De Jean-Marc Louis
éd. Presses de la Renaissance
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Ce livre qui parle de la souffrance de notre bonne mère l''Educ' Nat' n'est pas le dernier né des diagnostics critiques de notre école. Il est en tous les cas révélateur de la longue maladie qui ronge et rouille cette maison depuis plusieurs années. Mais son auteur, inspecteur de l'Education nationale, en connaît précisément les derniers rouages grinçants. Et il faut souligner là un grand mérite : cet émissaire de haut rang à la parole franche. Il commence par appuyer sans détour là où ça fait mal, les douleurs sont partagées dans les rangs : plus de la moitié des enseignants sont insatisfaits de leur condition de travail alors que dans le même temps 45 % des élèves ne se sentent pas à leur place à l'école (stress, phobie, absentéisme).
L'écart se creuse entre la génération d'apprenants et celle de leurs maitres à penser, le mal-être s'installe durablement dans cette matière humaine qu'incarne l'école. A la recherche des causes, l'auteur remarque que « le malaise de l'Ecole provient de cette mutation qui actuellement s'accélère et qui la fait passer de son statut historique d'institution à celui de système. » Une machine en somme qui se contente d'avancer sans direction, sans projet à long terme qui remplace l'autorité et la valeur de la personne par le pouvoir et la fonction. C'est ainsi une véritable déshumanisation de l'école qui est actuellement en train de s'opérer. Les raisons : la mainmise du politique, la dictature de l'intellectualisme (que dire de ces élites bien pensantes à des années lumière de la réalité ?) et aussi l'inertie du monde enseignant. C'est d'un renouveau pédagogique dont l'école a aussi besoin pour lutter contre toutes ces nouvelles pathologies, inventer en fait de nouvelles façons de cautériser et de remettre en marche une institution paralysée. L'analyste termine son discours par des pistes possibles qu'on aurait souhaité, sur certains aspects, plus développées, voire plus concrètes. Il s'agit en fait pour l'auteur, de renverser l'actuelle vapeur, à savoir d'humaniser l'école : bannir l'angoisse en favorisant par exemple la rencontre avec des êtres et des objets de culture, mettre en place une nouvelle forme d'autorité, redéfinir la fonction enseignante, repenser (enfin !) le recrutement des enseignants.
On suit avec beaucoup d'attention la réflexion éclairante de cet homme de terrain qui détaille le fruit de son expérience et fait avancer à la mesure de sa pensée, la vieille mère Educ' Nat '. Son espoir ne repose que sur la foi en l'homme et sa capacité créative. Espérons simplement que l'ouvrage ne soit pas lu qu'en diagonale ou de travers par toute la population éducative.