Un homme qui a le mérite d’être clair !
Malgré cela, certains tentent de lui coller une étiquette de «faux jeton» qu’il ne mérite aucunement pourtant. Il a suffi qu’il soit absent du match face au Gabon pour cause de pubalgie persistante, qu’il est encore en train de soigner à ce jour, pour que les vieux démons ressortent des cœurs des rancuniers qui se sont mis à aiguiser leurs couteaux pour se préparer à lui couper la tête. Pourquoi donc tant d’acharnement à l’encontre de cet homme qui a le mérite d’avoir été clair, depuis son premier contact avec l’Algérie ? Pourquoi veut-on descendre ce joueur talentueux, de loin, le meilleur à son poste et qui n’aspire à rien d’autre, qu’à une place parmi les siens, pour défendre les couleurs de ce pays qu’il appris à aimer aussi fort que les autres, en l’espace d’un temps record ?
Les 35 minutes qui ont créé cette nouvelle polémique
Il a suffi qu’il ait accepté de jouer 35 minutes avec son club contre Salamanca (1-0), pour que les langues se délient à nouveau, lui reprochant de faire privilégier ses rapports avec son club à ceux de l’Equipe d’Algérie. La polémique bat son plein une énième fois au sujet de la relation de Medhi Lacen avec les Verts. Au point de re-commencer à faire douter les supporteurs de sa sincérité à porter le maillot algérien. D’aucuns ont eu même le toupet de se demander si Lacen n’allait pas lever le pied désormais, maintenant qu’il a participé à cette fameuse Coupe du monde qui l’aurait fait opter pour l’Algérie de son père. Comme si on ne voulait plus jamais le croire, après ses hésitations passées, sur lesquelles il s’était largement expliqué sur nos colonnes et dont nous n’avions plus aucun soupçon de doute. Mais il en fallait beaucoup plus pour faire taire ses détracteurs…
On peut tout lui reprocher, sauf sa franchise
A Lacen, on peut pourtant tout reprocher, sauf de la mauvaise foi, tellement ses propos sont clairs comme de l’eau de roche. A aucun moment, on n’a pu déceler chez lui un double langage. Même lorsque ses hésitations avaient fait pester le staff technique et les joueurs. Lacen a gardé une ligne droite, et toutes ses déclarations étaient empreintes de franchise et de sincérité. Même lorsque Saâdane et les autres joueurs tentaient de camoufler les carences de l’équipe après la défaite cinglante de Dublin, Medhi Lacen était le seul à reconnaître que «l’équipe n’est pas encore prête pour le Mondial». Ceci avait d’ailleurs mis les autres dans une gêne pas possible, eux qui clamaient à cor et à cri qu’il n’y avait pas d’inquiétude à se faire pour la suite. Mais Lacen est comme ça, franc et entier.
Il ne cache pas sa pubalgie, pendant que d’autres le font
C’est par exemple le seul à dire ouvertement ce qu’il pense au sujet de son club et de l’EN. On lui avait posé la question avant la Coupe du monde, pour savoir s’il allait rester à Santander ou partir ailleurs, du moment qu’il ne lui restait qu’une année de contrat. Dans pareil cas, tout joueur vous demanderait de lui éviter une question aussi gênante, qui pourrait le faire rentrer en conflit avec ses dirigeants. Pas lui. Sa réponse est très révélatrice de son audace, mais surtout de sa sincérité : «Il me reste un an de contrat et je me plais à Santander autant que ma femme et mes enfants. Si on veut faire un effort financier pour que je prolonge, je le ferai avec plaisir. Maintenant, si on me dit non, je n’ai pas à m’inquiéter, puisque dans un an, je serai libre de tout engagement… », nous a-t-il lancé naturellement, comme si le sujet concernait quelqu’un d’autre que lui.
Il se soigne tous les jours
Voilà donc comment est cet homme que certains ont du mal encore à cerner, malgré toutes les explications qu’il a données au sujet de la polémique qui a précédé son arrivée en Equipe d’Algérie. Ceux qui le croyaient «guéri complètement pour Santander et malade pour les Verts» sont en train de l’accuser à tort, malgré une pubalgie qu’il n’a jamais cachée, alors que beaucoup d’autres joueurs à sa place l’auraient cachée précieusement, pour ne pas faire fuir d’éventuels recruteurs. Il le dit ouvertement, clairement et même naturellement. «Oui, j’ai une méchante pubalgie qui m’empêche de jouer normalement. Avec l’EN, j’ai souvent joué avec des douleurs», nous avait-il révélé à mainte fois. Car Lacen n’est pas encore remis à 100% de sa pubalgie. D’ailleurs, lorsqu’on l’avait appelé au téléphone jeudi en fin d’après-midi, il était en séance de soins.
