Tiens, voilà une bonne portion de salades à la mode de l'UE pour vous.
La commission Européenne a annoncé aujourd'hui le résultat de la nouvelle édition du sondage Eurobarometer -effectué en mai, au plus fort de la crise- avec un communiqué de presse ayant pour titre "Les citoyens de l'UE sont en faveur d'une plus forte gouvernance économique Européenne". 75% des Européens, nous dit-on dans ce communiqué, sont en faveur de donner un plus grand rôle à l'UE dans la coordination des politiques économiques et budgétaires de États membres.
Le Commissaire à la Justice Viviane Reding, qui est aussi en charge de la communication, commente ainsi :
"Une claire majorité en faveur d'une gouvernance économique Européenne améliorée montre que les gens voient l'UE comme une partie décisive de la solution à la crise."
Clairement, il se passe quelque chose de louche ici, en particulier du fait que seuls 26% des gens enchainent en disant qu'ils considèrent que l'UE est la mieux placée pour faire face à la crise financière et économique.
Et ça ne pouvait pas rater, en effet la Commission tente de nous mener en bateau. Les personnes interrogées par l'étude Eurobarometer se sont seulement vu demander si, oui ou non, "une plus forte coordination des politiques économiques et financières entre tous les États membres de l'UE" serait efficace pour combattre la crise en cours. La question ne mentionne même pas le rôle de l'UE ou le terme "gouvernance économique Européenne". Avec créativité, la Commission additionne ensuite les personnes interrogées qui pensent qu'une coordination plus forte serait "très efficace" (26%) et celle qui la trouvent seulement "assez efficace" (49%), pour arriver au chiffre de 75%.
Sérieusement, ils nous prennent pour des idiots ou quoi ? On peut retourner ça dans tous les sens, ça ne sera toujours pas la même chose que 75% des Européens en faveur de donner à l'UE plus de pouvoirs pour surveiller les économies nationales, ce que la Commission essaie de nous faire croire dans son communiqué de presse.
L'Eurobaromètre aurait pu, à la place, poser la question suivante : "Pensez vous qu'on devrait donner à l'UE plus de pouvoirs pour surveiller l'économie de votre pays, y compris les questions de dépenses publiques et de taxation ?" Nous soupçonnons que les résultats auraient été complètement différents.
Ce sur quoi la Commission ferait mieux de se concentrer est le fait troublant que seulement 49% des personnes interrogées pensent que d'être membres de l'UE est "une bonne chose", en baisse par rapport aux 53% d'il y a un an. Ou encore que le pourcentage de gens qui pensent que d'être membres de l'UE est une "mauvaise chose", a atteint son plus haut niveau en une décennie, 18%.
De plus, le pourcentage de gens qui pensent qu'être membres de l'UE est une bonne chose a baissé de 5% en France et aux Pays Bas, par exemple, et par un très frappant 10% en Allemagne (ou le niveau est maintenant à 50%), en juste un an. Au passage, ces pays sont tous des contributeurs nets au budget de l'UE.
La commission voit-elle ces indices ? Nous l'espérons mais, pour une raison ou pour une autre, nous en doutons.
PS : si nous usions des mêmes méthodes que la Commission pour étayer nos thèses, nous pourrions additionner les personnes interrogées qui ont dit qu'être membres de l'UE est "une mauvaise chose" avec ce qui ont dit que ce n'est "ni bon ni mauvais" (29%) pour obtenir un remarquable 47% de "non enthousiastes de l'UE".
Un article du blog de Open Europe.