Le DTN de L'athlétisme Français...

Publié le 27 août 2010 par Stephanebigeard

L'athlétisme Français à brillé cet été lors des championnats d'Europe de Barcelone, avec ses 18 médailles...

Est ce le climat espagnol qui a inspiré nos athlètes Français, puisque les Espagnols gagnent actuellement dans de nombreuses disciplines... foot, basket, vélo, tennis, golf ... ou est une approche différente de l'encadrement de nos sportifs ?
Voilà un très bel article de Rémi Dupré, lu sur Le monde.fr qui illustre le rôle clé, joué par le DTN, Ghani Yalouz, l'un des artisans de cette belle réussite Française.
Comme quoi un vrai bon manager motivant peut vraiment transformer des sportifs assez communs en véritables sportifs de haut niveau international.
Ghani Yalouz, un lutteur pour relancer l'athlétisme français
Longtemps l'athlétisme français s'était méfié de ce dirigeant venu d'ailleurs.
Nommé directeur technique national (DTN) en mars 2009, Ghani Yalouz est considéré aujourd'hui comme le principal artisan de l'imposante moisson de médailles obtenues par la délégation tricolore lors de l'Euro de Barcelone.
"Il a mis les athlètes dans les meilleures conditions avant la compétition", se félicite Jean-Claude Perrin, entraîneur au Racing Club de France.
Plébiscité au lendemain du triomphe catalan, l'ex-lutteur de 43 ans a pourtant connu la grisaille de la suspicion.

Durant une décennie, Ghani Yalouz s'est révélé telle une référence mondiale, mais sur les tapis de lutte.
Médaillé d'argent lors des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996, il mène ensuite de brillantes études pour devenir professeur de sport.
S'il clôt sa carrière en 2000, le natif de Casablanca n'abandonne pas l'univers des joutes gréco-romaines.
En sept ans, il gravit les échelons de la Fédération française de lutte.
Et devient logiquement directeur technique national de cette discipline.
Son plus beau fait d'armes sera la consécration des frères Guénot lors des JO de Pékin en 2008, avec l'or pour Steeve et le bronze pour Christophe.
"UN ÉLECTROCHOC"
Une réussite qui ouvre de nouvelles perspectives.
En mars 2009, l'athlétisme français vit une énième crise politique avec le départ du DTN Franck Chevallier.
Le président de la FFA Bernard Amsalem songe alors à une solution extérieure, et en concertation avec la ministre de la santé et des sports Roselyne Bachelot, il se tourne vers Ghani Yalouz.
L'homme n'est pas issu du sérail.
Aussitôt, le microcosme de l'athlétisme se cabre.
Comment un ex-lutteur peut-il oxygéner une discipline qu'il méconnaît ?
"Je suis fonctionnaire et j'ai toujours été contre la consanguinité. Je tire ma légitimité d'une dose de bon sens et d'une connaissance pointue du monde sportif", se justifie encore Ghani Yalouz.
"Quand j'ai proposé ce nom au ministère, j'ai été très critiqué, confie Bernard Amsalem. Je pense pour ma part que pour être DTN, il n'est pas indispensable de connaître le sport en question. Il faut par contre avoir des qualités de management, d'animation de groupe, de réflexion stratégique. L'arrivée de Ghani Yalouz a créé un électrochoc."

Dès son intronisation, il délègue à son adjoint André Gimenez la partie technique.
Lui se réserve l'essentiel : la gestion humaine.
En août 2009, il doit assumer sèchement le fiasco de la délégation tricolore lors des Mondiaux de Berlin.
"On m'a fusillé car j'avais fait confiance à la jeune génération", confie le débonnaire DTN.
Dans l'optique du prochain Euro de Barcelone, il sait que les étoiles montantes seront suffisamment affûtées.
LE FACILITATEUR DE L'ATHLÉTISME TRICOLORE
Le nouveau directeur technique national va alors chercher auprès des fédérations performantes (natation, escrime) des méthodes de management.
"J'ai une culture de sport de combat. C'est un atout d'émaner de l'extérieur. J'ai pu greffer une dimension humaine sur la technicité de l'athlé", précise M. Yalouz.
En bon chef d'orchestre, il décloisonne les spécialités en se rapprochant des entraîneurs et des clubs.
Des pôles d'entraînement collectif et des stages à l'Insep sont institués.
Ghani Yalouz consulte régulièrement les managers.
"Il fallait réunir la famille de l'athlétisme", résume le DTN.
Pour préparer l'Euro barcelonais, il décide de relancer quelques stars vacillantes.
Il éteint les fâcheries en réintégrant la trentenaire Christine Arron dans le relais 4 × 100 m. Puis repêche Ladji Doucouré sur le 110 m haies et Myriam Soumaré sur 100 m.
Favoritisme ?
"Je respecte le passé des champions, explique Ghani Yalouz. Il fallait en relancer certains. Je sais comment fonctionnent les athlètes de haut niveau."

Cette dimension psychologique fait partie intégrante de la "méthode Yalouz" ; soigner les âmes devient son leitmotiv.
Quand le champion Yohann Diniz connaît un désert sportif, le DTN passe alors quelques jours dans la résidence du marcheur.
Blessé et forfait pour Barcelone, Medhi Baala reçoit les appels attentifs de M. Yalouz, convaincu que "par la parole, on peut galvaniser un athlète".
"REVOIR SA COPIE"
Sportivement, il impose aussi son calendrier.
Dans ce sens, la date des championnats de France de Valence est avancée tactiquement à deux semaines de l'Euro barcelonais.
"Je souhaitais que les athlètes français puissent dépasser leurs propres records. Et qu'il y ait une saine concurrence au sein de la délégation tricolore", souligne Ghani Yalouz.
Dans ce sens, les rivaux du 3 000 m steeple Bob Tahri et Mahiedine Mekhissi s'entraînent ensemble à Font-Romeu, dans les Pyrénées, pour préparer le rendez-vous catalan.
Ils signeront un doublé sur la piste barcelonaise, après avoir fait une course d'équipe inédite.

Avec 18 médailles, le camp hexagonal a enregistré un palmarès historique à l'Euro.
"L'équipe de France était soudée, avance le DTN. L'insouciance des jeunes s'est parfaitement mêlée à l'expérience des anciens. Mais il faut rester humble."
Psychologue en chef de l'athlétisme français, Ghani Yalouz est désormais tourné vers les Jeux olympiques de 2012.
D'ici là, il compte "revoir sa copie".
Plutôt bonne à Barcelone.
Rémi Dupré pour le monde.fr
Allez, au plaisir de vous lire...