondamentaux (le droit et l’éducation) rend la société de plus en plus dangereuse. Ce constat est commun aux groupes politiques d'opposition qui doivent formuler des alternatives en prévision d'une prise de responsabilité sur le plan national.
A droite l’on propose la répression et à gauche plus de soutien et de pédagogie aux obscurs électeurs des banlieues (un potentiel de bulletins non négligeable). En
cette période de rentrée nous frôlons les clichés paroxystiques.Pas vraiment convainquant.
Il est encore temps de formuler de vraies propositions.
Les cités méritent plus de sécurité et tout ce qui peut contribuer à retrouver de l’ordre et de la justice doit être évoqué sans état d’âme. Proposer moins de TASER et plus de caméras de surveillance serait un crime idéologique ? Concevoir une police de proximité et éradiquer des cités les caïds seraient une utopie ? Concevoir l’accès libres aux drogues douces une étrangeté réservée au Pays-Bas ? Mettre en place des centres de shoots un délire de portugais sous développé ou d'une Ministre excentrique ?
Les volontés d’une gauche passéiste composées d’écoute, voire d’empathie face aux difficultés du quotidien des quartiers (allô le 31 01...) et des budgets et subventions accordés prioritairement à ces quartiers pour entretenir, améliorer un parc de logements dégradés est en échec. Nous le vivons à TOULOUSE, n’en déplaise à Pierre COHEN et son équipe.
Les derniers évènements sont illustratifs de cette défaite ; les armes circulent, les groupuscules et les caïds s’organisent et contaminent les familles les plus intègres. Il s’agit, in fine, d’une manière particulièrement inappropriée d’acheter du bulletin de vote. Il est clair que le discours de la droite : « les Mairies ne font pas le boulot ! » est éculé et simpliste. Mais il est clair également que le discours de gauche « La sécurité est une fonction régalienne qui revient à l’état » ne peut contribuer à améliorer la situation. De même, opposer systématiquement prévention et répression ne peut que contribuer à affaiblir l’action publique en matière de sécurité qui ne peut être efficace que dans la coordination des (petits) moyens réunis.
Je suis encore loin de confier mon bulletin à une gauche aussi réductrice que sa rivale de droite en solutions concrètes.