Comme ça, sans plus: Pour parler de Prague

Publié le 10 mai 2007 par Strogoff
Alors c'est vrai qu'en ce moment je ne publie pas velu, et que j'en suis sincèrement désolé. Je ne vais pas vous ressasser à nouveau mes sempiternelles fades excuses comme quoi j'ai du boulot, qu'il n'y a que 24h dans une journée, qu'il faut bien dormir, boire et manger de temps en temps, bref j'avoue humblement que je n'ai pas le temps. Et croyez-moi cela me navre. Cela me navre d'autant plus que mes lecteurs assidus vont peut être se dérouter de mon blog à la longue, qu'il y a encore plein de choses à dire et à montrer sur Prague, et donc cela me navre de délaisser mes publies (temporairement, rassurez-vous) au moment où elles commencent à rencontrer un franc succès (international) et une réelle reconnaissance dans le monde francophone de cette belle ville de Prague. Mais bon, hein, pas ma faute, pas fait exprès, pas taper sur la tête avec la louche en inox.
Bien, après cette séance de mea culpa confiteoresque passons au sujet du jour. Ou plutôt les sujets, parce qu'aujourd'hui je vais vous parler de plusieurs sujets d'actualité à propos de Prague. C'est d'ailleurs aussi pour ça que je vous y mets des photos de (Prague), et même que certaines, mais pas toutes, seront en plein dedans des sujets, en "adéquation d'avec" comme on dit pour faire bien. Pis surtout, avec cette chaleur qu'on a ici à Prague, nous, je me suis dit que j'allais vous mettre quelque chose de frais, aussi j'ai trouvé des photos y vernales y nédites histoire de rafraîchir votre lecture.
Le premier propos, et qui me tient plutôt à coeur concerne la fameuse cathédrale St Guy, St Venceslas, St Adalbert, St Glinglin etc... ("Katedrála sv. Víta, Václava a Vojtěcha"). Apres plusieurs années de procès entre l'Eglise catholique et l'Etat tchèque, une ultime décision de justice vient de confirmer que la célèbre cathédrale du château de Prague appartient bien à l'Eglise et non à l'Etat. Et pas seulement la cathédrale, car l'ensoutanée vilaine engeance récupère par la même d'autres bâtiments attenants, jusqu'au seau en fer blanc et son balais brosse en poils de blaireau que la femme de ménage du Président de la République devra restituer à la bonne du curé lors de la passation officielle des titres de propriété. Chuis scié, sans dec, tiens, lisez-voir.
Bien, mais regardons cette décision sous un angle objectif. OK, les ensoutanés s'occupaient de l'édifice depuis sa construction (sous Charles IV) soit quelques 600 ans. OK, les con-munistes ont transféré sa gestion dans les années 1950 à la conciergerie du château. OK, il n'existe aucun acte de propriété dans le sens jure et facto ni en faveur de l'Etat, ni en faveur de l'Eglise. OK, l'édifice est un monument historique appartenant à tout le peuple et non qu'aux bondieusards. OK, le financement de la construction a été moult et divers, autant laïc que religieux. Oui, oui et oui. Mais alors et pourquoi une telle décision? Eh bien parce qu'elle replace les faits dans une continuité que les con-munistes avaient altérée. Maintenant qu'est-ce que cela va changer? Est-ce que l'Eglise s'occupera moins de notre cathédrale que l'Etat? Franchement je ne le pense pas. J'en veux pour exemples le sinistre précédent de l'église St Michel où l'Etat a lamentablement failli à son devoir, ou encore le couvent de Brevnov où les culs-bénits ont remarquablement restauré un patrimoine culturel inestimable. Pis après tout, d'un point de vue purement pragmatique, les 17 Eglises officiellement reconnues par l'Etat tombent légalement sous la responsabilité directe du ministère de la culture, donc de l'Etat (personnellement j'aurais mis ça sous celle du ministère de la santé, département salubrité mentale, service lavage de cerveaux, mais bon, chuis pas au ministère), alors après tout, hein, de quoi se parle-t-on? Ben si, on se parle d'un litige qui aura duré 13 ans et de nouveau coûté quelque argent au contribuable, pour finalement une décision sans réelle conséquence. Encore que, qu'en sait-on des conséquences? Mais l'avenir nous le dira...
