26 août 2010
Who says romance is dead ?
C'est toujours difficile de traduire une émotion ressentie devant une série, un épisode, une scène, avec quelques mots pour un post de blog. On a l'impression de ne pas pouvoir complètement partager ce ressenti, d'en modifier la teneur, de souligner certaines choses plus que d'autres, de soudain trouver les mots pour sublimer un passage ou un personnage, mais de retomber à plat la minute suivante.
Dans le cas de la fiction australienne, je crois que si je devais essayer de résumer ce que je ressens à chaque fois, vraiment à chaque fois, que je regarde une série du crû, si j'essayais de synthétiser mes émotions pour vous faire comprendre avec quelle impression je ressors de mes visionnages, je pense que je me tournerais vers une comparaison et que je vous dirais que pour moi, la fiction australienne est rugueuse. Comme un tissu souple entre les doigts, mais pas complètement agréable, un peu résistant à l'envie de douceur et de confort, pas totalement accueillant, mais définitivement intéressant, avec des aspérités et un grain original. La fiction australienne m'est, définitivement, rugueuse. Quoi que je regarde, j'en reviens toujours là. A cette impression de ne jamais vraiment être complètement à l'aise, et en même temps d'y trouver une forme d'authenticité.
Spirited, ça faisait plusieurs semaines que j'y pensais, et je vous en avais aussi rapidement parlé, et j'attendais de voir, parce que quelque part, une romance au pays de la rugosité, je demande à voir, j'étais convaincue que ce serait une expérience unique. Les comédies romantiques, vous le savez, je goûte assez peu : en général, déjà, ya pas de pure comédie romantique aux USA (ce qui me vient de plus approchant serait Drop Dead Diva mais qui tient plus de la comédie que d'autre chose), et en Asie je suis souvent atterrée par les inévitables clichés qui y pullulent (un jour, un jour peut-être, je finirai le post sur les clichés en matière de romance dans les séries du monde que j'ai vues à ce jour, mais en tous cas ce jour ne sera certainement pas aujourd'hui). Mais les Australiens me semblent s'être donné pour règle de ne pas trop donner dans le niais, en tous cas pour le moment, ce cliché n'a pas trouvé de contradiction, alors je voulais voir ce que c'est, une romance qui garde les pieds sur terre.
Enfin, oui et non, parce que j'avais aussi très bien compris qu'un peu de fantastique se serait glissé dans notre affaire, et finalement, je pense que ça fait quelques temps que je n'ai pas regardé de fantastique non plus, ce qui a joué aussi.
Comme chaque fois qu'on arrive devant une série avec une idée préconçue, j'ai été un brin déçue. Le générique, avec lequel l'épisode s'ouvre, est le contraire de ce que j'attendais, tant niveau musique qu'esthétique. Il n'est cependant pas forcément à côté de la plaque, et c'est comme ça que j'ai compris qu'en me recalibrant juste un peu, j'allais être réceptive à ce que Spirited avait à offrir.
Car Spirited, comme attendu, est une série rugueuse.
Comme si j'étais condamnée à ne jamais trouver de zone de confort avec la fiction australienne, et qu'elle joue toujours sur ce registre d'attirance et rejet dans le même mouvement. Comme toutes les séries australiennes que j'ai vues, Spirited semble dire que c'est à prendre ou à laisser, qu'elle va n'en faire qu'à sa tête et que je m'adapte, ou je sors, mais que si je sors, je vais le regretter.
Et en fin de compte, n'était-ce pas ce que j'étais venue chercher ?
Son personnage principal est par exemple glacial, voire antipathique. Difficile de s'attacher à Suzy Darling mais, d'un autre côté, elle ne nous le demande pas. Lorsqu'elle décide de quitter son mari, ce n'est pas parce qu'il l'a trompée (il l'a fait mais elle est quand même restée), ce n'est pas parce qu'il devient violent (au contraire, c'est un mec souriant et plein d'humour), c'est juste parce qu'elle ne se voit pas rester. Elle met les gamins dans la voiture sans rien dire, et s'en va s'installer dans l'appartement qu'elle a acheté au préalable (une chance que personne ne l'accuse de kidnapping, d'ailleurs). Le côté à la fois soudain et prémédité nous empêche de nous dire "oh, pauvre Suzy, elle mérite tellement mieux", mais à la réflexion, ne pas avoir de complaisance envers elle correspond à mes attentes en matière de romance terre à terre, le personnage est réaliste, pas sublimé. Suzy est coincée et rigide, et alors ? Est-on obligé d'être une personne adorable pour vivre une jolie histoire, dans une série ? Suzy est Australienne, et ça me va.
D'ailleurs, si on sent immédiatement que le courant passe avec notre fantôme de Henry, on ne nous sort pas les violons. Au contraire, la petite scène autour du médaillon a quelque chose de franchement repoussant et terrifiant. Mais tous les deux sont dans une mauvaise passe (elle divorce, il est mort...) et finalement c'est normal qu'ils soient amenés à se rapprocher à travers les épreuves qu'ils vivent côte à côte, même s'ils ne l'ont pas choisi.
J'ajoute, et c'est sans doute tout aussi important, qu'il n'est pas question que de romance. Une mythologie se met lentement en place sur l'identité de fantôme de Henry, sur ses limites et, peut-être, juste peut-être, sa raison d'être (enfin, de ne pas être). Le médaillon, l'arbre, le brouillard... des éléments distillés avec prudence mais réellement intéressants.
Personnages tout en nuances, Suzy et Henry s'asticotent vaguement, mais surtout se soudent instinctivement, sans virer pour si peu dans le sirupeux, se questionnent l'un l'autre, commencent à bâtir une saine connivence... seul le mari se trimbale avec sa tête de pauvre mec trop parfait pour être honnête et semble unidimensionnel. On s'en fiche, il est déjà hors-jeu.
Spirited ? Je crois bien que je suis amoureuse. Mais pas trop. Juste de façon... comment dire ? Rugueuse.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Spirited de SeriesLive.
Drop Dead Diva, Spirited