« C’est désespérant : tout lire et ne rien retenir ! Car on ne retient rien. On a beau faire effort : tout échappe. Ca et là, quelques lambeaux demeurent, encore fragiles, comme ces flocons de fumée indiquant qu’un train a passé. » Jules Renard Journal 28 août 1889
Je m’apitoyais sur moi-même, désolé de ne pouvoir mémoriser tout ce que je peux lire, or dieu sait si je lis et fais des efforts pour me souvenir de toutes ces pages déchiffrées, je croyais être seul dans ce cas, comme atteint d’une « maladie » honteuse pour moi, et puis je tombe sur cette phrase d’un illustre ancien, atteint du mal qui me frappe à l’identique. Quel soulagement soudain de ne plus se sentir seul, savoir que d’autres partagent vos tourments ça réconforte et si ça ne fortifie pas ma mémoire pour autant, je n’ai plus de regrets ou de peine à accepter le gouffre sans fond où s’abîme le plus gros de mes lectures.