16 – L’homme du destin
On retrouve Trebitsch-Lincoln qui voyagea en Asie en 1922. Le général Yang Sen le convoqua et le chargea d’une mission confidentielle auprès du général You Péï-Fou, dont les bandes armées s’apprêtaient à attaquer les siennes. Lincoln négocia un arrangement entre les deux généraux. You-Péï-Fou étant plus puissant que Yang-Sen, Trebitsch s’empressa de le suivre comme conseiller économique. Trebitsch constata que la situation de la Chine était plus déplorable encore que celle de l’Europe. Aucun gouvernement légal, une anarchie complète, des villes pillées, des épidémies. Dans l’état-major de chaque général grouillait une tourbe de conseillers étrangers, d’aventuriers, d’espions, d’usuriers, de marchands d’armes, qui se faisaient une guerre sournoise. Pour surclasser ces canailles, Trebitsch, encouragé par You Péï-Fou se « sinise » au maximum. Il adopta la vêture des mandarins d’ancien régime, rasa sa moustache, copia gestes et attitudes des célestes et prit le nom de Chao-Kung (lumière sur l’Immensité). On initia Chao-Kung à la société secrète des Hong. Cette fois Trebitsch reconnut « la main » des 72 qui l’avaient lancé dans la grande aventure et qu’il avait servit aveuglément sans comprendre le Grand Jeu. La secte des Hong couvrait la Chine. C’est elle qui, en fait, dirigeait les politiques intérieure et extérieure depuis la proclamation de la République, en 1912, par Sun-Yat-Sen. Lincoln gravit rapidement plusieurs degrés dans la hiérarchie et se retrouva bientôt « Gardien de la Porte Nord », ce qui était un grand honneur. Cette affiliation à la Société des Hong lui permit de dresser un schéma clair de la Chine révolutionnaire. Lincoln eut l’intuition que les sociétés secrètes occidentales sont, en fait, des émanations, des « branches » des sociétés secrètes extrême-orientales.
Le 20 mai 1928, une crise ministérielle entraina la dissolution du Reichstag et de nouvelles élections. Le parti nazi obtint 12 sièges de députés. C’est en pleine campagne électorale qu’un mandarin chinois arriva à Berlin. C’était Chao-Kung. Il fut reçut par Haushaufer et eut des entretiens avec lui. Chao-Kung quitta bientôt Berlin. Il reçut tous les moyens financiers et politiques pour mener à bien les missions délicates que Haushofer lui avait confiées. Chao-Kung retourna en Chine. Il rencontra Tchang-Kaï-Chek. En 1929, un inconnu venait d’aller à Lhassa, ville sainte du Tibet. C’était Trebitsch. L’Intelligence service fut mise au courant et le surveilla. Mais en avril 1930, Trebitsch échappa aux filatures. Il était au Tibet pour découvrir le Tantrisme. Il fut particulièrement intéressé par la présence de nombreux svastikas peints en fresque, sur les murs du monastère. L’abbé lui donna pour gourou un anachorète nommé Rigzin. Celui-ci installa son nouveau disciple dans une grotte. Rigzin lui fit mâcher une racine amère ressemblant à un gros navet et ses malaises disparurent instantanément. Rigzin était en réalité, le baron balte Algeloff. Il avait été un fidèle de von Sternberg. Lincoln avait été envoyé par Haushofer au Tibet pour trouver des survivants des troupes de von Sternberg. Au début de la seconde guerre mondiale, Trebitsch était près de la frontière mongole. Haushofer l’avait envoyé à la recherche de « racines d’immortalité », ou gin-seng. A l’époque de Trebitsch, ce remède n’était accessible qu’aux riches parce qu’il était rare. Trebitsch réussit à déterrer une douzaine de racines de gin-seng. Mariel prétend que Haushofer espérait faire contribuer le gin-seng à la sélection d’une race de surhommes, objectif essentiel du nazisme.
Au Tibet, Chao-Kung combattit l’influence du dalaï-lama et contribua à sa déposition et à son exil. Puis Lincoln devint un agent actif des Japonais dans tout l’Extrême-Orient. Mariel, toujours aussi délirant, prétend que les savants nazis tirèrent du gin-seng un élixir de longue vie. Les alliés se seraient battus pour obtenir le secret de cet élixir. Les Français auraient cherché le Pr von R. qui avaient fait des expériences in vivo sur des prisonniers des camps. Ce Pr se cachait sous le nom de Hans Mutter. Mais les Français furent doublés et retrouvèrent le cadavre du Pr von R. mais aucun de ses documents.
