La double erreur des destructeurs des vignes de l’INRA

L’arrachage des plants sur lesquels l’INRA observait les effets d’une maladie de la vigne est un mauvais coup porté au savoir. Cette expérimentation associait trois approches, dont une basée sur des OGM. Les faucheurs craignaient que l’expérience puisse mener à la commercialisation d’OGM. Pourtant, la recherche scientifique n’est par définition ni pour, ni contre les OGM, mais vise simplement à faire progresser les connaissances en la matière, ce qui est indispensable à l’heure actuelle. L’utilisation d’OGM à des fins commerciales ne doit pas être autorisée en l’état, mais, par leur geste, les faucheurs ont ruiné des travaux de recherche qui devaient permettre de mieux cerner les atouts et les dangers des OGM, pour les individus comme pour l’environnement. C’est une première erreur, car les opposants aux OGM se privent peut-être d’arguments qui auraient pu étayer leur position.

Cet acte illustre les craintes d’une part importante de citoyens à propos des OGM, ainsi que le manque de confiance qui peut exister vis-à-vis des chercheurs. Celui-ci s’explique en partie par la tendance actuelle du gouvernement à réduire l’indépendance de la recherche en l’adossant à des intérêts particuliers, notamment en faisant dépendre de plus en plus de chercheurs de contrats privés. Il faut donc s’interroger sur les conditions de la recherche française car l’indépendance des chercheurs est une nécessité, afin que les résultats publiés ne soient pas sous influence. Par ailleurs, les citoyens doivent être associés aux travaux et être mis au cœur d’un débat qui concerne l’ensemble de la société. Dans le cas des vignes de l’INRA, la recherche était entièrement financée sur fonds publics et un comité de suivi incluant des opposants aux OGM avait été créé afin de respecter le point de vue de chacun. C’est la seconde erreur des faucheurs : les précautions nécessaires étaient remplies, et l’action des faucheurs ne peut être excusée.