Nouvelle Orléans : le patchwork de la reconstruction

Publié le 23 décembre 2007 par Josst

   
Deux ans et demi après le passage de l'ouragan Katrina (de K comme on l'appelle là-bas), la Nouvelle Orléans se reconstruit peu à peu, au hasard de projets individuels et de bricoleurs endurcis.
Les financements tardant les habitants ont dû s'organiser, faire avec le peu qu'ils avaient.
Dans le Lower 9th, un des quartiers les plus pauvres de la ville, les maisons laissent toujours passer le vent qui s'engouffre au grés des lattes de bois arrachées et des vitres anéantis. Sur les 22 000 personnes qui vivaient ici, 900 seulement sont revenus par choix mais parfois contraints par la nécessité. 
Les habitants, aidés de quelques associations participent à la renaissance du quartier. Il y a quelques mois, l'école Martin Luther King a réouvert ses portes sur Claiborne Avenue. Seul petit problème: les élèves manquent à l'appel obligeant la direction scolaire à "s'exporter" et faire de la pub dans les quartiers alentours.
La reconstruction s'établit doucement, impulsée par quelques îlots actifs (initiatives personnelles, projets de quartier,...) conférant à la ville une image de "Patchwork" géant de petits chantiers. Lorsqu'un habitant obtient les remboursements de son assurance il reconstruit, mais comme ceux-ci arrivent au compte-gouttes et qu'aucun véritable plan de reconstruction d'ensemble n'est établit, rien avance. 
  
La Nouvelle Orléans se redresse de façon anarchique. On reconstruit aux endroits ou on ne devrait plus reconstruire disent certains, pointant du doigt le quartier des classes moyennes de Lakeview au nord-ouest de la ville qui s'avère être un des quartiers les plus bas de la Nouvelle Orléans. Les habitants ont les moyens de reconstruire et ne s'en privent pas malgré la situation à risque de leur quartier.
On estime que sur les 450 000 habitants qui vivaient dans la ville, seuls 265 000 environ sont revenus y vivre.
Quelques programmes d'Etat sont mis en place tel que le programme Road Home qui doit faciliter la réinstallation des habitants évacués. En moyenne les financements accordés à ceux-ci s'établissent aux alentours de 68 000 dollars. 
La ville compte aujourd'hui pas moins de 35 000 maisons abandonnées. Beaucoup d'entre elles se situent sur des terrains "élevés", des terrains qui en tout cas n'ont pas souffert de la montée des eaux lors du passage de Katrina. De nombreux habitants des "bas quartiers" demandent aujourd'hui au delà d'un simple financement à des fins de reconstruction, un échange pur et simple de leur maison.
La Nouvelle Orléans n'est aujourd'hui plus qu'un cirque à ciel ouvert, un cirque fait de toiles et de caravanes à l'intèrieur desquelles les habitants attendent.
Seules 45% des personnes éligibles à l'aide à la reconstruction ont ainsi reçu de l'argent pour le moment.

  
Le travail pose également un problème majeur. Après Katrina, La Nouvelle-Orléans a connu un afflux important de travailleurs, souvent clandestins, venus du Mexique et moins chers à embaucher que la  main-d’œuvre locale. Il faut aujourd'hui redéfinir la démographie de la ville qui, historiquement restait à majorité afro-américaine. Il faur savoir que la plus part des 150 000  habitants qui ne sont pas encore reinstallés à la Nouvelle Orléans sont noirs.
La ville se refait pas à pas, et lentement on voit revenir la vie dans les quartiers qui bordent le vieux carré et la "CBD". Les concerts reprennent et le jazz réinvente au fil des notes un passé dont il ne pourra jamais plus, que prolonger la nostalgie.