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Il y a 30 ans...

Par Calineczka

l y a 30 ans, le monde entier avait les yeux braqués sur Gdansk où les ouvriers conduits par Lech Walesa ont osé défier le pouvoir communiste, avec pour résultat la naissance de Solidarnosc, premier syndicat indépendant du bloc soviétique.

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Les quinze jours précédant la signature des accords historiques entre les grévistes des chantiers navals et le régime, le 31 août 1980, ont été jalonnés d’épisodes extraordinaires, rapportés par des journalistes étrangers accourus sur place, alors que la censure polonaise continuait à museler les médias locaux.

« Les forces spéciales de la milice (police) sont visibles à Gdansk », avait titré le 19 août un envoyé spécial de l’AFP.

Lancées contre les hausses de prix, les grèves prennent vite une dimension politique avec l’arrivée sur les chantiers d’intellectuels dissidents qui deviennent conseillers des grévistes.

Le droit à la grève formellement reconnu


« La rumeur a commencé à courir parmi les ouvriers : les Russes sont à Braniewo » (120 km à l’est de Gdansk), rapporte l’AFP le 20 août.

Des correspondants étrangers s’y précipitent. Les paysans de la région n’ont rien vu. « Aucune animation non plus à Braniewo, ce n’est pas aujourd’hui qu’on verra l’Armée rouge », écrit l’AFP. Les autorités publient un démenti officiel.

Le 22 août, « Varsovie, capitale des rumeurs, s’est réveillée convaincue que la journée allait être décisive : on attendait simultanément une grève générale et une réunion du comité central du PC, avec l’annonce de changements à la direction politique du pays ».

Le jour même, le pape Jean Paul II écrit au cardinal-primat de Pologne Stefan Wyszynski, évoquant « la dure lutte de la nation polonaise pour son pain quotidien et pour la justice sociale ».

Jour et nuit, des familles et des sympathisants se pressent aux grilles fermées des chantiers, apportant nourriture, boissons, fleurs et encouragements.

Les pourparlers reprennent le 23 août, sans résultat. Le comité central du PC se réunit pour limoger le Premier ministre Edward Babiuch et plusieurs collaborateurs du numéro un, Edward Gierek, qui fait son « autocritique ».

« Nous avons gagné une bataille, mais pas la guerre », déclarent les signataires d’un appel de 200 intellectuels.

Le 25 août, nouvelle impasse dans les pourparlers qui reprennent toutefois le lendemain. « Le droit à la grève sera formellement reconnu aux ouvriers polonais par une nouvelle loi », promet le gouvernement. Une révolution pour l’Est.

« La foule se presse de part et d’autre de l’autel dressé devant la grille du chantier naval. Deux ouvriers, le visage grave, se tiennent aux côtés du prêtre qui dit la messe pour les grévistes », rapporte l’AFP. Le monde découvre des photos d’ouvriers se confessant en plein air.

Hausse des salaires


Le 29 août, « la situation a atteint un point critique ». Tout bloque sur les « syndicats libres ». L’organe du PC Trybuna Ludu réaffirme « l’appartenance indéfectible de la Pologne au camp socialiste et ses liens étroits avec l’URSS ».

Enfin, un « bulletin » de l’AFP le 31 août : « Un accord a été réalisé dimanche entre les autorités et le comité de grève de Gdansk, a annoncé son chef Lech Walesa ».

L’accord autorise un syndicat indépendant, prévoit le droit à la grève, une limitation de la censure, des hausses de salaires, la retransmission d’une messe dominicale à la radio-télévision et la libération des prisonniers politiques.

« Nous n’avons pas obtenu tout ce que nous voulions. Mais nous avons obtenu tout ce qui était possible dans la situation actuelle. Et nous obtiendrons le reste ensuite », déclare à l’époque Lech Walesa, prophétique.

 

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source : http://www.lequotidien.re


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