17 Edelweiss
Goering naquit le 12 janvier 1893 à Ronsenheim. Il fit de bonnes études secondaires, fut admis à l’école militaire de Gross-Lichtenfeld d’où il fut affecté comme sous-lieutenant à un régiment d’infanterie. Pendant la première mondiale il fut affecté à une escadrille de chasse comme observateur. Ses qualités de pilote lui valurent le commandement d’une escadre de chasse et la croix pour le mérite. La fin de la guerre fit de lui un chômeur aigri. En décembre 1918, alors qu’il était encore en uniforme, il se fit agresser dans la rue par des pacifistes. Il reçut comme un éclair la « révélation » que la défaire, les malheurs du vaterland étaient l’œuvre des sociaux-démocrates, des mercantis et des Juifs surtout. Il fut reclassé dans l’aviation civile. Un après-midi de l’hiver 1920, le comte Eric von Rosen, explorateur de l’Asie centrale, engagea Goering pour le conduire en avion à son domaine de Rockelstadt en Suède. Il l’accueillit chez lui. La cheminée était ornée de svastikas. Le comte parla de Thulé à Goering, de la tradition nordique, des droits et devoirs de la race des seigneurs, il récita des passages des Eddas et des extraits de Rohrbach. On présenta à Goering Karin von Kantzon, belle-sœur de von Rosen. Elle s’était remarié après la perte de son premier mari, avait un fils de huit ans. Son père était Balte et sa mère Irlandaise. Goering en tomba amoureux. La famille de Karin l’admit dans la Communauté de l’Edelweiss. L’Edelweiss avait été fondée par la grand-mère de Karin. Elle était présidée par sa mère, la baronne von Beamish-Fock. C’était une sorte de monastère au cœur d’un parc de Grev-Turegatan, dans la banlieu de Stockholm. Le temple ressemblait à un chapitre de rose-croix de la franc-maçonnerie écossaise. La doctrine de l’Edelweiss était vague. On y glorifiait le christ sous ses symboles de Soleil de Justice et de Premier-né d’entre les morts. On s’exlatait à la lecture de l’Apocalypse et l’on vivait dans l’expectative du Troisième Règne prédit par Joachim de Flore. Les héros germaniques et les Eddas étaient évoqués. On superposait le Svastika à la Croix dans un syncrétisme étrange. D’autre part, on rejetait l’Ancien Testament, car il était le livre de ces Juifs qu’on méprisait. En revanche, sur une musique de Richard Wagner, on paslmodiait des poèmes de Stefan George et l’on glorifiait les dieux de la mythique Thulé. On prédisait le crépuscule des dieux, qui sera suivi de la résurrection d’un monde purifié. Quelques initiés, enfermés dans le chêne Ygg drasil, ayant été épargnés par le feu cosmique, repeuplerait la Terre… Un nouvel Age d’or apparaîtra… La vie universelle reprendre son cours… Sur ces rêveries se superposaient les messages de la Terre et du sang. D’où l’importance essentielle de la pureté du sang. Celui qui a le malheur d’être irrigué par des sang mêlés restera toujours un être inférieur, tout juste destiné aux tâches serviles. En 1937, une des adeptes de l’Edelweiss, la princesse Marie Elizabeth von und zu Wied publia un traité intitulé La vie intérieure dont elle dédicaça un exemplaire à Goering. Goering se maria avec Karin le 3 février 1923. Ils vécurent près de Munich. Karin mourut le 17 octobre 1930. Jusqu’au moment où Hitler conduisit l’Allemagne, les sociétés secrètes y pullulaient. Elles s’y livraient à des guerres sournoises et acharnées. Une des premières missions confiées à Hess fut de les surveiller puis de les interdire, au seul profit des associations conformes à l’idéal nazi.