Second sujet du jour, tout aussi nuisible et pernicieux que le précèdent: la politique. Au début du mois de juin, donc quelques 7 semaines maintenant, la République appelait les citoyens aux urnes pour élire ses représentants au parlement du pays. Et ces élections dévoilèrent quelques résultats historiques. Premièrement un net recul des con-munistes, qui au lieu des habituels 18 à 22% des votes n'en reçurent que 12,8% (fumiers). Deuxièmement, l'apparition d'un nouveau parti dans les murs de l'édifice, les verts avec 6,3%. Bon, ok, ça ne représente finalement que 6 élus soit 3% des députés, mais on espère bien qu'un vent nouveau, frais et oxygéné soufflera sur les bancs de la semblée. Maintenant parlons de l'ubuesque situation qui en découle, de ces élections. L'assemblée tchèque se compose de 200 sièges exactement, pas un de plus, pas un de moins. Chais pas qui a eu cette éblouissante idée des 200 sièges, mais faut être fichtrement couillon pour choisir un nombre pair. Genre l'andouille responsable aurait pu choisir par exemple 199, nombre impair mais premier de surcroît (et surtout), ce qui limite au maximum le nombre de divisions en parties égales. Bon, c'est trop tard, bref... maintenant pour pouvoir gouverner, le cabinet du premier ministre doit compter sur un minimum de 101 voix. Mais voilà, la droite totalise 94 sièges (ODS-droite 81 sièges, KDU-ČSL-chrétiens-démocrates 13 sièges), la gauche 100 sièges (ČSSD-socialistes 74 sièges, KSČM-con-munistes 26 sièges) et donc les 6 sièges qui restent reviennent aux verts où la moitié est à droite, l'autre moitié à gauche (mais après quelques claques, les gauchistes seraient rentrés dans les rangs, à droite). Et c'est justement là où se trouve le paradoxe car bien que l'ODS (droite) ait gagné les élections, elle est incapable de former un gouvernement (forcément de coalition) d'avec 101 sièges. En gros, aucun des partis ne veut aujourd'hui pactiser avec les con-munistes (KSČM) et on les comprends. Mais les socialistes (ČSSD) ne peuvent pas blairer les têtes de l'ODS (droite) après la campagne pré-électoral qu'ils ont menée. Car plutôt que de promouvoir son programme, l'ODS (droite) s'attachait à salir les personnalités du parti socialiste (ČSSD). Remarquez bien que les autres partis menaient exactement la même guerre: fouillage de poubelle, remuage de merde, déclarations assassines, jusqu'à la claque (une vraie, paf derrière la tête) assénée par "Miroslav Macek" (ancien vice-président de l'ODS-droite) à "David Rath" (ministre de la santé, socialiste) sous les cameras de télévisions à la fin du mois de mai, parce que ce dernier (David) aurait prétendu que "Miroslav" aurait épousé sa femme pour son argent (à elle, la rentière suisse). Signalons que l'agresseur se défendit du moindre aspect politique de son geste, et qu'il avait un caractère purement personnel. Ben tiens, comme la déclaration de David, pourquoi est-elle intervenue à quelques semaines des élections alors que "Miroslav" a épousé sa millionnaire en 2001? Coïncidences, pures coïncidences fruits du hasard sans le moindre rapport politique.
Enfin toutes ces sottises de collégiens pubères ont finalement conduit (ou du moins largement contribué) à la situation politique d'aujourd'hui, à savoir qu'après 7 semaines, le nouveau gouvernement n'est toujours pas formé parce que le potentiel nouveau premier ministre "Mirek Topolánek" (ODS) ne veut rien concéder aux socialistes (ČSSD), mais que sans eux, il est incapable de former un cabinet avec une majorité parlementaire. En attendant, cela arrange grandement l'actuel et perdant premier ministre "Jiří Paroubek" (ČSSD-socialiste) puisqu'il est toujours au pouvoir, et qu'il le restera sans doute encore longtemps parce qu'aucune issue à ce foin n'est visible à court terme. Et "Mirek Topolánek" de rajouter dans la presse "Topolánek vyzval média, aby upozornily veřejnost na to, že "tady ve Strakovce stále sedí vláda, která nemá žádný mandát, jsou v ní ministři za stranu, která není v parlamentu a bez veřejného tlaku Jiří Paroubek neodejde." (Topolánek a invité les médias à mettre en garde l'opinion publique "qu'ici à "Strakova akademie" -N.D.A. siège du gouvernement- un gouvernement sans mandat est toujours en place, dans lequel -gouvernement- se trouvent des ministres d'un parti qui n'est pas au parlement et sans pression publique, Jiří Paroubek ne démissionnera pas").
