Arrête de ricaner, je te vois.
J’avais dit que j’irai mirer The Expendables : unité spéciale, et je n’ai qu’une parole.
Eh bin tu sais quoi ? Voir The Expendables, ça se mérite. Même que je ne pensais pas que ce serait un tel parcours du con battant combattant.
Déjà, fallait réussir à prononcer plus ou moins correctement le titre au moment d’acheter la place et réfréner une grosse envie d’étrangler le vendeur qui demande, l’air goguenard, de le répéter, ce p*** de titre à la c***, sous le fallacieux prétexte qu’il ne l’a pas bien compris. Goguenard et sourd, en plus.
Ensuite, il m’a fallu surpasser un léger sentiment de honte lorsque l’ouvreuse a appellé « les gens pour Expandabeûls », bien fort, dans le hall.
Mais ce n’était pas fini. J’ai dû cracher mes excès de tabac et de vin d’Alsace parce qu’évidemment, la projection avait lieu dans la salle tout en haut. Bon, au troisième étage, certes, mais je vous jure que mes excès de tabac et de vin d’Alsace commencent déjà à se faire sentir au premier. Sylvester Stallone, Jason Statham, Jet Li, Mickey Rourke, Dolph Lundgren, Eric Roberts, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger… A chaque petit palier, j’en maudissais un, au hasard.
M’enfin, une fois parvenu au sommet et confortablement installé dans la salle, j’ai subi LA dernière épreuve : se taper les bandes-annonces de Piranha 3D et de Resident Evil Afterlife.
Et j’en étais encore à me demander si, finalement, la pub pour la Sécurité routière n’était pas dix fois plus effrayante que les bandes-annonces quand soudain… « Sly » m’a ouvert les bras.
J’ai lutté. Je jure que j’ai lutté de toutes mes forces. Mais il m’a bien fallu admettre que je prenais beaucoup de plaisir à regarder ces sales gosses ridés et botoxés de partout jouer encore à la bagarre en s’envoyant au passage moult vannes et petites piques bien trouvées, avec un sens de l’autodérision assez étonnant (et plutôt jouissif).
Bref, The Expendables fleure bon la cour de récréation pour ados attardés.
Bon, soyons franc, même si les dialogues font preuve d’une rare audace en matière d’utilisation de mots compliqués (« cupide », « ornithologues » ou « croquettes pour chien »), tout repose sur deux choses : l’action et la distribution.
Pour l’action, rien à redire. Au contraire. Les scènes d’action sont franchement réussies. Evidemment, c’est une boucherie, hein. Et puis les pistolets tirent facile quinze coups chacun, mais bon, en fait on s’en fout. Les gentils sont vraiment gentils, la pouffe de service est brune et s’appelle Sandra, et les méchants en prennent plein la tronche, alors on ne va pas commencer à s’emmerder avec des détails.
Reste la question du casting.
Bin en fait, y a rien à dire. Ils font tous du bon boulot, à part Dolph Lundgren qui est toujours aussi mauvais acteur. Pour les autres, ce n’est pas du théâtre shakespearien, mais ça tient bien la route. Mention spéciale pour Mickey Rourke le ressuscité qui, de Sin City à Iron Man 2 en passant par Domino et The Wrestler, ne cesse de m’étonner. On le retrouve ici peintre, tatoueur, fumeur de pipe et philosophe, et il arrive même à rendre touchante une scène absolument ratée.
Autre grand numéro, qui vaut son pesant de pop-corn, c’est la brève confrontation entre Stallone et Schwarzenegger, avec Bruce Willis en arbitre. Une scène qui fera date, je pense. En tout cas, j’ai bien pouffé.
Donc, voilà un film de copains qui n’a d’autre but que de divertir et qui y parvient parfaitement. C’est même – attention, je tente une cascade – un des meilleurs films d’action que j’ai vu depuis longtemps. (Bon, ok, le dernier Predators n’était pas trop dégueu, mais quand même.)
Et puis la scène finale vaut le détour, ne serait-ce que pour le plaisir moqueur de voir les Expendables sortir en Harley avec chacun un pot de chambre sur la tête…
Un film de grands gamins, je vous dis.