Nedjma * à ** de Kateb Yacine (1956)

Par Essel

Quatre jeunes gens, Mustapha, Rachid, Mourad et Lakhdar, travaillent comme manœuvres sur un chantier. Lorsque leur patron, M. Ernest, frappe Lakhdar, celui-ci lui rend son coup et part en prison. S’ensuit la fuite des garçons de ce village de l’Algérie française. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Et que représente pour eux cette Nedjma qui semble les fasciner ? 

Tragédie familiale dans l’Algérie orientale des années 50, Nedjma laisse s’exprimer la poésie de l’une des premières voix algériennes d’expression française. Lyrique et violente à la fois, cette voix chante l’amour de ces quatre jeunes gens pour Nedjma, intouchable pour ces descendants de la même tribu, la métisse qui, comme eux, n’a jamais vraiment connu ni son père ni sa mère, Française, qui fut convoitée, séduite, enlevée et aimée par les pères des quatre garçons. Cyclique, l’intrigue finit par là où elle a commencé, retraçant tour à tour les chemins des quatre jeunes Algériens, qui les mènent inéluctablement vers l’éblouissante Nedjma. La guerre d’Algérie commence à peine avec le premier massacre de Sétif, mais déjà on sent sourdre la révolte chez ces jeunes gens que dominent les colons.

Tantôt s’étirant en de longues diatribes poétiques, tantôt s’écorchant en de courtes phrases, la langue de Kateb Yacine nécessite attention et réceptivité, tout comme son intrigue familiale complexe. Pilier de la littérature algérienne contemporaine, ce roman, par cette richesse et complexité, exige une lecture confirmée. 

YACINE, Kateb. – Nedjma. – Seuil, 2008. – 274 p.. – (Points ; P247). - ISBN 978-2-02-028947-4 : 7 euros.

Emprunté