Le théoricien de la doctrine nucléaire française est mort ŕ 99 ans.
Pierre-Marie Gallois était un homme d’influence, brillant, entier, multidisciplinaire. Il fit beaucoup plus qu’une carričre exemplaire au sein de l’armée de l’Air, puis dans les antichambres du pouvoir, en militant trčs tôt pour que la France se dote de l’arme nucléaire et retrouve ainsi son rang de grande nation. Plus tard, aprčs avoir quitté l’uniforme, il avait rejoint la direction de Dassault Aviation comme conseiller militaire, cela tout en continuant ŕ exercer un étonnant talent de peintre, spécialiste reconnu du trompe l’œil.
Né en 1911, breveté pilote ŕ 20 ans, il avait rejoint l’armée de l’Air en 1936, puis la Royal Air Force pendant la guerre, volant sur bombardier Halifax. Il devint ensuite adjoint du chef d’état-major du SHAPE, chargé des études stratégiques. Cette fonction allait lui permettre de participer en premičre ligne ŕ un vaste débat d’idées, ŕ définir un plan de modernisation de l’armée de l’Air puis une confirmer une solide conviction, celle de l’impérieuse nécessité pour la France de se doter de la bombe atomique, arme de dissuasion par excellence en męme temps que symbole de nation de haut rang.
Le général P.M. Gallois va alors mettre au point dans le moindre détail la théorie de la dissuasion dite Ťdu faible au fortť, défendre ce qu’il appelle le pouvoir égalisateur de l’atome et contribuer ŕ forger la décision du général de Gaulle de choisir cette voie. Le défi est d’importance, ce qui contribue ŕ expliquer que la patiente démonstration s’appuie sur de nombreux écrits, ŕ commencer par des ouvrages volontiers provocateurs. Souvent, les titres en disent long ŕ eux seuls : ŤL’Adieu aux arméesť, ŤLa Guerre de 100 secondesť. Ou encore ŤLa France sort-elle de l’histoire ? Super puissances et déclin nationalť. S’y ajoutent de nombreux articles, lus le crayon ŕ la main par les hommes de pouvoir.
Le général P.M. Gallois était viscéralement partisan d’une France profondément indépendante, au sens le plus noble du terme. Sa présence dans plusieurs Cabinets ministériels l’avait aidé ŕ mieux faire valoir ses idées, lesquelles eurent largement gain de cause avec la mise en place des Forces de dissuasion.
Au nombre de ses innombrables titres de gloire, il était membre de l’Académie de l’air et de l’espace.
Pierre Sparaco - AeroMorning