Relégué en fin de saison pour que l’année cycliste soit la plus longue possible, le Tour d’Espagne (remporté l'an dernier par Alejandro Valverde) a longtemps souffert de cette situation. Trop souvent, il n’y avait pas beaucoup de grands coureurs au départ et trop souvent également beaucoup d'entre eux considéraient cette épreuve comme un terrain d’entraînement pour les proches Championnats du Monde et s’éclipsaient de la course dans le plus parfait anonymat.
Heureusement, les mentalités ont changé. Pour fêter le 75ème anniversaire de cette épreuve, l’organisateur a concocté un beau parcours avec pour commencer un contre la montre par équipes de 14 kilomètres dans l’un des plus beaux sites de la capitale andalouse, Séville. Départ de l’étape aux abords de la Place des Arènes, où tant de corridas ont rassemblé des foules enthousiastes, puis le parcours longe les rives du Guadalquivir avec un retour pratiquement au point de départ sur ces larges avenues qui avaient été construites lorsque la capitale andalouse espérait obtenir l’organisation des Jeux Olympiques. Et pour bien montrer que la course se situe en Andalousie et pas ailleurs, elle aura lieu de 22 heures à minuit.
Le lendemain, direction Marbella puis Malaga, première étape de moyenne montagne dès le troisième jour de course donc. La montagne a une part importante dans le parcours. Cinq arrivées en altitude sont prévues dont les plus connues sont Andorre-Pal et Lagos de Covadongas. Il faut de plus ajouter, la veille de l’arrivée à Madrid, la Bola Del Mundo, considérée comme un épouvantail avec au terme d’un étape de 172 km cette ascension inédite dans la Vuelta avec sur 4 km une pente à 13 %.
Il n’y a qu’un seul contre la montre individuel long de 46 km à cinq jours de l’arrivée finale. Les étapes de plaine ne sont pas oubliées. C’est la raison pour laquelle bon nombre de sprinters sont sur la ligne de départ.La liste des favoris est intéressante même si Alberto Contador n’y figure puisque le dernier vainqueur du Tour a cessé toute activité cycliste pratiquement dès la fin de cette compétition. Dans cette liste de favoris on trouve en premier lieu les frères Schleck avec un Andy qui n’aura au cours de cette épreuve en tête que de gagner lui-même ou de favoriser la victoire de son frère Franck car il s’est libéré de lui-même de l’option Championnat du Monde. Le russe Denis Menchov, dont ce sera l’une des dernières apparitions sous le maillot Rabobank, est aussi sur cette liste de même que l’inusable Carlos Sastre, Luis-Léon Sanchez et le duo de la Lampre pour la dernière fois en action et Nibali-Kreuziger.
Les sprinters sont légion. La liste est impressionnante et promet de farouches empoignades lors des sprints massifs avec Cavendish (Columbia) , Farrar (Garmin), Petacchi (Lampre), Hushovd (Cervelo), Bos (Cervelo), Davis (Astana), Fernadez ( Euskaltel ), Förster (Milram) et Hutarovich (FDJ).
Côté français, quatre équipes sont engagées : AG2R, Bbox, Cofidis, qui par ailleurs est partenaire commercial de l’épreuve, et la FDJ. Saur-Sojasun passe malheureusement à la trappe. RadioShack est également absente car non-invitée. L’organisation n’a pas voulu d’ équipe RadioShack bis, preuve de son désir de faire disputer son épreuve aux meilleurs.
David Moncoutié, le leader de la formation Cofidis a pour souhait est de s’octroyer une troisième fois, comme en 2008 et 2009, le maillot des grimpeurs. Pour ce faire, il a déjà prévu d’être compétitif dès le troisième jour de course pour glaner des points qui seront précieux pour la suite. AG2R a pour chef de file Nicolas Roche avec en soutien Christophe Riblon, Rinaldo Nocentini et José-Luis Arieta. Riblon espère faire une belle course car ses pensées vont aux Championnats du Monde. Laurent Jalabert viendra quelques jours sur le théâtre de ses exploits pour superviser quelques éléments de la future équipe nationale, mais il n’est pas certain que son discours d’il y a quelques mois ait été bien entendu. Et pourtant depuis 2001, tous les champions du monde sont passés par la Vuelta. Ce fut le cas de Oscar Freire en 2001 et 2004, Mario Cipollini en 2002, Igor Astarloa en 2003, Tom Boonen en 2005, Paolo Bettini en 2006 et 2007, Alessandro Ballan en 2008. Seul Cadel Evans, champion en titre échappe à la règle. Le belge Philippe Gilbert a bien compris tout le bien qu’il peut tirer de la Vuelta. Il y participe uniquement en vue de l’épreuve mondiale.
Enfin, cette année le maillot amarillo disparaît. Il est remplacé par un maillot « roja ». Quant un pays peut se targuer d’une victoire en Coupe du Monde de football autant se servir des autres sports pour le faire savoir d’autant plus que cette année 150 pays, au lieu de 139 l’an dernier, diffuseront la course. En France, Patrick Chassé, Jacky Durand, Richard Virenque et Jean-François Bernard sont déjà à pied d’œuvre pour Eurosport.
Jean-Paul Brouchon (avec l’amicale complicité de l’Agence GLR)