Tout commence avec un reggae sautillant, "Mother & Child Reunion" qui s'occupe d'emplir la pièce de soleil. "Me & Julio Down By the Schoolyard" est un classique, un tube pop qui déboule à toute allure, nous ramène en enfant. Les fans de Wes Anderson se souviendront des jumeaux qui font les 400 coups avec leur grand-père dans une scène inoubliable de "La Famille Tenenbaum". Une chanson qui donne envie de courir et sauter dans les flaques d'eau. Siffler de joie et toujours retomber sur ses pattes. Il y a aussi un blues, "Peace Like A River". Enfin ça commence comme un blues mais ça se transforme très vite en ballade très tendre. Même chose pour "Hobo's Blues", qui est un jazz manouche plein d'allégresse. Seul "Paranoia Blues" porte bien son nom, il sonne comme si Paul Simon avait passé un séjour dans le Sud et revenait à New York avec un rythme entêtant et une voix de bluesman. Pleins de chansons magiques et bien produites, dans un album très varié, annonçant déjà l'afro-pop génial de "Graceland", un autre bijou du monsieur.
Mais avant de retourner écouter cette merveille (en faisant ma vaisselle en rythme), il faut que je vous parle de mon titre favori, que j'ai garder pour la fin. C'est "Duncan", le plus mélancolique de l'album, qui rappelle un peu "El Condor Pasa (If I Could)", à cause de la flûte de pan. Et je crois bien que ce qui me plais tant et m'émeut autant sur ce titre, c'est la flûte de pan. Dès que j'ai entendu "Ducan" pour la première fois, flash-back immédiat. Je me souviens quand j'étais gamin, ces longues semaines passées sur le littoral vendéen avec mes grands parents. On se levait tôt pour marcher jusqu'au bourg, acheter du pain, faire un tour du marché et parfois, je réclamais une bande-dessinée. Tous les dimanches, un cirque s'installait en ville et moi ça me terrifiant tous ces animaux sur la grande place, ces singes qui gueulaient en cage. Près du chapiteau, il y avait toujours un groupe venu du Pérou. Ils jouaient de la flûte de pan et je faisais de grands yeux devant cet instrument exotique. Mon grand-père leur avait acheté une K7 qu'on écoutait dans la vieille R5, sur la triste route du retour. Je dois l'avoir quelque part cette K7, ça me fendrait le coeur de l'avoir perdu. En tout cas, depuis ces vacances, je retombe en enfance dès que j'entends de la flûte de pan. C'est un instrument qui invoque de vieux fantômes, un instrument majestueux qui fait de "Duncan", un bouleversant morceau de pop comme seul Paul Simon sait les fabriquer. Je vous invite donc à redécouvrir cet album et à savourer la fin des vacances en sa compagnie.