Magazine Poésie

Quand j’ai peur (John Keats)

Par Arbrealettres
Quand j’ai peur (John Keats)


Quand j’ai peur, parfois, de cesser d’être
Avant que ma main de poète n’ait glané la moisson de
mon cerveau fertile,
Avant que des volumes hautement étagés n’enserrent en
leur texte,
Comme en riches greniers, la moisson bien mûrie;
Quand je contemple sur la face étoilée de la nuit
D’énormes symboles nuageux d’une merveilleuse légende
Et songe que je ne vivrai peut-être pas assez longtemps
Pour en retracer les ombres, d’une main guidée par la
magie des hasards;
Et quand je sens, ô exquise créature d’une heure,
Que je ne poserai jamais plus les yeux sur toi,
Que jamais je ne savourerai le pouvoir ensorcelant
De l’amour insouciant — alors, sur le rivage
Du vaste monde, seul et debout, je médite
Et l’amour et la gloire s’abîment au néant.

***

When i have fears

When I have fears that I may cease to be
Before my pen has glean’d my teeming brain,
Before high piled books, in charact’ry,
Hold like rich garners the full-ripen’d grain;
When I behold, upon the night’s starr’d face,
Huge cloudy symbols of a high romance,
And think that I may never live to trace
Their shadows, with the magic hand of chance;
And when I feel, fair creature of an hour!
That I shall never look upon thee more,
Never have relish in the faery power
Of unreflecting love! — then on the shore
Of the wide world I stand alone, and think
Till Love and Fame to nothingness do sink.

(John Keats)

Illustration: David Caspar Friedrich



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Arbrealettres 2788 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine