Quelques extraits pris au hasard de mes dernières lectures :
De la même façon que ma fille scrute les traits de mon visage pour tenter d'y trouver des indices de la femme qu'elle est en train de devenir, moi aussi je me mire en elle et ... quelquefois, pour une expression fugace, un geste à peine ébauché, un reflet de carnation, j'ai un frisson qui me zézaie dans le coeur : ma fille me ressemble ! Sans aller jusqu'au flaubertien mais combien tentant : Ma fille, c'est moi !, je m'effraie de me voir si ... imparfaite en ce miroir. Je me sens doublement confuse : primo, que m'arrive-t-il, d'où me remonte cette douleur diffuse ? Mais aussi, secundo, confusion des identités : est-ce moi que je reconnais en elle ? Est-ce elle qui est si semblable à moi ? C'est une choucroute variée !
Ma fille (Conseils aux mères d'ados), de Sonia Feertchak (Plon, 2010)
(...) dans le monde que tu imagines, et qui me fait peur, qui me glace les sangs, au moins, ça, ça restera humain. Les livres. Moi, je ne suis pas comme toi. Je ne pense pas du tout que les machines vont les rendre inutiles, au contraire, on en aura besoin plus que jamais, parce que je te le dis, moi, on va étouffer ! On courra après, on lira tout ce qui a été écrit avant, et on se dira : ah ! mince, ils en avaient de la chance, ils avaient un endroit où se cacher ! Où on ne pouvait pas venir les embêter, leur dire ce qu'il faut faire, ce qu'il faut penser ! Ta génération, comme tu dis, il ne faut pas qu'elle se trompe de cible. Remarque, les machines, je n'ai rien contre, je travaille depuis vingt ans sur un ordinateur, j'ai un portable, un lecteur de DVD, et je suis tout le temps sur Internet pour mon travail.
- Alors, où est le problème ?
- Le problème, c'est que ça prend trop de place, trop d'importance dans nos vies... ça finit par nous déshumaniser.
Pourquoi on écrit des romans..., de Danièle Sallenave (Gallimard jeunesse, 2010)