Ben oui mais la constitution dit que le cabinet du premier ministre actuel doit poser sa démission une fois terminée la formation de la chambre basse (parlement). Or la condition nécessaire pour former cette chambre basse est l'élection du président et du vice-président de cette chambre. La réunion constituante a déjà échoué 2 fois, se poursuit toujours et encore, à bulletin secret, et peut même durer tout l'été car le parti vainqueur (ODS-droite) ne peut réunir plus de 100 voix parmi les 3 partis de la coalition (ODS-droite, KDU-ČSL-chrétiens-démocrates et verts). "Jiří Paroubek" (ČSSD-socialiste) est prêt à accepter une coalition à 4 et même démissionner s'il obtient cette place de président de la chambre (plus quelques menues compensations dans le programme gouvernemental), ce que refuse catégoriquement la droite. Ben tiens après tout, c'est qui qui a gagné les élections? On en est donc arrivé au marchandetapissage, au "j'te file 3 billes contre un soldat", et ça peut durer, durer... Et je ne vous parle même pas encore du vote de confiance de l'assemblée au gouvernement, une fois celui-ci formé. Il y a quelques jours notre président de la Raie Publique s'est entretiendu avec les têtes de chacun des 5 partis de la future assemblée, et je me demande ce qu'il a bien pu leur dire, sinon qu'au pire, ils n'ont qu'à tous démissionner et l'on recommence les élections avec un seul et unique parti (con-muniste), comme en 48 :-))) Dis-donc "Václav", toi qui es si prompt à dénigrer la constitution européenne et l'administration de l'union européenne, t'en es content toi, de la constitution tchèque et de l'administration du pays?
Bon, pis encore un petit troisième sujet pour la route, hein, que vous ne disiez pas que je rechigne, et que je me contente du strict minimum. Là, sur une des photos, vous pouvez voir une publicité géante sur la façade d'une maison cachant un certain nombre de fenêtres, que si c'était la mienne de maison, ou même une seule de mes fenêtres, l'étendue saloperie serait déjà brûlée sur la place publique suivie par l'hérétique instigateur de cette ostentatoire propagande mensongère. De quoi s'agit-il? Ni plus ni moins d'une tentative d'introduction outrageante d'un immonde breuvage industriel sur le marché de la savoureuse bière blonde tchèque. Grossièrement on dirait "une en...lade à sec avec du sable". Je m'explique, les Belges d'Interbrew, enfin d'InBev, parce que lorsqu'Interbrew a fusionné (en 2004) avec AmBev (Companhia de Bebidas das Américas, Amérique du Sud) c'est devenu InBev, le numéro 1 mondial de la bière InBuvable avec des marques comme Brahma (Amérique), Beck's, Leffe, Hoegaarden et Stella Artois... Donc lorsque les Belges ont acheté la brasserie Praguoise Staropramen (en 2000), ils n'ont eu de cesse que d'essayer d'imposer leur Stella marre-toi sur notre marché intérieur. Forcément, avec un tel pognon de numéro 1 mondial en terme de quantité brassée, ils peuvent se permettre de matraquer publicitairement comme des furieux, malgré que leur ignoble produit n'arrive pas au dessus du sous-boc de n'importe quelle bière locale. Et attention, à grand renfort de claims style "Dokonalost má svou cenu" (la perfection a son prix) parce qu'outre le fait qu'elle soit dégueulasse, la Stella gare-toi (eh patate) est chère. Et oui, en moyenne 50% (voire au delà) par rapport à une bière tchèque. Sans dec les Belges d'InBev, vous ne doutez de rien quand même? Vous essayez d'imposer une bière quelconque dans le paradis de la pils blonde, et vous n'êtes même pas compétitif au niveau du prix si déjà vous péchez par médiocrité. Chuis scié, sans dec!
