" The London Collection "
Enregistrements réalisés à Londres, aux studios Chappell, le 15 novembre 1971.
Un album Black Lion.
Thelonious Sphere Monk:piano
Al Mac Kibbon: contrebasse
Art Blakey: batterie
Londres est une ville réputée pour la Pop et la Rock'n roll, pas pour le Jazz. Pourtant, en 1971, deux albums importants de Jazz y ont été enregistrés. Le " Live at the Ronnie's Scott " de Stan Getz avec son trio européen (Eddy Louiss/ Bernard Lubat/René Thomas) et la " London Collection " de Thelonious Sphere Monk . Il ne le savait pas mais cet enregistrement fut son testament musical. Monk s'enfonca ensuite dans la dépression et n'enregistra plus rien jusqu'à sa mort en 1982. En 1971, il est en tournée mondiale avec les " Giants of Jazz " soit la rythmique présente sur cet album plus Dizzy Gillespie (trompette), Sonny Stitt (saxophone alto) et Kai Winding (trombone). Art Blakey, le meilleur batteur de Monk, estimait que sa musique n'était pas jouée comme elle devait l'être durant cette tournée.
Le temps d'une pause en studio, à Londres, des amis de presque 30 ans se retrouvent et le charme opère. Monk est au sommet de son art, si personnel, si unique que même ses clichés n'appartiennent qu'à lui. Qu'il joue des standards ou ses compositions, tout devient du Monk. Rigueur rythmique, ruptures mélodiques et ce toucher qui défie toutes les méthodes d'enseignement du piano. Monk est passé comme une comète. Personne ne sait, n'ose jouer du piano comme lui. Il est parti mais sa trace demeure.
En solo, Monk brille de mille feux, sachant se faire tendre en hommage à son épouse " Crepuscule with Nellie " qui veilla sur lui jusqu'à la fin. En trio, Al MacKibbon offre un soutien solide et discret alors qu'Art Blakey sait à la fois contester et conforter Monk, le pousser dans ses retranchements tout en entrant dans son univers. La version d' "I mean You " en est un magnifique exemple.
Cette oeuvre comporte trois volumes. Le premier en solo, le deuxième en trio, le troisème mêlant les deux. Chacun mérite une attention attentive, particulière. Rien ne nous les oblige à les écouter à la suite. Rien ne nous l'interdit non plus.
Cela se termine par un pur instant de magie, l'échauffement d'un Génie. " Chordially " , 9mn39 de solo qui viennent clore le troisième album. En fait, chronologiquement, il s'agit du premier morceau de la séance. Monk s'échauffe au piano, le teste, le chauffe. Le mystère de la création artistique dans l'instant se dévoile à nos oreilles émerveillées.
Cet article est illustré par un lien musical et un lien video de Monk qui ne correspondent pas à l'album décrit ici mais qui en sont très proches dans l'esprit. Entrez dans la Sphère de Thelonious Monk.