«Rappelez-moi dans 20 minutes, le temps de terminer les soins»
«Rappelez-moi dans 20 minutes, le temps de terminer avec le soigneur», nous a-t-il dit gentiment en s’excusant de retarder l’interview que vous avez entre vos mains. C’est après cette petite attente qu’on a pu discuter avec lui et pour qu’il nous explique qu’il sera avec les Verts lors du prochain stage, sans pour autant pouvoir jouer le match face à la Tanzanie. Là encore, sa sincérité saute aux yeux. Car il nous est difficile de comprendre qu’un joueur qui ne veut pas jouer un match (comme le soupçonnent ses détracteurs), accepte de venir vivre de l’intérieur une rencontre aussi palpitante, sans pour autant y prendre part. Si Lacen voulait réellement refuser de jouer ce match du 3 septembre, il serait resté chez lui, auprès de ses enfants. Et non pas faire face aux revanchards qui ne se priveront pourtant pas de lui faire les yeux doux pour un… entretien, fut-il empreint de totale hypocrisie.
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Lacen : «J’espère être prêt dans une dizaine de jours»
Rassurez-nous un peu Medhi, c’est quoi ces soins que vous êtes en train d’effectuer ?
Ce sont toujours les mêmes soins qui concernent ma pubalgie. Mais rassurez-vous, ça va de mieux en mieux, même si je ne suis pas encore complètement rétabli. Je me soigne tous les jours en espérant me sentir mieux le lendemain. Je me donne le temps de revenir à ma forme optimale et je ne veux pas précipiter les choses, au risque de rechuter au mauvais moment. Je suis entre de bonnes mains avec le staff médical du Racing Santander et les choses s’améliorent de jour en jour, même si je n’ai pas encore retrouvé la plénitude de mes moyens.
En vous voyant prendre part au match face à Salamanca, on pensait que vous étiez enfin remis. Aviez-vous rechuté après ce match ?
Non, ce n’est pas ça. Après 10 jours d’entraînement, les médecins et le coach voulaient voir comment ma pubalgie allait réagir. Ils m’ont donc demandé de jouer ces 35 minutes, pour voir exactement où on en était. J’ai donc pris part à ce bout de match, mais j’ai ressenti encore des douleurs malheureusement. On était donc fixé à ce sujet. Je voulais tester ma blessure et je constate que ce n’est pas encore ça. Voilà pourquoi j’ai joué une demi-heure contre Salamanca.
Seriez-vous convoqué pour ce match face au Barça ?
Honnêtement non, même si un match pareil, tous les joueurs rêveraient de le jouer. Maintenant, si le staff médical donne son accord et que le coach décide de me faire jouer, je ne pourrai pas refuser. Je rejouerai même avec des douleurs. C’est au médecin de voir si je dois le jouer ou pas. Mais personnellement, je pense que ça ne sert à rien de jouer ce match, si après cela je devrai rechuter. Pourquoi prendre le risque bêtement ? Je souhaiterai bien évidemment être guéri à 90% au moins, avant de pouvoir rejouer. S’il y a un risque de rechute, il vaudrait mieux l’éviter, c’est tout. Je préfère rater un match contre Barcelone que de rater toute une partie de la saison à cause d’une rechute. Il faut attendre une semaine à dix jours pour que je sois vraiment prêt. C’est du moins ce que je souhaite.
Vous savez, les 35 minutes que vous aviez jouées ont créé une petite polémique en Algérie. Certains n’ont pas bien compris que vous jouiez avec votre club tout en étant dispensé du stage avec l’EN ?