Et ça marche. Le crétin juvénile (et pas seulement juvénile mais crétin forcément), dont les fouilles débordent d'argent qui n'a jamais vu la sueur et la langue de papilles qui n'ont jamais goûté le houblon, s'empressent de s'abreuver de cet immonde liquide afin de paraître. Paraître idiots pour le moins. Aujourd'hui, boire une Stella Artois à Prague est devenu "in". Aussi "in" que le trousseau de clés et le mobile sur un cordon brandé (griffé? de marque, genre à dix das, no kia, ou fée Rarie) autour du cou ou la super top bagnole décapotable qui monte à 300 km/h alors qu'il fait en dessous de zéro Celsius 6 mois de l'année et qu'à peine 10% des routes (les auto...) autorisent plus de 90 km/h. Pire, tandis que le segment des bières blondes est richement complet, celui des bières d'abbaye, des bières trappistes, ou des lambic (aux fruits) est totalement absent (en pression, car en bouteille parfois et exceptionnellement, mais en pression pas vu, nulle part à Prague). Or ces bières se distinguent non seulement par une évidente tradition et une qualité certaine, mais de surcroît par un attrait manifeste auprès des bièrophobes (les "j'aime pas la bière") comme ma chérie d'amour. Vous te me l'auriez vue siroter savoureusement une pêche-lambic ou une framboise dans les vieilles tavernes de Bruxelles ("Au bon vieux temps" par exemple)... Et de retour à Prague, rien, sauf l'autre InBuvablerie. Déçue qu'elle est mon exquise tendresse. Alors hop, c'est plus Stella Artois, mais s' t'es là barre-toi qu'il faut prononcer.
Bon, pis on va terminer encore avec de la bière, hein, puisque mon blog y est quand même un peu consacré. Alors cette semaine on s'est dit, ma chérie d'amour et moi-même qu'avec cette qu'a nicule on irait bien s'en jeter une ou deux bien fraîches, des bières pour moi, des limos pour elle. Mais comme dit précédemment, sa délicieuse bouche gourmande apprécie les bières belges aux fruits, aussi elle nous avait trouvé une nouvelle taverne qui brasse ses propres produits. La maison de la bière (Pivovarský dům) que ça s'appelle en toute humilité. Vous y trouverez de la blonde, de la brune, du mélangé des deux ("řezaný" ou coupé, se fait souvent en "Budvar" ou "Kozel") mais aussi de la au goût banane, de la au goût café, au goût vanille, bref du n'importe quoi. Mais bon, hein, s'il y en a des qui aiment, essayons. Ben on n'a pas été déçu d'être viendu. La classique ok, pas de quoi réveiller Gambrinus de soif dans son sommeil éternel, mais bien fraîche (ce qu'elle était), ça se laisse boire s'il n'y a rien d'autre (ce qui était le cas). Signalons toutefois que pour Prague 2, à 33 CzK (1,16 € eh oui, l'€ a vachement perdu par rapport à la couronne)... donc à 33 CzK le demi-litre, le taulier ne se mouche pas du dos de la cuillère dans un foulard à soi. Je veux bien que leur roteuse soit unique, faite maison, originale, ok pour tout ça, mais je connais dans les 100m à la ronde 2 bistrots qui tirent de la "Prazdroj" pour 28 CzK (0,98 €). Alors attention, c'est pas que la différence de prix soit énorme, non, ce que je veux dire par là c'est qu'à ce prix, pour la qualité que c'est, bon, ben passez votre chemin. Et surtout, je ne vous ai pas encore parlé des bières aromatisées ni du service. Eh oui, aromatisées les bières qu'elles sont, et du coup déçue qu'elle fut ma chérie. Parce qu'évidemment rien à voir, mais alors strictement rien à voir avec une bonne Kriek Belle-Vue ou une Pêche Lindemans où le fruit macère dedans le moût plusieurs mois (8 à 9 pour la Kriek). Ici, à la maison de la bière, on vous refourgue la cuvée du patron rehaussée d'une chimiquerie adéquate et hop, servi le pigeon qu'il est. Sans dec, si cette bière a jamais vu la couleur d'un fruit, alors moi j'ai vu la culotte de la Vierge, avec les poils autour. Quant au service... enfin bon, inutile de continuer à médire. Moi je n'y retournerai pas car c'est une escroquerie, c'est pas bon, et c'est à fuir en courant au plus vite.