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Là haut sur la colline…

Publié le 29 août 2010 par Philippejandrok

795ffd39b5347d5bdcb78c0fe139f40e.jpgIl m’arrive souvent de penser que la photo que je pratique depuis hum… 39 ans est toujours dépendante de plusieurs facteurs, le premier, c’est la lumière, une lumière quasi divine qui influence notre tempérament et nos idées, cette lumière est dans la nature aussi exceptionnelle qu’inévitable et nous sommes essentiellement dépendants d’elle ; avec la lumière vient le sujet aussi inattendu que le cour d’un ruisseau, on ne sait jamais sur quoi l’on va tomber et je crois qu’il faut se laisser prendre par les hasards de la vie, des hasards qui, selon certains philosophes, n’en sont pas et pourtant, tout n’est pas prédictible, envisageable, car comment envisager l’inconnu si l’on ne le connaît pas, on ne peut pas le projeter puisqu’il est hors de notre imagination et c’est cela que j’aime en photographie, le hasard, la seconde, l’éclair de lumière qui nous surprend au moment le plus inattendu.

La dernière fois je suis allé me promener sur une colline après avoir rendu visite à ma mère, j’ai soudain été pris d’une envie de marcher et d’aller là où mes pas m’avaient parfois menés durant mon enfance, sur cette colline qui surplombe la plaine d’Alsace, le panorama y est simple, des champs à perte de vue en contre bas et la vision de ma ville, Strasbourg, y est selon le temps, parfois brumeux, et par temps orageux, d’une netteté à couper au couteau devant un collier de montagnes noires, on voit poindre la sublime cathédrale de dentelles de grès rose comme un long doigt pointé vers le ciel, mais comment rendre ces effets et reproduire ces instants de bonheur passager, faut-il les immortaliser, les figer sur le papier où s’emplir d’un ravissement soudain pour les garder en soi ?

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De mon point de vue, la ville est trop éloignée pour la montrer, en effet, 15km nous séparent de cette colline, et pour qu’elle prenne un sens sur le papier, je pourrais utiliser un télé objectif mais je perdrais l’ambiance alentour, et nul n’en saisirait l’émotion, je n’ai pas encore de réponse à cette photo que je ferais peut être un jour, un jour, peut-être…

Mais sur le promontoire ce soir là, la lumière était exceptionnelle, le soleil se couchait, le ciel était mouvementé, des nuages emplissaient ce bleu immense, des cumulonimbus aussi beaux que dangereux qui peuvent congeler un parapentiste par surprise en l’aspirant en leur centre obscur et secret, vide d’oxygène et glacial comme l’espace, et nous qui les admirons en les croyant naïvement vide d’air et sans danger, la beauté du diable, si belle, si tranquille en apparence, si assassine si l’on tente de s’en approcher, prédateur du ciel dont la beauté éblouit le vagabond dominical que je suis.

Et puis, nul n’ignore que le soleil ne se couche jamais, mais que la terre en tournant dissimule sa pudeur à l’astre brûlant de sa chaleur réconfortante. Ce soir-là, je découvrais des parapentistes fringants et hardis, qui se lancent régulièrement du promontoire pour aller chatouiller les nuages, cette conjonction réunie m’a permis de me livrer à ma passion, la photographie, l’amour de la nature et la présence de l’homme là où n’est pas sa place, dans le ciel, dans les airs, car nous qui ne sommes pas fait pour voler, avons appris à dompter les courants pour occuper l’espace infini, mais jamais sans danger.

J’étais donc seul face à la composition plastique, à la technologie entre mes mains et à l’interaction de l’homme et des forces de la nature, car l’homme doit conjuguer avec les vents pour s’envoler, porté par cette voile de soie colorée qui part lécher les cieux ; et ne croyez pas qu’il suffise de se lancer pour voler, n’est point Icare qui veut, il doit accepter avec modestie que son existence est négligeable pour se prendre ainsi pour une feuille portée par les vents capricieux.

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Je les ai vu se battre avec leur voile immense, se démener avec et contre les courants pour qu’ils daignent les prendre et les porter dans le vide. Il faut de la force et du courage pour accepter d’être à leur merci et risquer peut-être sa vie, mais conduire un véhicule, c’est également risquer sa vie, toute action fait prendre un risque à celui qui la coure.

Est-il nécessaire de décrire des images, je ne crois pas, les images parlent d’elles-mêmes, c’est le principe de la photographie, « écrire par la lumière », pourquoi a-t-on absolument besoin de décrire l’émotion où la beauté, sommes-nous trop bêtes pour envisager une émotion, pour se laisser prendre par la beauté d’une image sans avoir à subir les commentaires d’arrogants qui prétendent en savoir plus que les autres ?

Je vous laisse juge, en déposant un nouvel album sur ce blog tout en continuant à vivre une époque formidable…


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