Tout ici est plus cher que partout ailleurs dans le monde, l’accueil n’est plus ce qu’il était, les grèves successives empêchent les touristes de repartir. Ils doivent payer des suppléments hôteliers… attendre des heures hors de l’aéroport… ils risquent de perdre leur emploi s’ils ne reprennent pas … un cocktail détonnant qui ne les fera JAMAIS revenir au fenua. Quel gain !
Mon amie B. venue à Papeete en touriste s’est faite agresser à quelques encablures de mon appartement. Le voyou à vélo lui a arraché le sac qu’elle portait en bandoulière, l’a précipitée à terre avec violence et s’est enfui. La plainte au commissariat a encore une fois prouvé aux Autorités que les rues de Papeete ne sont pas sûres, même le jour. La Polynésie offre une très pâle figure au touriste. Je demeure persuadée que les personnes à qui de telles mésaventures sont arrivées n’y reviendront jamais. Mais peut-être est-ce le désir des Polynésiens de demeurer entre eux, dans leur superbe isolement ? Ou est-ce la culture bien franchouillarde du je-m’en-foutisme et de la grève, que les stades d’Afrique du sud ont révélée au monde entier ?
Il me faut servir de guide à B. Je l’ai emmenée au matete (marché) du dimanche matin. Elle n’a pas paru intéressée. Blasée ? Les korori (muscles des huîtres) bof, le mahi mahi (la dorade coryphène) bof, les firi firi (les beignets) bof, les vi Tahiti (les pommes Cythère) elle les a en horreur, le taro, bof - elle préfère le riz. Moorea semblait l’avoir ramenée à de meilleurs sentiments. En 4×4 dans les plantations d’ananas et sur le tour de l’île, en bord de lagon, cela paraissait la distraire mais l’agression brutale l’a sonnée. Avec V. nous l’avons entraînée dans un tour de l’île de Tahiti, encore bof ! Avec J., ce sont trois plateaux de la presqu’île que nous avons parcouru en 4×4 nous offrant des vues sur les lagons et les montagnes de Tahiti extraordinaires. Ce sont des endroits que ne broutent pas les touristes car il faut être introduit par les planteurs eux-mêmes. Là j’avais eu le sentiment que cela lui plaisait, mais… elle compare sans cesse la Polynésie à la Réunion où elle va de temps en temps. Nous avons été invitées à des baptêmes par immersion chez les Adventistes, bof ; un repas tahitien pour la fête des mères, bof. J’espère que son amie qui arrive début juillet mettra un peu plus de curiosité dans cette découverte du pays Maohi.
Une anecdote : nous parcourions les allées du marché. Elle me demanda si je n’achetais pas de mangues. Ici, ce n’est pas la saison des mangues. Je refusais en voyant ce qu’offraient les vendeurs de fruits… des vi Tahiti ! Elle n’écouta pas et acheta un gros tas de fruits. Arrivée à l’appartement, elle me montra son achat. Je lui confirmais qu’il s’agissait de pommes Cythère et non de mangues. Elle ne me crut pas et commença à goûter à la « mangue » qui lui paraissait mûre. Sa grimace me confirma ce que je savais ! Depuis, elle a pris ces fruits en horreur. Mais les vi Tahiti ont une suite. Lors d’un cocktail auquel nous étions invitées, elle choisit une brochette de fruits, jolie, tentante, colorée orange et verte. A la croque, beurk ! Ce sont des vi Tahiti déguisées selon B. Décidemment, mon amie est poursuivie par le mauvais sort !
Sabine