Fin du XXIIème siècle. La colonisation du système solaire comprend Mars et Jupiter : sur une lune de celle-ci, Callisto, la découverte d’un minerai, le Métatron, a permis des progrès techniques foudroyants. Mais ces colonies subissent le joug des décideurs politiques de la Terre, qui imposent toujours plus de taxes et de réglementations aux colons, les Enders, ces « habitants du bout du monde » que les élites restées sur la planète-mère méprisent souvent ouvertement – alors les tensions montent.
En orbite autour de Jupiter, la colonie Antilia est soudain attaquée par des forces inconnues équipées d’Orbital Frames, des mechas mus au Metatron, et les colons se font peu à peu massacrer dans un chaos sanglant. Alors que le jeune Leo tente de fuir les zones urbaines en feu, il se retrouve acculé, à la merci des attaquants… Mais des tirs perdus lui ouvrent un passage à travers le mur d’un entrepôt, et quand il se glisse à l’intérieur c’est un Orbital Frame d’une conception de pointe qui s’offre à lui : une fois le garçon monté à bord, la machine lui dit s’appeler Jehuty…
Zone of the Enders a mis du temps à trouver sa place chez les gamers, peut-être parce qu’en tant que titre de lancement pour la Playstation 2 il se vit occulté par d’autres productions bien plus attendues que ce nouveau-venu (1). Mais depuis, cette licence a fait son chemin : peu de mechaphiles ignorent son existence, et parmi eux, ceux qui ne lui vouent pas au moins du respect restent très peu nombreux. Il faut dire que ZOE a tout pour plaire, ou du moins presque tout : des graphismes somptueux, un gameplay à la fluidité étonnante, une maniabilité à toute épreuve, une histoire poignante…
Bref, on n’est pas loin du chef-d’œuvre. D’ailleurs, un tel accomplissement se définit souvent par la juxtaposition d’éléments classiques en un tout cohérent et fidèle à ses inspirations mais original à la fois dans sa facture. Et c’est bien ce qu’on trouve dans ZOE sous de nombreux aspects.
L’histoire pour commencer. Et son univers surtout : un futur raisonnablement proche, un système solaire partiellement colonisé par l’Humanité, un clivage social entre les colonies et les élites dirigeantes demeurées sur la Terre jusqu’à ce que les tensions explosent… Et puis son personnage principal : le jeune Leo, qui comme tous les colons subit le joug de la Terre mais, surtout, se retrouve bien malgré lui aux commandes d’un engin de guerre à la pointe de la technologie et dont il devra apprendre à se servir malgré sa répugnance pour le combat afin de protéger tous ceux qui lui sont cher… Cet ensemble rappelle bien sûr Mobile Suit Gundam, modèle du genre « mecha réaliste » par excellence depuis maintenant plus de 30 ans et qui engendra bien des émules.
La réalisation ensuite, sans failles. Aucun ralentissement. Jamais. Une prise en main immédiate, qui rend presque la partie tutoriel anecdotique – voire dispensable. Une aide in game omniprésente, avec un rappel des objectifs à accomplir dans le menu Pause – impossible de se perdre. Les décors et leurs éclairages, minimalistes mais somptueux, et, mis à part un léger effet d’aliasing très ponctuel, une immersion constante dans une direction artistique à l’identité forte, irréprochable. Des designs originaux, dessinés par les très talentueux Yoji Shinkawa et Toshio Noguchi, qui ont su donner à leurs créations une personnalité rare tout en retenant les éléments classiques – surtout pour les mecha designs d’ailleurs, à présent devenus la marque de fabrique de ZOE.
Le gameplay, enfin, d’une fluidité et d’une fureur phénoménales : ZOE redéfinit presque le jeu vidéo de mechas. Notamment à travers un système de lock très bien pensé : automatique, il laisse néanmoins la possibilité d’alterner entre les différentes cibles par une simple pression sur un bouton, avec une sélection spontanée du mode de combat de mêlée dès qu’un adversaire se trouve à portée de corps-à-corps ; une fois locké, l’adversaire ne peut être perdu de vue. Et les Orbital Frames étant capables de vol, les combats deviennent ainsi tournoyants, aériens, presque gracieux, et nous libèrent de cette gravité « qui étouffe les habitants de l’espace » (2). Mais on peut aussi abandonner le combat avec un système de fuite, au cas où…
Difficile de trouver des défauts à ce ZOE, mais il y en a un, bien sûr : il est très court. Comptez une bonne demi-douzaine d’heures de jeu en mode normal, sans trop de Continue, et vous aurez débloqué le mode Versus (3) – histoire de voir ce que vous valez contre de vrais adversaire : vos potes ;]
(1) ZOE était pourtant vendu avec une démo jouable de Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty, ce qui aurait dû attirer l’attention sur lui et garantir des ventes : la réception pour le moins tiède de la critique spécialisée est peut-être pour quelque chose dans ce succès modéré…
(2) le lecteur averti aura bien sûr reconnu un clin d’œil à Mobile Suit Gundam ^^
(3) si vous le terminez deux fois, d’ailleurs, et quel que soit le niveau de difficulté, vous obtiendrez deux mechas et deux arènes supplémentaires : ça vaut bien le coup d’y passer quelques heures de plus.
Notes :
Outre une séquelle, Zone of the Enders: The 2nd Runner, pour la Playsation 2 également, ZOE a connu aussi un spin off pour la Game Boy Advance intitulé Zone of the Enders: The Fist of Mars. Un ZOE 3 a été annoncé il y a peu par le producteur Hideo Kojima, mais sans aucune date de sortie prévue à ce jour.
Deux animes ont également été produits sous la licence ZOE, tous deux réalisés en 2001 par Tetsuya Watanabe pour le studio Sunrise : une OVA en un seul épisode, Zone of the Enders: Idolo et une série TV de 26 épisodes, Zone of the Enders: Dolores, I.
Zone of the Enders
Konami CE Japan, 2001 (version PAL)
Playstation 2, entre 5 et 15 € (occasions seulement)
- le site officiel chez Konami
- Zone of the Enders: The Unofficial Site
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