Quand on fabrique des brosses à dents, la difficulté est d’attirer les consommateurs dans un linéaire encombré de produits similaires. Une brosse à dents, c’est quoi ? Un manche avec des poils.
Les marques s’acharnent alors à nous faire croire que telle brosse est plus efficace que telle autre. En réalité, ce qui compte dans le brossage des dents, ce n’est ni la brosse ni le dentifrice, mais la régularité : au moins deux fois par jour et pendant trois minutes à chaque fois. Demandez à votre dentiste, à condition qu’il ne soit pas inféodé par les industriels du secteur.
N’empêche les pros de la brosse entendent innover et se faire reluire l’ego par des trouvailles « révolutionnaires ».
Ainsi en est-il de Sanogyl qui propose à la vente la brosse en duo, ou plus exactement la brosse sexuée : une pour elle, une pour lui.
J’ai déjà dit tout le mal que je pensais du marketing sexuel dans une société où l’égalité entre les hommes et les femmes est encore loin d’être acquise, là ça dépasse l’entendement.
Selon l’esprit inventif des marketeurs Sanogyl, les femmes ont une "petite bouche" (sic!) qui exige une tête fine et rose parce que les femmes sont encore scotchées à leur Barbie ; les hommes ont une "grosse bouche" (re-sic!) qui impose une tête plus large, un manche épais et bleu « technique » parce que les hommes forts et musclés pensent toujours au Meccano de leur enfance.
Cette anthropologie de bazar m’afflige. Et on comprend pourquoi quelquefois les obscurantistes de la société de consommation brament contre ces écarts marketing…
Photo : Sanogyl