Franchement, il n’y a pas lieu de polémiquer, car avant tout cela, il faut savoir que je discute avec le staff technique en permanence et c’est d’un commun accord qu’on a décidé que je ne joue pas le match contre la Tanzanie. Et puis, il ne faut pas oublier que lorsque la liste avait été établie par le sélectionneur national, j’étais encore loin de pouvoir me douter que mon coach en club allait me demander de jouer quelques minutes. Je ne savais pas si ma blessure allait s’améliorer ou pas. La preuve, c’est que j’ai ressenti encore des douleurs pendant ce match. Mais sachez que je serai présent aux côtés de mes camarades pour le stage du 29 août. Je viendrai au stage et j’assisterai au match pour encourager l’équipe. C’est sûr qu’il me sera difficile de les voir se battre des tribunes, mais je viendrai quand même pour soutenir mes camarades. Je ne pourrais malheureusement pas être de la partie, car je ne saurai expliquer à mon club et mon coach à Santander une éventuelle rechute, avec la sélection algérienne de surcroît. Aller jouer pour revenir blessé une fois de plus, ça me mettrait dans une situation délicate vis-à-vis de mon club employeur. Je ne pourrais pas leur expliquer ma décision de rejouer un match important et musclé, alors que je suis toujours en période de soins. Ce ne sera pas bien vu pour la suite, vous comprenez ?
Les joueurs algériens ne se sont pas vendus après le Mondial, à quoi cela est-il dû selon vous ?
Même moi j’ai été surpris. Mais qu’on le veuille ou non, il faut voir les choses en face. L’équipe s’est, certes, qualifiée brillamment à la Coupe du monde, on a peut-être fait quelques bonnes choses sur le terrain, en n’étant pas ridicules et tout. Mais au final, les gens ne retiendront que le résultat et notre dernière place de notre groupe. On a terminé dernier avec un seul petit point. C’est cela la vérité malheureusement. La Coupe du monde est, certes, une belle vitrine pour les joueurs, mais notre parcours n’a pas été aussi fort que les autres. Il ne faut pas se voiler la face. On n’a pas été en finale ou en demi finale pour s’étonner que les recruteurs ne regardent pas de notre côté. Le parcours n’a pas été catastrophique, tout comme il n’a pas été étincelant, au point d’attirer l’attention des grands clubs. Cela dit, même en Espagne, les joueurs n’ont pas beaucoup bougé. A part les quatre équipes qui en ont les moyens, le marché des transferts est resté très calme partout. Cela aura au moins le mérite de rassurer quelque part.
Même vous, vous n’avez pas reçu d’offres ?
Moi, mon cas est différent. Je joue en Liga et je me sens très bien au Racing Santander. Il me reste un an de contrat et je ne me prends pas la tête pour autant. Je n’ai pas encore discuté avec le président. Mais dans le pire des cas, je resterai dans un club où je me sens bien avec ma famille. Et l’année prochaine, je serai libre de tout engagement et je négocierai moi-même mon contrat.
Il y a eu au moins la bonne nouvelle du transfert de Rafik Halliche à Fulham, non ?
Franchement, je n’ai pas été surpris par ce transfert. Je connais Rafik et je l’ai côtoyé suffisamment pour dire qu’il a largement mérité ce transfert. Ses qualités de défenseur robuste et athlétique sautent aux yeux et justifient bien qu’un club comme Fulham s’intéresse à lui. Halliche est un très, très bon joueur et je suis sûr que Fulham n’est qu’une étape dans sa jeune carrière. Sa marge de progression est importante et je ne serai pas surpris de le voir un jour jouer dans l’un des plus grands clubs d’Europe.
Kadir nous a dit que vous l’avez soutenu après sa blessure…
Je suis un joueur, avant tout, je ressens tout ce qu’il ressent et je partage totalement son malheur. J’ai appris sa blessure en regardant l’émission «Jour de foot», je crois. J’ai été vraiment peiné pour lui. C’est quelqu’un que j’ai appris à apprécier pendant qu’on s’est côtoyé en Coupe du monde. J’ai donc décidé de l’appeler, naturellement, pour lui témoigner mon soutien. On en a tous besoin dans ces moments. C’était donc la moindre des choses.
Qu’est-ce que vous lui avez dit de particulier ?
Je lui ai dit surtout de ne pas se précipiter et vouloir revenir plus tôt que prévu. C’est l’erreur à ne pas commettre dans ce cas. Je lui ai dit de prendre son mal en patience. Je lui ai aussi dit : «Surtout prends tout ton temps pour te soigner.»
On a constaté à Crans Montana que vous avez eu de bons feelings avec Mourad Meghni. Vous vous appelez encore ?
Oui, bien sûr, Mourad est un garçon très agréable. Je n’ai pas eu à me forcer pour me rendre compte de sa sympathie. On a senti de bons feelings comme vous dites et on s’échange souvent des sms, comme tous ceux qui s’apprécient. J’espère qu’il reviendra bientôt sur les terrains pour nous émerveiller encore de son immense talent.