« Le secret du surdoué »… Pourquoi ne pas dire (et choisir pour titre), plutôt, son « drame » ?
Car comme nous l’explique de façon très simple et très accessible, dans le livre, la psychanalyste Raymonde Hazan elle-même surdouée « diagnostiquée », le surdoué n’est pas l’être béni des dieux, au-dessus du lot que l’on croit, bien au contraire.
Être à part, inadapté social profond, il « agace », il gêne, on ne l’aime guère, et pourtant, il a un besoin d’amour supérieur à celui du commun des mortels.
R. Hazan explique : être « surdoué » n’est nullement affaire de Q.I, contrairement à ce qu’on a supposé bien longtemps. Pas plus, du reste, que de grande précocité.
La « douance » (pour reprendre le mot un peu malsonnant à mon goût des Québécois) tient à des caractéristiques qui se résument en quelques mots : hyper-sensibilité, curiosité boulimique et hyperactivité de la pensée, mémoire d’une grande solidité, originalité des idées et des comportements, créativité, réticence à se « couler dans le moule » allant souvent jusqu’à l’indiscipline, impossibilité de s’investir dans des tâches qui ne passionnent guère, immaturité affective traduite, notamment, par l’impatience et la « candeur ».
Lorsque cette « douance » est mal acceptée par les autres, dépression et « agoraphobie » font le lit de l’échec. Vous trouvez cela réjouissant ?
Le surdoué – qui se sent désespérément seul – passe sa vie à rechercher des êtres qui lui ressemblent, et il n’est pas rare qu’il finisse par prendre en haine sa propre particularité.
La « névrose » en profite pour fondre sur lui et pour, bien fréquemment, l’amener à s’autodétruire, à gâcher son brillant potentiel en une série de ratages pitoyables qui peuvent même en faire une épave.
Ses précieux dons ne se manifestent que si et seulement si, affectivement, il se sent « sécurisé » et s’il a déniché un ou plusieurs centres d’intérêt qui l’électrisent. Raymonde Hazan insiste sur ce mot essentiel, ce mot-clé : la « motivation ».
Pour le reste, son « authenticité » et son hyper-sensibilité désarment le pauvre hère, le rendant particulièrement malhabile au jeu social (un petit peu comme dans le cas de l’autiste).
La tentation du surdoué est toujours de se replier dans sa « bulle », de « s’enfermer dans son monde » extrêmement secret et « fermé », parce que, plus que tout autre, il a besoin de protection.
Voilà. L’assez court livre de Raymonde Hazan ne s’étend pas davantage. Il se veut un ouvrage direct, à la portée de tout un chacun et résolument pragmatique. Les aspects scientifiques plus « pointus » du sujet ne l’intéressent guère. Seul l’intéresses l’aspect humain.
Il se lit très vite, car le style en est vivant et tout sauf hermétique.
Je le recommande aussi bien aux surdoués qu’à tous ceux que la question n’indiffère pas : il éclaire, sans prendre la tête. Il démythifie également, car, dans la France « égalitariste », le thème du surdoué gêne encore. On a peur que les surdoués, s’ils apprennent qu’ils le sont, prennent « la grosse tête » et « écrasent » les autres, leur donnent un sentiment d’infériorité.
Comme si la Nature n’était pas, par essence, inégalitaire !
Comme si, dans le doux pays de France, il n’y avait pas de privilèges (autrement plus injustes que celui-ci) !
Les surdoués sont une infime minorité de gens qui souffrent sans en être responsables (pour des raisons d’ordre génétique).
Leur « privilège » n’est lié ni à l’argent, ni à la caste, ni au pouvoir, ni à la violence.
Ils ont le droit qu’on les aide à sortir de leur solitude, de leur malaise, que l’on réponde à leur besoin de stimulation intellectuelle et qu’on les laisse entrer en contact avec leurs seuls « miroirs » : leurs pairs !
Où est le mal ? Sinon dans l’œil d’une « idéologie » bornée, compliquée, chez beaucoup, d’une inavouable mais réelle jalousie.
P.Laranco.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 11 janvier à 08:22
à déconseiller, redites de livres d'auteurs non réactualisées, des incohérences, voire de la désinformation