Malin. S’il n’y avait qu’un mot pour résumer l’animal Fabien Galthié, ce serait celui-là. Le nouvel homme fort du rugby à Montpellier est pourtant relativement neuf dans le métier d’entraîneur. Quatre saisons à Paris au Stade Français (avec un titre de champion en 2007) et quelques piges comme conseiller technique pour l’Argentine. Voilà le cursus de coach de l’ancien demi de mêlée de l’équipe de France. Court, au regard de certains crocodiles comme Jacques Brunel ou même Guy Novès, et plutôt brillant.
Mais Galthié, dont la nouvelle équipe vient de s’offrir coup sur coup les scalps du Racing-Métro 92 et de Perpignan, à Aimé-Giral s’il vous plaît, est aussi, et peut-être surtout, un fascinant phénomène médiatique. Sans emploi en club de fin 2007 à 2010, Galthié s’est débrouillé pour devenir paradoxalement l’un des personnage les plus en vue du rugby français.
Un caméléon de l’ovalie
Sorte de caméléon de l’ovalie, Galthié a su pendant sa période de retraite volontaire être à la fois disert et discret. Une gageure. Consultant à France Télévisions, notamment pendant le Tournoi des Six Nations, il n’a pas eu son pareil pour offrir aux téléspectateurs son expertise à travers une pédagogie et une phraséologie inimitables. En vingt-quatre mois d’exercice, il a été désigné meilleur consultant de la télévision, tous sports confondus ! Dans le même temps, il distillait le plus parcimonieusement possible les informations sur la demi-douzaine de clubs différents où les observateurs les plus avisés le voyaient atterrir tous les deux mois. « Mais non, je n’ai aucun contact, je ne suis pas pressé, je suis bien dans ce que je fais… »
Et Galthié a débarqué dans l’Hérault. Une surprise pour beaucoup dans un club ne faisant pas partie du gotha et de surcroît secoué par d’incessants soubresauts de direction et de gestion depuis des années. Un choix pourtant pas si étonnant. Galthié se sait sans doute compliqué à gérer, peut-être un peu de par sa faconde ou ses manières un peu personnelles. Et comme le défi ne le rebute pas, il s’est fait un jouissif plaisir de prendre, avec son compère Eric Béchu, une équipe sans galons et au potentiel évident. Même dans un contexte délicat, rendu encore plus explosif il y a quelques semaines par le remue-ménage supplémentaire causé par Georges Frêche, le très controversé président de l’agglomération montpelliéraine, virant sans ménagement et pour raison clairement politique Thierry Pérez, celui-là même qui avait engagé… Galthié.
Mais l’homme est un rebond ovale à lui tout seul. Capable de dire qu’il se sent « un peu étranger » sur ses nouvelles terres après avoir été « très marqué par (son) aventure au Stade Français » et d’affirmer le jour suivant que « le passé c’est le passé, le défi c’est de réinventer une histoire ici« . Rusé, je vous disais…