La Société Théosophique était liée au gouvernement britannique pourtant la femme du général Ludendorff fut inscrite au « cercle intérieur de la ST ». Les nazis vouèrent une haine farouche aux anthroposophes du Dr Rudolf Steiner. L’anthroposophie groupait de nombreux intellectuels allemands surtout en Bavière. Pour discréditer les disciples de Steiner, la propagande nazie attribua à l’un d’eux la défaite de la Marne ! Les nazis disaient que Steiner était juif et ses disciples enjuivés. Mariel évoque la contre-initiation dont parlait René Guénon. Pour lui la contre-initiation était satanique. Dans une conclusion essentielle, René Guénon apporte la clef de la doctrine nazie : « On ne saurait trop se méfier de tout appel au « subconscient », à l’ »instinct », à « l’intuition ». On se gardera de tout ce qui induit l’être à se fondre dans une sorte de conscience cosmique, exclusive de toute transcendance. Les malheureux engagés dans cette voie fatale prennent pour une plénitude de vie ce qui n’est, en vérité, que le royaume de la mort et de la dissolution sans retour. Mariel prétend que Guénon à prophétisé le nazisme en écrivant : « Il y aura une collectivité qui sera comme l’extériorisation de l’organisation de la contre-initiation. Celle-ci ayant à sa tête un personnage qui, placé à la tête de cette collectivité sera l’expression la plus complète et comme l’incarnation même de ce qu’elle représentera. Ce sera évidemment un imposteur, puisque son règne ne sera, par excellence, que la grande parodie, mais il lui sera impossible de ne pas jouer ce rôle. Après l’égalitarisme de nos jours, il y aura de nouveau une hiérarchie affirmée visiblement, mais une « contre-hiérarchie » dont le sommet sera occupé par l’être qui, en réalité touchera de plus près au fond des « abîmes infernaux ».
Mariel se trompe car Guénon n’a jamais eu un mot contre le nazisme et contre la Shoah. De plus il était contre la démocratie et contre l’égalitarisme. La « bible » du nazisme est « Le mythe du XXè siècle » de Rosenberg qui se vendit presque autant que Mein Kampf. L’auteur proclame que la race, c’est l’âme, c’est la race vue du dedans. Le devoir du XXè siècle est de créer un nouveau type d’homme à partir d’un nouveau mythe de la vie : la Race ! Il écrit : « Il suffit d’avoir un sang pur pour gouverner le monde ».
18 – société secrète et néo-nazisme
Le 8 novembre 1948, à la gare de Rome des reporteurs accueillirent un homme accompagné de gorilles et suivi par des supporters. C’était le Prince Cherenzy-Misaraï-Ling, le Très Saint Tasdhi Hukutu Kwang Hish, dit aussi K.K. Maha Choha, de l’univers occidental. C’était un Tibétain. Il avait mission de prêcher la bonne parole à l’Europe toujours dolente de la guerre. Ce Tibétain prétendait être âgé de 257 ans mais rajeunissait grâce à un yoga particulier et à des infusions d’herbes. Ayant été placé devant un peloton d’exécution pendant la Révolution russe de 1917, cette réincarnation du bouddha s’était révélé à l’épreuve des balles. Il parlait et écrivait 22 langues. Il avait rédigé 200 ouvrages de philosophie, de religion et d’ésotérisme. Il résidait dans un monastère au Tibet. Là, des procédés magiques lui avaient permis de reconstituer la bibliothèque d’Alexandrie, incendiée par le khalife Omar, en l’an 636 de l’ère chrétienne. Il reçut des représentants du Vatican. Il avait créé des centres Bodha pour la diffusion de la sagesse bouddhique. Pour recevoir ses visiteurs, le Maha Chohan avait mis une soutane blanche et une calotte de soie pourpre. Il donna une conférence dans le palace où il était descendu. Il s’exprima en tibétain (pourtant Mariel nous dit qu’il parlait 22 langues ?). Un homme le confondit en lui demandant d’échanger avec lui les formules traditionnelles de salutation. Alors Maha Chohan se précipita hors de la salle. Le contradicteur était le Pr Tucci de l’Académie d’Italie, un des rares voyageurs européens qui aient pénétré dans la ville sainte de Lhassa. Maha Chohan envoya son assistant pour déclarer qu’il reviendrait si l’importun quittait la salle mais Tucci avait préparé un questionnaire et donnait au pseudo Tibétain une heure pour y répondre. Alors l’assistant quitta la salle sous les sifflets. Les pseudo-Tibétains furent interpelés par la police ce qui fournit une abondante copie aux journaux romains. Le Pr Tucci révéla que le pseudo Tibétain s’était affublé de titres musulmans et que ses messages tibétains étaient truffés de fautes. La police italienne regretta d’avoir expulsé les deux complices car Interpol annonça que le faux lama était sous le coup de mandats d’arrêt belge et français et se nommait en réalité Paul Lievens né à Bruxelles en 1898. Avant la guerre, il avait été condamné par un tribunal belge pour escroquerie. Il s’était réfugié en France où il vivait de menus larcins. Alors il avait été enrôlé dans l’équipe rédactionnelle du journal allemand Die Pariser Zeitung. C’était un collaborateur de la Gestapo. Les deux compères se réfugièrent en Californie où ils créèrent une secte magico-religieuse ayant des affinités avec le Klu-Kux-Klan. Avant l’épisode romain le Maha Chohan s’était présenté, 51 rue de Seine à l’Association des amis du bouddhisme afin de s’y faire reconnaître comme grand instructeur sous l’appellation de Pr Cherenzy-Ling mais il avait été démasqué. Cependant, grâce à son bagou, il ne tarda pas à réunir un petit groupe de disciples fervents et cotisants.
