Twilight, pourquoi ça marche ? [L'express]

Publié le 25 août 2010 par Mickavef
En passant sur le blog twilight france je suis partis sur le site de studio ciné live (l'express) pour voir un article rédigé par @Christophe Chadefaud , le sujet porte sur la saga twilight et sur le 'pourquoi cela marche t-il' ? Alors voici l'article.   

Twilight, pourquoi ça marche ?

Mordus de Twilight ? Rien de plus normal. Entre une réinvention du mythe du vampire, plus humain, une romance impossible, formatée comme un piège à jeunes filles en fleur, et une machine marketing sans faille, difficile de ne pas succomber. Décryptage d'un phénomène à devenir à crocs.

Si le Dracula de Bram Stocker reste la figure la plus emblématique de la littérature vampirique, on peut considérer que son règne centenaire a pris fin avec l'apparition de la saga Twilight. C'est que l'image du vampire a fait du chemin. À côté du monstrueux prédateur décrit par Stocker, les créatures de Stephenie Meyer semblent aussi inoffensives que des agneaux. Tour à tour, les romanciers ont cherché à humaniser le vampire. En 1976, Anne Rice imprègne sa plume de sensualité pour Entretien avec un vampire, premier volet d'une longue saga vampirique. Elle y décrit la dualité de Louis, un vampire qui tue uniquement pour assurer sa survie, et jamais par plaisir. Un personnage qui éprouve des remords et vit sa condition d'immortel comme une malédiction. Une humanisation du personnage qui facilite l'identification pour le lecteur.

Le vampire comme reflet de la société

En 2001, Jean Marigny, auteur de La fascination des vampires et fondateur du groupe d'études et de recherches sur le fantastique, à l'université Stendhal-Grenoble III, s'exprimait sur le site www.maison-hantee.com : "La littérature vampirique a tour à tour reflété le courant xénophobe de l'avant-guerre (peur des Allemands et des Russes), l'anticommunisme de la Guerre froide, puis, plus récemment, le rejet de la société de consommation et des valeurs traditionnelles, la peur du sida, de la drogue, de la violence  urbaine, de la pollution industrielle, etc." Quelques années plus tard, la donne a radicalement changé. Avec les romans de Stephenie Meyer, on assiste à un virage à 180 degrés et un retour aux fameuses valeurs traditionnelles.

La revanche des conservateurs

Si les romans de Meyer parlent de désir, le passage à l'acte n'est pas exactement au programme (exception faite du dernier roman, qui, comparativement aux précédents, pourrait quasiment passer pour un appel à la luxure). Mère au foyer, mormone, la romancière américaine s'est souvent targuée de ne pas avoir eu de relations sexuelles avant le mariage. Jean Marigny parle de Twilight, comme du "fruit de la morale puritaine des années Bush. Avec cette littérature destinée aux jeunes, c'est l'Amérique profonde qui resurgit, en réaction aux années 80 où les histoires de vampires étaient beaucoup plus torrides et érotiques".

 L'atomisation d'un mythe

Stephenie Meyer s'est permis de prendre de grandes libertés avec la mythologie du vampire pour n'en conserver que les aspects les plus attrayants auprès des plus jeunes lecteurs. Comme le reste de son clan, Edward Cullen, le héros, ne boit pas de sang humain. De plus, aussi vampires qu'ils soient, les Cullen et leurs ennemis peuvent désormais se balader en plein jour, du moment qu'ils ne s'exposent pas en plein soleil. Et l'aura  maléfique du vampire de s'évanouir un peu plus... De cette dangereuse créature nocturne, la romancière n'aura quasiment conservé que le caractère immortel, sa caractéristique la plus attractive en somme.

Un parfum de Shakespeare

Difficile de ne pas voir dans la romance chaste et impossible de Bella et Edward une resucée du destin de Roméo et Juliette. Ils sont jeunes, beaux (le sex-appeal de Kristen Stewart et Robert Pattinson n'est d'ailleurs pas à exclure au succès des films), issus de deux clans opposés (humain et vampire), sont irrésistiblement attirés l'un par l'autre mais ne peuvent totalement succomber à leur désir. Edward est un chevalier en armure, un galant protecteur et attentionné. Lorsqu'elle le rencontre, Bella sait presque instinctivement qu'il est son âme soeur. On est en plein dans l'amour courtois. De quoi enflammer le coeur des adolescentes, premières lectrices des romans. Sur www.rue89.com, Cécile Terrouanne, la directrice éditoriale d'Hachette Jeunesse Roman évoque ce parfum de passion. "Ça change du monde contemporain, plus dur. C'est un peu cette dissection des sentiments qui intéresse les lectrices. Avec les vampires, on cherche à échapper au réel. L'univers est très original mais reste un fondement universel : l'amour."

Une machine Marketing Imparable

Lorsqu'en avril 2008, Summit Entertainment, la société de production de Twilight, met la bande-annonce de Fascination en ligne via MySpace, ce sont quatre millions d'impatients  qui la dévorent avec envie. Pour un film dont le budget n'est que de 37 millions de dollars (budget plutôt mince pour un film hollywoodien), celui de la campagne marketing atteint les 30 millions de dollars pour le sol américain. Kristen Stewart, Robert Pattinson et les acteurs de Twilight envahissent les médias. Ils sont partout. Impossible de passer à côté. De plus, les fans de la saga littéraire se chiffrent déjà en millions. Autant dire que le potentiel est énorme. Internet va jouer un rôle majeur dans le buzz qui accompagnera la sortie du film. Avec quatre cents sites de fans, les blogueurs du monde entier relaient la moindre info, vidéo (via YouTube) ou photo sur cette sortie événement. C'est une véritable opération de bouche à oreille poussée dans des proportions qui dépassent l'entendement.

Une relation à double sens

Afin d'entretenir de bonnes relations avec les fans de Twilight, Summit Entertainment n'aura de cesse d'organiser des tours aux quatre coins du globe avec l'ensemble du casting.  Les conférences de presse se multiplient du Brésil au Japon en passant par des manifestations de renoms comme le Comicon de San Diego. Sur la toile, les acteurs eux-mêmes se montrent à l'écoute de leurs fans, via Facebook ou Twitter, comme Peter Facinelli qui incarne le Dr Carlisle Cullen (@Peter_Facinelli), Billy Burke, alias le père de Bella (@Billy_Burke) ou encore Ashley Green, qui joue Alice (@Ashley_Greene). Peter Facinelli et Billy Burke vont jusqu'à créer leur propre application pour iPhone. Moyennant 1,99 $, vous avez accès à des vidéos exclusives. L'objectif est clair : ne jamais perdre de vue les fans qui ont fait leur succès en créant chez eux un sentiment de proximité. Et ça marche. En mars dernier, la saga littéraire avait franchi la barre des 100 millions d'exemplaires vendus dans le monde, quand les deux premiers films cumulaient près d'un milliard de dollars de recette à l'international. Et ce n'est pas avec les sorties des deux prochains films que le phénomène risque de s'essouffler.

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