C'est le genre d'évidence qui nous saute aux yeux uniquement quand on y est confronté. Comme si notre intelligence - la mienne du moins - n'était pas en mesure d'imaginer que parmi les pauvres, il y avait des pauvres. 'Pluss pauvres' j'veux dire. On a l'habitude à Mtl de penser que les pauvres sont ceux qui sur le coin des rues, nous proposent leur casquette pour qu'on n'y dépose ce qui flotte dans nos poches. Vision un peu simpliste et surtout partielle d'un phénomène plus vaste, plus complexe. À PAP donc, on croise des gens qui présentent leur chapeau aux passants. Au centre-ville, sur la route de Canapé-Vert, sur la rue près de l'hôpital, là où les blancs ne s'aventurent qu'à la climatisation de leur 4x4. Là où les ayisien circulent à pied, ces 80% qui gagnent moins de 2$ par jour. Parmi ces gens qui allongent leur chapeau, il y a souvent des personnes qui montrent des handicaps. Pieds qui pointent derrière, genoux qui plient vers l'extérieur … Des gens qui chez nous, auraient eu accès, à la naissance ou plus tard dans la vie, à une chirurgie et une réadaptation qui leur éviteraient peut-être aujourd'hui d'allonger le chapeau. Il y a donc ces mendiants que les pauvres aident. En fait, l'enjeu est d'arriver à se faire une idée de ce qui flotte dans les poches de ces passants. Sûrement assez pour aider !