La vieille éthique a encore frappé...

Publié le 30 août 2010 par Lheretique

C'est plus fort que moi : ce surnom venu directement du plus haut sommet des Verts m'amuse :-) Plus sérieusement, ce n'est pas mon habitude de soutenir Delanoë, mais, pour une fois, je suis d'accord avec sa manière de voir les choses. 

Dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris et du RPR, il a cherché à récupérer les fonds engagés par la Ville de Paris, et il y est parvenu. Moi, je trouve que c'est bien joué de sa part, et très raisonnable. Delanoë cherche à obtenir réparation, Éva Joly la tête de Chirac. Je n'aime pas trop cette idée de la justice, même si elle a fait la force la Norvégienne dans sa lutte contre la corruption financière.

Delanoë souligne justement que ce n'est pas son job d'endosser le rôle de l'Inquisiteur. Nous sommes encore en démocratie, dans notre pays, que je sache, et c'est encore le droit d'une partie, dans un procès, de renoncer à sa plainte quand un compromis satisfaisant est trouvé.

J'ai toujours aimé dans la justice, l'idée qu'elle était autant corrective que répressive, et davantage au service des individus que des grands principes. Au chapitre 7 du cinquième livre de son Éthique à Nicomaque, Aristote développe une conception du juge qui en fait avant tout le tiers entre deux parties.

Aller devant le juge c’est aller devant la justice, car le juge tend à être comme une justice vivante ; et on cherche dans un juge un moyen terme (dans certains pays on appelle les juges des médiateurs), dans la pensée qu’en obtenant ce qui est moyen on obtiendra ce qui est juste. Ainsi le juste est une sorte de moyen, s’il est vrai que le juge l’est aussi.

Je suppose que je n'étonnerai pas mes lecteurs habituels en leur révélant que idée est reprise par de nombreux économistes libéraux...

La volonté de purifier est une obsession chez Éva Joly. L'établissement de la loi devrait un objectif en soi et non une sorte de catharsis qui pourrait vite virer à la Terreur en version Robespierre. J'avoue que je fais partie des déçus du personnage. J'avais, comme tant d'autres, idéalisé le personnage.

Éva Joly a pris la grosse tête : elle a trouvé très astucieux de se vanter d'avoir mis DSK en examen. Après avoir salué l'homme d'action qu'était Bayrou, elle a par la suite repris le leitmotiv de l'UMP et du PS lors de l'élection présidentielle pour expliquer qu'il n'avait pas de programme. Elle apprend sans doute vite en politique. Et désapprend non moins vite côté éthique...