Les textes de Valéry, Proust et Zola précédemment cités ici sont extraits du dernier livre de Régis Debray, Dégagements, paru aux éditions Gallimard. L'inventeur de la médiologie y dénonce les travers du pouvoir et de l'argent. Avec ce constat étayé par de solides références littéraires : Ce n'était pas mieux avant. C'était pareil. De Louis XIV à Nicolas Sarkozy en passant par la frénésie financière de la fin du dix-neuvième siècle, ce sont, toujours, les mêmes goinfres éhontés qui piétinent la morale élémentaire.
Les fragments de Régis Debray s'essaient aussi à l'exercice d'admiration. L'ancien révolutionnaire, devenu selon ses propres mots homme de lettres et bourgeois, n'aimait rien tant que partager une conversation avec Julien Gracq dans sa maison de Saint-Florent. C'est que l'auteur du Rivage des Syrtes, précisément, ne s'enfermait jamais dans les commodités paresseuses de l'immédiateté. Sa réflexion se nourrissait au souffle des siècles ; le géographe tutoyant l'histoire avec une facétieuse gourmandise.
Volontiers critique envers tous les jargons universitaires et sociologiques, fuyant l'hermétisme d'Aimé Césaire et la lourdeur de Pierre Bergounioux, Régis Debray s'en prend aussi volontiers à lui-même. Les pages où il narre les petitesses de son rapport à l'argent, la peste soit des pièces de monnaie qui déforment les poches, sont absolument truculentes. Notre homme a de l'humour, de l'auto dérision, de la tendresse et on a envie de l'aimer.