La situation s'enlise dans les facs. Comme je m'y étais engagé sur ce blog, je suis allé à l'A.G. (haut lieu, comme chacun sait, de la démocratie) qui avait lieu hier à Tours à 16 heures, et qui a reconduit le blocage des Tanneurs. Il faut que je vous fasse partager ce grand moment.
Je n'ai pas pu entendre chaque intervention en détails, car le brouhaha et l'absence de micro rendait l'ensemble très difficile (et très pénible) à suivre. A 17 heures, après une heure de baratin (on va dire que ma vision est partisane, mais tant pis), l'assemblée était toujours en train de définir l'ordre du jour. Un certain nombre d'étudiants opposés au blocage et qui ne cachaient pas leur mécontentement ont eu beau demander à ce que l'on procédât immédiatement à un vote sur le blocage de l'Université, les grévistes s'y sont opposés, en nous expliquant d'une voix douce (ça fait plus démocrate) que si l'on votait immédiatement et que le vote contre le blocage l'emportait, l'assemblée revoterait très probablement le blocage après notre départ, considérant qu'elle avait été manipulée.
L'argument est anti-démocratique à souhait (Si le PS avait dit aux électeurs ayant voté Sarkozy le 6 mai : "attention, dès que vous aurez le dos tourné, il est très probable que nous refaisions [sic] un vote pour élire le président de la République", cela aurait été du même tonneau...). Bref, les grévistes ont tout fait pour faire durer les "débats" le plus longtemps possible (après l'ordre du jour : "explication" de ce qu' "est" la loi LRU, bilan de la coordination nationale du week-end, bilan des luttes au niveau national de la semaine passée puis du jour, bilan local de la lutte depuis une semaine, bilan de la journée, motion sur une organisation d'une coordination nationale à Tours, réflexion sur les perspectives à donner au mouvement, bilan du bilan [ah non, celle-là, c'est moi qui l'ajoute !], etc. etc.), espérant, en retardant le vote le plus longtemps possible, obtenir le découragement d'un maximum d'étudiants non grévistes, ce qui n'a pas manqué d'arriver (et d'autres avaient des trains à prendre), et au final le blocage a été reconduit à 700 contre 300.
Et à dire vrai, je comprends ce découragement : le vote a eu lieu à 19h35 ! Attendre plus de 3h30 le bon vouloir de ces messieurs dames, souvent debout, en n'entendant pas grand chose sinon le ressassement perpétuel du même discours (ceux qui ont déjà éprouvé une forme d'impatience ou de lassitude après une demie heure d'un discours d'Arlette comprendront très bien ce que je veux dire...), en ne voyant même pas le visage des orateurs (c'était mon cas...), tout cela dans la moiteur d'une salle sans fenêtre et impossible à aérer correctement, collés les uns contre les autres : il y a de quoi en avoir assez.