"Au nom de la sainte et indivisible Trinité d'un seul vrai Dieu. Comme moi Baudouin, comte marquis de Flandre, procureur et tuteur de Philippe, rex Francorum, et de son royaume, je savais d'après le témoignage des divines écritures que l'héritage de la vocation céleste appartient à ceux que leur bonne volonté incite à l'exercice de l'œuvre divine, j'ai commencé à méditer, par une singulière considération de mon esprit, sur le fait qu'en plus de l'observation des commandements divins, rien ne vaut mieux pour le salut de l'âme et du corps du fidèle de Dieu que d'édifier des églises en l'honneur de Dieu et de ses saints, là où il est le plus raisonnable et licite de le faire. C'est pourquoi, lisant souvent avec les yeux du cœur ce qui est écrit : « il sera beaucoup exigé de celui à qui il a été beaucoup donné », et « celui qui édifie sur cette terre la maison de Dieu assure sa propre maison dans le ciel », me conformant en outre au conseil digne de foi et salutaire de mon épouse Adèle et de mon fils Baudouin, j'ai construit depuis ses fondations une basilique en l'honneur de saint Pierre prince des apôtres ; j'y ai institué une congrégation de chanoines, qui devra prier jour et nuit pour attirer la clémence de Dieu sur mon âme, celle de mes prédécesseurs, de ma femme, de mes fils et de tous les fidèles de Dieu ; et pour subvenir à leurs besoins, je leur ai donné de mes propres possessions les biens ci-dessous énumérés, libres de toute contrainte et francs de toute domination et du pouvoir de quiconque, excepté de celui que le prévôt et les chanoines de la dite église, fondée dans le lieu que nos aïeux appelaient Isla, auront élu par leur commune volonté, et à qui ils auront confié la direction des dits biens aussi et pas plus longtemps qu'il leur plaira.
Dans le territorium de Lille, dans la villa appelée Ulma (Lomme), VIII manses de terre..."
Cette charte de Baudouin, comte de Flandre, date de 1066. Les 8 manses de terre désignées ci-dessus sont situées à Lomme, et plus précisément dans le quartier de la Mitterie, entre la Croix de Pierre et l'entrée du village. C'est donc grâce aux paysans de la Mitterie cités dans cet acte écrit que notre commune entre dans l'histoire officielle, à défaut de traces archéologiques antérieures. Ce territoire gardera longtemps sa vocation agricole. Et il faudra là aussi attendre la fin du XIX° sicle pour que l'on bâtisse sur ces terres vierges des usines, des habitations pour les ouvriers venus parfois de loin (c'est dans ce quartier qu'on trouve une Cour des Italiens), puis les HLM après la deuxième guerre mondiale. De ce passé, il reste l'identité d'un quartier ouvrier, laborieux mais festif, et des cheminées d'usine, traces dans le paysage de ses activités économiques, où l'usine de céramiques Winckelmans fonctionne toujours.