On sait tous que la France a insuffisamment ou pas du tout indemnisé les harkis pour leurs biens perdus en Algérie. Pire, ils ont failli ne jamais l’être puisque la première loi d’indemnisation (loi n° 70-632 du 15 juillet 1970) les avait complètement ignorés. Et pour cause, l’Etat français ne prévoyait pas de les rapatrier ayant donné des ordres pour les abandonner malgré les risques de représailles. Et on sait ce qu’il en est advenu : des milliers de harkis et de pieds-noirs massacrés, sans aucun respect du cessez-le-feu ni des droits humains.
Il a fallu attendre 16 ans et quelques mouvements de révolte (en 1975 notamment) pour qu’enfin les harkis existent en tant que rapatriés et que la France pense enfin à les indemniser pour leur patrimoine laissé en Algérie (article 23 de la loi n° 78-1 du 2 janvier 1978).
Ce que l’on sait moins c’est que ces deux lois précisent dans leur article 1er que « cette indemnisation (….) a le caractère d’une avance sur les créances détenues à l’encontre des Etats étrangers ou des bénéficiaires de la dépossession ». En gros, cela signifie que c’est l’Algérie qui devait indemniser les harkis et les pieds-noirs. Mais on sait tous que cela n’a jamais été le cas et que la France s’est substituée à l’Algérie et n’a jamais rien demandé ni rien fait pour préserver les intérêts de ses ressortissants.
Dans ces conditions, on pourrait très bien porter plainte contre l’Etat français pour avoir manqué à ses devoirs envers les rapatriés…à moins que l’Etat français exige de l’Algérie le remboursement des sommes avancées…ou que les parlementaires français (mais en auront-ils le courage ?) votent une loi criminalisant les massacres de harkis et de pieds-noirs au lendemain du cessez-le-feu, comme leurs collègues algériens l’ont fait il y a peu en déposant une proposition de loi criminalisant la colonisation française en Algérie.
On pourrait même imaginer que chaque harki ou enfant de harki porte plainte contre l’Algérie pour l’obliger à rembourser les sommes avancées par l’Etat français, car après tout c’est avec l’argent des Français, notre argent, que la France a donné une poignée de cacahuètes aux harkis.