A Sofia, vers 1930, vivait un saint homme nommé Peter Deunov mais que ses disciples appelaient Died, le grand-père. Il portait une barbe et menait une vie ascétique. Il fut massacré en 1944, avec la plupart de ses fidèles, par les communistes. Il était l’ultime chef des Bogomils, une secte chrétienne. Les Bogomils refusèrent les impôts, la propriété, la vie familiale. Ils affirmèrent que le monde terrestre était l’œuvre non de dieu mais de Satanaël. Ils furent persécutés mais la foi bogamile se transmit de siècle en siècle. Au XIè siècle, les persécutions s’arrêtèrent et les Bogamils voulurent essaimer de par le monde. Died, avant de mourir envoya un de ses disciples, Petrov, en Europe afin qu’il convertisse l’occident à la Vraie foi. Il partit en France et rencontra Cherenzy qui le choisit pour disciple préféré. Petrov confia son petit troupeau au Maha Chohan. Cherenzy annonça la création d’une banque mondiale et lança un passeport spirituel universel. Il fonda une revue, Signe des Temps. Il prépara un congrès spirituel mondial. Cherenzy travaillait pour le compte d’hitlériens réfugiés en Amérique du Sud avec la complicité de Paul Lievens. Petrov, indigné, démasqua l’agent nazi auprès de ses propres disciples. Mais Cherenzy monta un piège dans lequel Petrov tomba. Il fut accusé d’attentat à la pudeur envers deux mineures et fut condamné à quatre ans de prison. Cherenzy et Lievens disparurent vers une direction inconnue.
A propos du svastika
Le svastika ou croix gammée évoque le quaternaire. C’est en kabbale juive, le tétragrammaton au nom sacré de quatre lettres yod, Hé, Vau, hé. Le svastika, a été adopté par les théosophes de Blavatsky et le colonel Olcott l’a placé dans les armes de la Société Théosophique.
Le premier écrivain qui ait parlé du svastika est Louis Muller, il pensait qu’il signifiait « le mouvement circulaire » et il l’associa au soleil et à la race aryenne. William Simpson, dans un rapport sur une expédition en Palestine, regarda le svastika comme le mouvement solaire ou, peut-être, dans un sens plus étendu, le mouvement céleste des étoiles. Voici, selon Thomas Carr, la distribution géographique du svastika était celle-ci : 1) il n’y a aucune trace de ce signe aux âges de pierre ni dans les époques paléolithiques ou néolithiques. 2) Mais ce signe a été largement répandu dès l’Age de Bronze, 3) Dans la préhistoire, il était adopté par les Chinois, les Japonais, les Acadiens et quelques dynasties égyptiennes, par les premiers Aryas de l’Inde, par les Troyens préhomériques, les Etrusques, les Crétois, les autochtones de la Grèce et de l’Asie mineure. 4) Dès le début de la période historique, il fut dessiné par les Chinois, les Japonais, les bouddhistes de l’Inde, les premiers Goths et Scandinaves et les Romains. 5) Aux temps modernes, il a été dessiné par les Chinois, les Japonais, les Lapons, les Finnois, Les Indiens d’Amérique du Nord, les Hindous, les Scandinaves. 6) Dans tous les endroits où l’on rencontre les svastikas, on a découvert également des peuples adorant l’Etoile polaire. 7) Les seuls peuples chez lesquels on a découvert des exemples fréquents du svastika depuis les temps préhistoriques jusqu’à nos jours sont les Chinois, les Japonais, les habitants de l’Inde, les Indiens d’Amérique du Nord.
Le svastika fut d’abord le symbole de la rotation autour de l’Axe terrestre et représente comme tel la rotation des sept étoiles de la Grande ourse autour de l’étoile polaire. En relation avec cette première signification, il est devenu le symbole du Feu et il a certainement été regardé comme le symbole du Soleil. Il est devenu un emblème religieux bénéfique et fut employé dans ce sens par les Bouddhistes primitifs et par leurs continuateurs.