Étincelante étoile
Étincelante étoile ! Que ne suis-je aussi immuable que toi —
Non que je veuille, comme toi, en une splendide solitude
suspendu au faîte de la nuit,
Suivre du regard, les paupières éternellement ouvertes,
Tel l’Ermite de l’univers qui veille infatigablement,
Le mouvement des eaux qui, en leur tâche rituelle,
Baignent de leur pureté lustrale les rivages humains de la terre,
Ou contempler le masque léger que la neige nouvelle
A posé sur les montagnes et les landes —
Non ! — et pourtant, toujours immuable, inaltérable toujours,
La joue appuyée sur la jeune gorge blanche de la beauté que j’aime,
Que ne puis-je épouser à jamais la douce houle de sa poitrine,
A jamais demeurer éveillé en une délicieuse inquiétude,
Sans cesse, sans cesse, l’écouter reprendre tendrement son souffle,
Et ainsi vivre toujours, ou bien me pâmer et mourir.
***
Bright star
Bright star ! would I were steadfast as thou art —
Not in lone splendour hung aloft the night,
And watching, with eternal lids apart,
Like Nature’s patient, sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike task
Of pure ablution round earth’s human shores,
Or gazing on the new soft fallen mask
Of snow upon the mountains and the moors —
No — yet still steadfast, still unchangeable,
Pillow’d upon my fair love’s ripening breast,
To feel for ever its soft fall and swell,
Awake for ever in a sweet unrest,
Still, still to hear her tender-taken breath,
And so live ever — or else swoon to death.
(John Keats)