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Un an après.

Publié le 29 août 2010 par Reenco

Ce soir, je vais préparer des cakes individuels de poulet et oignon que je vais recouvrir de papier alu, puis composer une salade assaisonnée au vinaigre balsamique que je mettrai dans une boite hermétique Ikea dont j'ai tellement douté avec les secousses du métro ou de la marche pendant quelques années que chaque jour après l'avoir remplie, je l'ai entourée de quatre couches d'alu. Ce soir, je ferai donc pareil. Ensuite, un pot de yaourt subira le même sort, pour qu'il reste frais le temps du trajet. Je n'oublierai pas les couverts, puisque je ne sais pas si il y en a là-bas, je rangerai tout ça dans mon sac Monop' et ça ira patienter au frigo jusqu'à demain.

Puis, je regarderai la météo, et selon, j'irai choisir dans mon placard les fringues que je mettrai demain. Adios les tenues décontractées dont seules les chômeuses peuvent jouir au quotidien, il va falloir ressortir les tenues soignées, les petites vestes cintrées, les pantalons bien coupés-si tant est que je rentre encore dedans et les talons-éventuellement réapprendre à marcher avec. Ah oui, et il va aussi falloir transvaser le contenu de mon sac  bandoulière couleur herbe qui a lézardé avec moi tout l'été au bord du lac dans un sac plus rigide, sans trou, sans tache.

Je prendrai quelques minutes pour limer les ongles des mains et des pieds, tirer quelques poils, et  faire un masque aux cheveux.

Puis, il me faudra me convaincre de me mettre au lit avant 3 heures du mat 23 heures, sans rechigner, sans trainer des pieds, sans m'accrocher à une conversation, un bouquin ou un film à la télé. Après avoir consulté sur le site de la RATP l'heure du RER qui convient le mieux à mon trajet, il va falloir calculer l'heure du lever, en se gardant une marge d'avance, au cas où.

Ce serait con d'arriver en retard le premier jour, hein.

Mettre mon réveil, dormir sans sentir la boule au ventre, l'entendre sonner au petit matin, me lever, prendre mon petit-déjeuner en regardant les infos, filer sous ma douche, me faire potable pour la première impression auprès des nouveaux collègues, fumer un pétard pour calmer le stress-si seulement je fumais, prendre mon pique-nique, dire au revoir dans le vent au bonhomme qui ronflera encore, faire un câlin à ma Lyia qui ne m'a pas vue partir dès le matin pour neuf heures d'affilée depuis plus de 365 jours, enlever tous les poils qu'elle aura laissé sur ma veste, puis enfin refermer la porte derrière moi.

Marcher le pas pressé jusqu'à la gare en me faisant tout de même dépasser par tous les travailleurs aux plus grandes enjambées que les miennes, poser mes yeux sur des attachés case qui se balanceront au bout de dizaines de bras, descendre sur le quai, entendre la rame approcher dans le brouhaha le plus total, trouver une place pour m'asseoir, sortir à ma station, marcher jusqu'à un immeuble, faire un code de porte, entrer dans un bureau, saluer mes collègues ...

Et travailler.

Toutes ces choses banales connues dès l'âge de seize ans que je n'ai pas faites depuis plus d'un an et dont l'absence change un être humain en zombie appeuré.

C'est une trouille incompréhensible, mêlée à une excitation incontrôlable, mais quand même, ça fait un noeud au bide.

Demain, je redeviens quelqu'un qui sert à quelques chose.

J'aurais jamais cru que le chômage, du premier au dernier jour, ce serait si difficile à gérer.


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