Des films en 3D, d'accord, mais de qualité !

Publié le 28 août 2010 par Olivier Walmacq


En ce qui me concerne, je préfère voir les films en 2D. Mais il y a ceux qui apprécient la 3D (c'est à dire la plupart du public) et cet article leur est donc destiné.

Il y a un tel engouement envers le relief 3D ces derniers mois que les spectateurs – étrangement – semblent ne plus faire très attention à ce retour (définitif ?) à la 3D dans les salles obscures. Car il est important de savoir qu'il existe une bonne et une mauvaise 3D. Mais le grand public s'en contrefout et, bien sûr, les studios de cinéma en profitent pour se remplir les poches !

Pour ceux qui n'auraient pas acheté le numéro du magazine SFX de juin dernier, je me permets de reproduire ici l'intégralité de l'éditorial de ce numéro afin de mieux comprendre le problème.


EDITORIAL DE SFX n°146 (juin 2010)

La sortie du Choc des Titans constituait un test clé pour l'avenir de la 3D au cinéma. On se souvient que le relief a été ajouté au film à la dernière minute, sans jamais avoir été pris en compte dans la mise en scène, par des graphistes travaillant 24 heures sur 24 pour tenir des délais impossibles (huit semaines pour détourer et recomposer 150.000 images !).
Le résultat est évident: ce film est l'exemple même de ce qu'on peut faire de pire en matière de relief sur grand écran. Non seulement la 3D n'ajoute rien au spectacle, mais elle le dessert par son artificialité évidente. Sans oublier cet effet de filtre qui retire toute luminosité aux images originales. Le problème, c'est que ce défaut majeur n'a pas empêché le film de faire un « carton » planétaire.

Pour Hollywood, une seule conclusion s'impose: le public veut de la 3D, et de toute évidence, ça ne le gêne pas si elle est de mauvaise qualité !
On ne va donc pas s'embêter à tourner en 3D, on va simplement envoyer le film en Inde où il sera converti au relief par des prestataires au prix de revient imbattable.
Et on pourra ainsi vendre les places plus cher et s'en mettre plein les poches! Une stratégie à court terme qui permet aux studios de remplir les caisses à bon compte.
Et tant pis si les puristes, dont nous sommes, se plaignent de ce relief 3D à deux vitesses. Le grand public, lui, en redemande.

Plus d'une quinzaine de films 3D vont se succéder cette année sur les écrans. Presque tous seront des conversions 2D/3D, sauf bien sûr les films d'animation pour lesquels le problème ne se pose pas.

Il faut donc regretter que les studios considèrent le relief uniquement comme un moyen de vendre le même produit plus cher, alors que des cinéastes comme James Cameron l'envisagent comme un prolongement de leur art, comme une nouvelle couleur ajoutée à leur palette de cinéaste. Deux mondes opposés: celui de l'art et celui de l'argent.

Souhaitons que le grand public apprenne vite à faire la différence entre les deux et qu'on nous dispense de cette 3D au rabais qui fait mal aux yeux, à la tête et au portefeuille.

Alain Bielik (fondateur et rédacteur en chef de SFX magazine)