- ceux du bonheur des vacanciers qui, pour des prix "optimisés" sont allés découvrir une autre région du monde, sont allés à la rencontre d'autres cultures, d'autres terroirs, d'autres rites...
- ceux beaucoup plus sombre de Roms qui ont quitté la misère française, pour une autre misère, dès fois encore plus grande, dans leur pays d'origine qui, ne l'oublions pas, fait partie de l'Europe.
Bien que je n'ai pas l'intention de revenir sur ce point car je l'ai déjà traité à plusieurs reprises, je voudrais revenir sur l'information du 29 août du ministre de l'intérieur roumain Vasile Blaga qui mentionnait "après avoir effectué un contrôle, les personnes expulsées en Roumanie ne figurent pas dans un fichier de la police française, ni dans un fichier de la police roumaine".
Quand au ministre des Affaires étrangères tchèque Karel Schwarzenberg, ses propos dans les colonnes du quotidien pragois Lidove Noviny ont été plus "vifs" car il a vigoureusement condamné le renvoi par la France des Roms en évoquant "des soupçons de racisme" en indiquant que "la façon dont le Président Sarkozy expulse les citoyens roumains est contraire à l'esprit et aux règles de l'UE". Dans l'entretien au journal, Karel Schwarzenberg ajoute "on ne peut pas s'empêcher de soupçonner que des points de vue racistes y jouent un rôle".
Car les motifs invoqués pour ces rapatriements posent question et vendredi dernier, le tribunal administratif de Lille a annulé quatre arrêtés de reconduite à la frontière en s'appuyant sur un arrêt de juillet 2009 de la cour de Versailles qui stipule "que l'occupation illégale d'un terrain communal ou privé ne suffit pas à caractériser l'existence d'un menace à l'ordre public".
Malgré la réprobation internationale, ces expulsions continuent et Bernard Kouchner n'hésite pas maintenant à critiquer la qualité des membres de l'ONU qui ont critiqué l'action française. Je suis certain que ce même personnage n'aurait pas hésité à critiquer violemment la situation si celle-ci se passait dans un autre pays ou s'il n'était pas ministre...
Mais pour ce deuxième type de voyageurs, parti avec un billet"aller simple", il y a eu probablement également une autre misère, beaucoup plus douloureuse que la misère physique, celle de l'amalgame fait par l'Etat français, celle d'être montré du doigt, d'être considéré comme des illégaux...
Ce qui est choquant, pour tous les charters au retour non souhaité c'est que tout cela se passe en Europe, dans un espace où nous devons construire un avenir en commun, une identité commune, un esprit européen espace de liberté des personnes et des biens.
Demain, quand des élections européennes seront à l'ordre du jour, tous ces protagonistes vous promettront, la main sur le coeur, qu'ils sont de vrais européens, qu'ils veulent construire un espace de circulation libre des hommes et des biens !
Derrière tous ces discours, il y a des enfants, des femmes et des hommes qui souffrent dans leur âme et dans leur chair. Il y a des personnes qui ont fui la misère pour aller conquérir un eldorado qui se termine également pour eux dans la misère car les camps détruits sont souvent des zones bruyantes, insalubres, sans eau et sans électricité où beaucoup de personnes n'aimeraient même pas aller y promener leur chien.
C'est dur peut-être mais c'est la vérité. On se demande pourquoi tant d'inhumanité dans un pays comme la France qui, malgré ses problèmes économiques, sociaux, d'insécurité, environnementaux a tout de même les moyens de traiter différemment ces personnes en détresse.
Ce n'est pas en se repliant sur soi-même, en montrant l'autre du doigt qu'on bâtit une grande civilisation, bien au contraire !