29 août 2010
INCEPTION
Inception ne fait pas partie de ces films qui sont vite oubliés. Au contraire : Inception est un film passionant, ambitieux et envoûtant...
Christopher Nolan est passé maître dans l’art des scénarios tordus, et même si son chef-d’oeuvre reste Memento, Inception est un film merveilleusement bien écrit. Ce qui pouvait faire peur c’est que le film soit incompréhensible, mais il est simplement «compliqué» à saisir à certains moments, pour être exact il ne vaut mieux pas être déconcentré.
On retrouve dans le film Leonardo DiCaprio, qui est en train de se bâtir une filmo de légende, et qui est encore une fois excellent. Pourtant son personnage (comme celui de Shutter Island), n’était pas simple. D’ailleurs Dom Cobb ressemble à Teddy Daniels, du dernier Scorsese, par son côté endeuillé, ses cauchemars et ses hallucinations omniprésents. Point commun entre les personnages principaux des films de Nolan, c’est qu’ils ont tous un lourd passé, et un côté torturé par ce passé douloureux. DiCaprio a définitivement passé un cap, impossible de pouvoir le revoir en jeune premier comme avant : fini la gueule d’ange de minot (ce qui passe par une voix plus grave en VF).
Aussi au casting Marion Cotillard (épatante en femme glaciale), Ellen Page (super), Joseph Gordon-Levitt (pareil), Cilliam Murphy (idem) Tom Hardy (très bien aussi) et Ken Watanabe (sa voix VF est un peu compliqué à comprendre, articule pas assez). Casting impec’.
Christopher Nolan a déclaré que son film préféré était 2001, de Kubrick, et Inception y fait penser par le décor rotatif que disposaient les deux films. Nolan a d’ailleurs compris que les effets-spéciaux mécaniques ne peuvent pas autant vieillir que les CGI dont la technologie avance constamment.
Nolan filme de manière très nerveuse les scènes d’action qui te tiennent en haleine : la principale scène d’action dure quand même le tiers du film. Le montage est très rapide sans pour autant être insupportable à regarder. La scène de castagne en état d’impesanteur est une merveille. Mais non seulement les scènes d’action, tout le film est très bien filmé, et compte des ralentis époustouflants.
Les FX numériques sont (presque) tous réussis. Pour compléter l’aspect technique du film, Hans Zimmer compose la BO parfaite puisqu’on ne la remarque pas, car on n’y fait pas attention. Pour l’apprécier, revoir une seconde fois le film. Musique très nerveuse, sans «leitmotiv», mais amplifiant le côté haletant du film avec des tempos rapides et des effets sonores.
Le scénario dispose d’une intrigue riche et touffue, avec de multiples détails pour que le film ne garde des zones non expliqués ou pas claires. Mais le script n’est pas pour autant parfait, quelques détails semblent tirés par les cheveux ou floues (et si la «décharge» les tuait avant ?, l’idée de Mal sur le monde réel...) Des détails anodins semble prendre un sens différent selon l’inteprétation finale. Justement, le soit-disant «twist» final ne m’a pas vraiment étonné, il est prévisible au moment où le plan commence car n’importe quel cinéaste avec un peu de talent aurait fini cette histoire en laissant planer un doute. C’est le genre de film qu’on ne peut pas expliquer à quelqu’un, ni pouvoir l’imaginer, car il est très dense.
Ayant lu sur les forums ou des sites différentes interprétations, la deuxième vision du film a été jouissive car on devient tel un détective. Certains indices (volontaires ou non, c’est la question) sont vraiment troublants (le discours de Saito à Cobb quand il meurt, par exemple).
Je reproche au film de surestimer le spectateur (pour UNE fois à Hollywood) au moment où Ariane explique d’une traite un moyen de s’en sortir, à la fin. Honnêtement, on ne comprend pas.
Justement, le nom Ariane donné à une architecte chargée de construire des labyrinthes, c’est bien vu. Comme le nom de Dormer (Dormir ?) pour le personnage insomniaque de...Insomnia.
Certaines idées (est-ce le rêve ou la réalité ?) rappelle Matrix, autre film de SF ambitieux à l’univers plus riche et tordu que son scénario. Ce dernier était simplement une histoire d’Elu devant libérer les gentils du Mal (et non pas «de» Mal).
Espérons que le succès du film fera savoir aux producteurs que le public n’aime pas seulement aller au cinéma pour voir une suite, ou un film de super-héros mais aussi pour voir des films intelligents. Inception fait partie des meilleurs films que l’on peut voir, quand on va voir un blockbuster estival au budget énome (pléonasme).
Plus qu’à attendre patiemment 2 ans avant de voir Batman 3, de Chris Nolan dont chacun de ses films est au minimum très bon.
Mais, le film me laisse en sortant de la salle une petite sensation mitigée. Peut-être que c'est que le film passe trop vite, ou la fin volontairement très floue, opaque (pistolet ou pas ?)...
En bref : Inception est un film qui mélange les genres, ambitieux et intense regroupant le meilleur de tout ce qu’on aime dans le cinéma : scénario riche et tordu, scènes d’action haletantes et spectaculaires, de l’émotion et des sentiments, une interprétation au poil...Le genre de film qu’on ne voit pas assez et qu’on voudrait voir tout le temps. Un futur classique, du genre à habiter votre subconscient pendant longtemps.
P.S : Je voudrais féliciter Nolan qui, dans le premier plan de Paris, n’a pas utiliser le cliché de mettre la Tour Eiffel . On entend même pas d’accordéon !
Excellent !!!
Note :