Magazine

Max | Il a suffi

Publié le 28 août 2010 par Aragon

crossroads.jpg

Je me donne des excuses, il a fallu que je cogite longtemps pour donner  juste raison à ma cancritude fatale. Il a fallu que je trouve. J'eusse aimé étudier, et à bonnes moeurs dédier mais dès la première minute du premier jour de ma première rentrée scolaire au lycée d'Ortès, en 1962, dès le premier rang formé dans lequel mes pas prenaient le pas sur d'autres pas,  sans leur marcher dessus, je tiens à le préciser, dès ce premier instant une tape amicale sur l'épaule me fit me retourner, la suite je ne la vis pas car un formidable coup de poing dans l'estomac m'étala raide par terre sur le bitume. Pourquoi ? Je ne sais pas, ne l'ai jamais su, je débarquais juste du car scolaire, étais bien trop timide, mais je laissais  ensuite une seconde chance au lycée en me promettant de ne plus jamais recevoir de coups sans faire face, rester debout. Jamais. Promesse tenue.

Il ne la saisit pas quand un mois plus tard mon aimée, ma prof de français adorée, Marguerite Mandagaran, je cite son nom et sa mémoire - je veux citer son nom - Marguerite fut assassinée d'un coup de fusil par son fiancé (jaloux, fou ?), criminel monstrueux abruti réel,  j'étais tétanisé par la souffrance. Je compris que les hommes étaient redoutablement dangereux, en puissance vivante ou en esprit, que j'aurai affaire à eux, que le monde est rempli  particulièrement d'une engeance machiste qui ne s'éteindra jamais. Dur à douze ans. Marguerite Mandagaran était une prof de français extraordinaire, douce, et à la voix si douce. Je l'ai pleurée.

J'étais patient pourtant, quel imbécile ! Je fis une troisième tentative d'insertion, mais un pion sado-tortionnaire rattrapa le cours de la vie indigente que je menais dans ces salles de classe, dans ces couloirs et cette cour de pseudo récréation, champ de bataille en vérité. C'en était fini de mes études. C'en était trop, je haïrai donc ma vie à présent. Je deviendrai si fort  dans ma détermination qu'Hercule et Samson seraient des enfants de choeur à côté de moi. Je serai maître de ma vie désormais. Le lieu : l'école, ces moeurs, ce but : étudier, me seraient donc à jamais étranger.

La poésie m'a, hélas, parallèlement, recueillie dans ces années-là... Las, mon coeur pesait déjà trop lourd dans ma poitrine, je ne pourrai jamais, ma vie durant en supporter tout le poids infernal. Il a suffi...



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aragon 1451 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte